Y'a des jours où les départements marketing abusent un peu trop de l'espionnage industriel ou de la coke, et ça finit toujours par se voir. sony sort une publicité controversée, DreamWorks et Pixar sortent presque simultanément un film sur des insectes, ou Microsoft et VMWare passent leurs deux softs d'émulation PC à une licence gratuite le même jour. Aujourd'hui, quoi.

A ma gauche, MS avec Virtual PC 2004 et Virtual Server 2005, respectivement émulateurs de client et serveur. Je résume pour les novices : soit on colle VPC2004 sur un serveur pour simuler un client (ou sur un client pour en émuler un autre), soit on met VS2005 sur un serveur (XP SP2 ou Windows Server 2003) pour en émuler d'autres. En pratique, on se retrouve donc avec un pécé tout virtuel, tout complet et tout gratuit. A ma droite, VMWare Server, plus rapide que VirtualPC pour émuler les systèmes d'exploitation non-Microsoft (la flopée de Linux et OS Unix, quoi), également dispo en version Linux - utile pour les pingouins qui en ont marre de Wine et qui veulent refaire une partie de Theme Hospital.

Vous le savez déjà : l'émulation, c'est rigolo, surtout pour jouer. Jusqu'ici, on avait DOSbox pour faire tourner nos vieilleries vidéoludiques du DOS, mais sa configuration n'est pas à la portée de tous et bien qu'étant franchement kickass, il n'émule pas tout à une bonne vitesse - à l'heure actuelle, il faut bien compter sur un processeur 3 GHz pour émuler un gros 486. Maintenant, on se retrouve avec deux "alternatives" pour rejouer à Little Big Adventure, Duke Nukem 3D ou System Shock. En fait, je suis en train de découvrir System Shock, qui me fait pisser de trouille. Précision : seul Virtual Server 2005 ne gère pas le son.
Mais surtout, on peut ressortir les vieux jeux Windows 9x ! Pas tous, hélas : les cartes vidéo émulées sont du genre S3 Virge 2 Mo, sans accélération 3D. C'est donc surtout utile pour les jeux 2D capricieux, genre Command & Conquer Alerte Rouge (love) ou la flopée de jeux hentai qu'on peut trouver sur le Net qui ont parfois du mal avec Windows 2000 et XP - ne me dites pas que vous n'avez jamais touché à Immoral Study. Et des jeux sans accélération 3D qui refusent de fonctionner pour un oui ou pour un non, il y en a une flopée : Dungeon Keeper, Zork Nemesis, Toonstruck, Phantasmagoria...
Okay, je ne les ai pas tous testés sous Windows 2000/XP, mais c'est surtout pour vous faire réaliser combien l'émulation, c'est rigolo (bis repetita). Vous voulez jouer à Bad Mojo sans craindre de foutre en l'air QuickTime 6 après avoir réinstallé QuickTime 2.1, indispensable pour faire tourner le simulateur de cafards ? No problemo. Les drivers Indeo préhistoriques qui font vivre D ? Aucun risque de conflit, tout se passe sur une machine virtuelle. Blade Runner tourne trop vite ? Là, il sera à la bonne fréquence de processeur. Wing Commander III tourne à 0,5 image/seconde avec DOSbox ? Essayons avec un autre émulateur. Envie de ressortir le premier Leisure Suit Larry ou F117 en CGA sous DOS 3 sans ressortir le 286 ? Oki doki. Galactic Civilizations qui tournait sous OS/2 Warp ? En avant ! Et encore, pourquoi ne pas se servir du côté serveur pour aider un jeu plus récent, par exemple avec un serveur Battlefield 2 sous Ubuntu clés en main ?
Et en dehors des jeux vidéo, y'a aussi de quoi faire. Coincé au boulot/fac sous Linux et vous êtes nostalgique de Windows, ou vice-versa ? Marre de partager votre pécé avec la famille qui a un peu trop tendance à l'arrêter ou à l'infecter avec toutes sortes de saletés issues de leur boite mail ? Hop, une machine virtuelle pour chacun, et quand ça foire, on a juste à copier une image disque mise de côté sur un DVD-R. Vous pouvez faire ça avec votre propre session, d'ailleurs : mettez un système d'exploitation hôte et n'utilisez votre machine qu'à travers un émulateur qui fera tourner un environnement que vous remplacerez ou effacerez au moindre hoquet ; même si votre carte mère venait à cramer, vous serez vite de retour puisqu'il n'y aura aucune réinstallation ou driver à reconfigurer sur la machine émulée. En plus, on peut ainsi promener tout son système sur une (grosse) clé USB. Vous ne savez pas quoi faire de cet ordi assemblé dans un coin qui ronronne avec une utilisation de processeur à 1 % ? Faites-lui tourner une flopée de serveurs, sur différents OS s'il le faut. Envie d'essayer Linux ou Vista sans repartitionner son disque dur ?
Ce genre de mouvement bien violent ("gratuiser" des produits qui coûtaient plusieurs centaines d'euros) montre bien que la virtualisation va prendre de l'ampleur. Au lieu d'avoir une salle de serveurs avec une armoire climatisée, on achète un seul mammouth qui fait tourner tous les systèmes nécessaires, déplaçables en un rien de temps sur une autre plateforme physique au-cas-z'où ; au lieu d'acheter les mises à jour de logiciels rendus incompatibles par un changement de système d'exploitation, on garde son soft et ses documents dans une machine virtuelle - précisément ce qu'on fait avec nos jeux vidéo...



Pendant ce temps : NipponActu à la Japan Expo, tout frais mis en ligne. Où l'on apprend que M. Littardi, patron de Kaze, semble ignorer qu'une bonne partie de son catalogue est disponible en vidéo à la demande sur ordinateurs via CanalPlay (alors qu'il dit que c'est pas possible à faire actuellement à cause des fansubs), que le HK est plus ou moins visible sur le site de la convention selon les observateurs, et que Goldy filtre tellement sa voix en studio qu'on ne la reconnaît presque plus quand il fait ses interviews au micro brut de décoffrage.