La tendance se confirme: cette année, le fantasme latent chez nos amis japonais semble tourner vers la pédophilie incestueuse. Résumons: Onegai Twins, dont la fin ne laisse aucun doute; Tenjou Tenge, dont l'anime est en plein dans la relation frère/soeur entre Shin et Maya Natsume; Kana ~ Imoutto, le jeu vidéo pour adultes qui vient d'être réédité sur Xbox; Aishiteruze Baby, qui s'est récemment fait arracher la colonne vertébrale en ces lieux; la flopée de hentai que je me suis forcé à regarder pour la leçon de japonais qui abordait ce genre de rapport; Negi Ma, la dernière horreur signée Akamatsu, qui s'en donne à coeur joie dans les mélanges d'âges sous prétexte qu'on peut avoir dix ans et être prof d'anglais; et enfin, Koi Kaze, qui passe sur le billard aujourd'hui après s'être achevé au bout de 12,5 épisodes (un 13ème, absent de la diffusion sur TV Asahi et qui s'encastre entre le 7 et le 8, est passé sur Kid's Station).

Généralement, quand quelque chose contredit notre morale d'occidentaux bien-pensants, on a ceux qui ne comprennent pas et ceux qui cherchent à comprendre. On assume alors la casquette de sociologue du dimanche pour savoir pourquoi les japonais ont une fixation sur les culottes, pourquoi il y a des tentacules, pourquoi on voit jamais le visage des hommes. Il s'agit de tendances générales de la psyche nipponne et non d'effets de mode; leur apparition et leur application se fait sur le long terme, les origines revenant parfois au temps des samouraïs. Tout ça pour dire qu'il y a un truc que je pige pas: pourquoi ces temps-ci, la pédophilie et l'inceste sont aussi populaires. Peut-être que le Japon a décrété 2004 comme étant "l'Année de l'Inceste" et que personne ne me l'a dit. Ouais, ça doit être ça.

Koi Kaze est un fiasco complet, un ratage total. Evidemment, on ne le réalise qu'à la toute fin - et c'est une leçon pour ne jamais écrire de critique d'anime avant le dernier épisode. Scénario: un pauvre type pas loin de la trentaine (28 ans pour être précis) qui bosse dans une agence matrimoniale et qui vit encore chez son père (divorcé). Sa petite soeur (15 ans), qui habitait chez la mère, déménage dans la maison paternelle parce que c'est plus près de l'école. La première fois qu'ils se rencontrent, ils ne savent pas qu'ils sont de la même famille et viennent de se faire larguer par leurs amours respectifs. S'ensuit une dizaine d'épisodes de vie commune (avec le papa qui a un rôle plus que secondaire) où il ne se passe strictement rien; ça n'empêche pas que les hormones de la petite éclatent comme du pop-corn et que notre homme ait ses instincts. Votre leçon de japonais du jour: "Koi Kaze" peut se traduire par "Le Vent de l'Amour", Koi (amour) pouvant également être traduit par "fort".

On dirait que les auteurs ont cherché à justifier ou excuser les moindres faits et gestes de leurs personnages. Ca commençait tout mignon, avec un échange d'ours en peluche concoctés par leur maman, et puis... Quand notre homme se sniffe aux sous-vêtements de sa propre soeur avant de se branler furieusement (merci aux plans de caméra sur la poubelle avec les mouchoirs), il passe le reste de la série à se haïr. Quand il se regarde dans un miroir, il voit le déchet qu'il est devenu. Quand il cède aux avances de sa soeur, on a droit à une vue subjective avec les pensées contredisant les actes et les yeux appitoyants de la frangine. En dehors des deux héros, le monde n'existe pas: les autres persos sont plus qu'inexistants et leurs réactions n'influencent pas le moins du monde le reste de la série. En fait, j'oserais presque dire qu'en dehors du grand frère, rien n'existe: la petite soeur semble vraiment emportée dans ses bras à cause d'une erreur de jeunesse, ses sentiments à elle n'étant que survolés. Un épisode avait eu une bonne idée en s'inspirant de "Kareshi Kanojo Ni Jijou", coupé en deux et narrant une même tranche de vie selon les deux points de vue; dommage que l'expérience ne soit pas reproduite.
Si vous vous sentez d'humeur à en voir un épisode, limitez-vous à l'avant-dernier: il contient plus d'infos et d'évènements que tous les autres réunis. Il n'empêche que cette catastrophe s'achève sur une fin sans aucune direction: on parle de suicide, de fuite en amoureux ("loin, dans un endroit où personne ne saurait que nous sommes frère et soeur"), et le tout termine avec rien de changé: on reste ensemble, on le dit à personne et basta. A voir le peu d'importance apporté aux autres, cette non-fin semblerait presque normale. Au passage, admirez que la petite soeur, qui a porté pendant 12 épisodes des vêtements d'une blancheur immaculée, finit le dernier en étant généreusement tâchée de boue mais malgré tout très contente : INVOCATION "SOUS-ENTENDU" NIVEAU 12 SUR LE TELESPECTATEUR!


Où est-ce que tu mets ton doigt, espèce de pervers?


Du point de vue technique, c'est assez honteux. La série commence sur "potable", enchaîne sur "dégueu" et finit sur "correct": cellulos avec le minimum de détail, animation en grève, arrière-plans mornes et couleurs crades: c'est pas bon de laisser les planches à dessin sous le soleil au zénith. Musique audible, génériques supportables, sans plus. Truc qui me fait glousser de rire: une des sociétés de production citées dans les crédits se nomme "A.C.G.T.", acronyme d' "A.T.G.C.", les composants de l'ADN - voilà qui ne manque pas de sel pour une série sur des rapports consanguins... D'autant plus que certains groupes de fansub ont dû longuement s'expliquer sur le fait que non, ils n'encourageaient pas l'inceste.
Evidemment, rien dans la série qui ne soit pas techniquement faisable en "live action", avec de vrais acteurs - la seule chose qui interdise une mouture pareille doit évidemment tenir dans le scénario. Koi Kaze est une histoire paumée dans un anime passable, une fin inexistante, et des fans qui me donnent des frissons rien qu'en les imaginant. Pathétique.