Les otakus sont des gens spéciaux pour deux raisons : ils ont l'habitude de renifler leurs chaussettes après les avoir enlevées à la fin de la journée, et ils ne sont jamais contents. Les DVD n'arrivent jamais assez vite, la qualité n'est jamais assez élevée, les cosplayeuses ne sont jamais assez jolies, la traduction jamais assez fidèle, et après tout, l'animation japonaise est naze depuis que le XXIème siècle a commencé et les médias généralistes se foutent de nous. Pourtant, les animes et les mangas se vendent toujours, les armadas de photographes dans les conventions ne désemplissent pas, et personne ne regarde la télé. Mais bon, au moins, il reste l'odeur des chaussettes pour se changer les idées.

Ainsi donc, Axel pousse une gueulante contre les génériques francisés par Déclic Images, et l'article génère bien plus de commentaires qu'à l'accoutumée sur son coin de web. J'ai déjà parlé de ces chansons, et à l'exception de RoD The TV, je n'avais pas spécialement saigné des oreilles. L'avantage de ce texte, c'est qu'il résume succintement les arguments qu'on entend depuis des millénaires sur le sujet : les paroles sont niaises (mais il admet que les japonais ne font pas mieux, surtout quand ils sont aussi cohérents que du Mylène Farmer), c'est mieux quand on écoute des chansons qu'on ne comprend pas, et on se croirait revenu 20 ans en arrière. 20 ans en arrière. 20 ans en arrière.

Mine de rien, c'est là qu'on trouve la réponse à la motivation de Déclic pour faire ces génériques fort amusants. Dans les boites de nuit, le syndrome "Gloubi Boulga Night" marche plutôt bien, et il ne se déroule pas une soirée sans qu'un peu d'Albator passe après du Claude François ou la chanson pourrave de "La Boum". Les mioches et ados d'aujourd'hui qui matent du Fruits Basket et du X Clamp sur France 4 sont les teufeurs de demain, avec tout le râtissage financier que cela implique. Mais l'origine de la chose est dans la phrase précédente : ces génériques français existent parce que ce sont avant tout les chaînes télé qui les exigent. Love Hina avait une version française toute prête, mais le premier épisode passé en test sur France 2 était resté en japonais. Face au petit marché de renifleurs de chaussettes - qui achètera le DVD en VO - , il y a un public énorme matraqué par les médias, impatients de relancer la japanime en masse façon Club Do et courtisés par des Kaze, Dybex et Déclic également fort pressés de signer des contrats. C'est gagnant-gagnant : pour la chaîne de télé, ça coûte rien comparé aux produits US, c'est livré clés en mains par des éditeurs qui ont déjà tout préparé, et il y a un public "hardcore" qui assure la promotion ; pour les éditeurs, c'est un nouveau marché bien massif qui les fera sortir du public de râleurs que nous sommes, l'exploitation des goodies peu onéreux boudés par les otakus (qui préfèrent les figurines coûteuses à fabriquer aux porte-clés adorés par les enfants).

A condition d'avoir du bon français, y compris dans les génériques qui seront fredonnés par les mômes... Rien de spécial après tout, les américains font pareil quand un anime passe à la téloche. Les instrumentaux d'origine doivent être boudés pour une sombre histoire de droits, et surtout, les musiciens d'origine n'ont pas à toucher un sou sur les revenus de la VF ! Puis on garde la mélodie d'origine pour garder la vidéo (déjà montée en rythme avec la musique) et Valérie Uzan - à la tête de Déclic avec Benjamin du même nom - doit réaliser un rêve de jeune fille en faisant la chansonnière de ces VF. C'est bien connu, l'histoire est condamnée à se répéter ; Dorothée est trop occupée avec son film bientôt dans les salles, mais on ne devrait pas couper à une nouvelle idole des jaunes (*) pour présenter l'émission télé qui enchaînera les animes aux génériques ainsi francisés. Pour le bonheur de tous, et surtout des plus jeunes ; les autres, ils continueront à acheter des DVD et à sentir leurs chaussettes.



(*) Lapsus textuel.



Weee, session IRC dès 21 heures, comme chaque dimanche depuis déjà trop longtemps ! #editotaku@irc.worldnet.net, apportez vos chaussettes et vos Nintendo DS, on parlera de la miraculeuse démo de Command & Conquer 3, de cerisiers et de hentai.