Silent Hill 3
Après avoir parlé des deux premiers épisodes (ici et là), le troisième vient de me lâcher sa séquence de crédits après 4h39 de jeu, fins alternatives non comprises. A l'échelle d'un Resident Evil, torcher le jeu en plus de 3 heures sous-entend que l'on a pris son temps. Le quatrième opus fraîchement débarqué dans nos crèmeries à jeux vidéo peut se mettre un doigt avant que je l'achète à plein tarif.
Tokyopia ne ment pas en disant qu'il vaut mieux rejouer au premier SH avant d'attaquer le 3: il s'agit d'une suite directe (aux fins "Good", pour être précis). Le genre qu'on adore: 99% des questions sont résolues avec 1% laissé à l'appréciation du joueur, et un scénario qui correspond exactement à ce qu'on imaginait après avoir fini le jeu original. Silent Hill 2 n'était qu'une side story dont la qualité est toujours discutée de nos jours - ça ne m'empêche pas de la considérer comme de la merde. SH2 était une version "nouvelle génération" du patelin, avec les mêmes monstres, les mêmes objets, les mêmes mécanismes de jeu, mais en plus chiant.
Silent Hill 3 est une refonte complète. Le moteur 3D est époustouflant de détails, les personnages sont superbes, les effets d'eau ou de feu sont délirants. A part l'intro, toutes les scènes cinématiques sont en temps réel et c'est bluffant: voix synchronisées et de qualité (à part pour Vincent, et je fais la fine bouche). Graphiquement, grosse claque. D'un point de vue sonore, le producteur/musicien/bruiteur Akira Yamaoka sait toujours ce qu'il faut faire pour nous foutre la frousse, et les mélodies (certaines à présent chantées) sont sublimes; Kenji Kawai est aussi crédité dans le générique! Pour la maniabilité, rien ne change depuis 1999: quelques slaloms entre monstres sont un peu collants, l'ergonomie des combats n'est pas au top, mais ça reste jouable. Enfin, et c'est bon à savoir, les énigmes sont beaucoup plus logiques et solvables qu'avant.
Les armes et monstres ont aussi eu leur mise à jour: exit le fusil de chasse, qui laisse place à une mitrailleuse un peu bidon. Une mitrailleuse dans Silent Hill? De la grosse artillerie dans un jeu qui se veut l'alternative de Resident "boum boum les zombies, même pas peur" Evil? Ca fait tiquer au début, faut l'avouer. Mais comme l'arme bouffe les balles comme des bonbons La Pie Qui Chante et que les munitions sont aussi fréquentes qu'une relation hétérosexuelle dans un manga Clamp, on comprend vite qu'on ne va pas jouer les héros sans peur et sans brioche. Les monstres sont peu variés, mais les lieux visités, assez étriqués, n'ont pas dû offrir une grande créativité aux auteurs. Leur design est flippant bien comme il faut, et ils sont bien plus agressifs que les simples empêcheurs de tourner en rond des opus précédents.
Et l'histoire dans tout ça? Une ado de 17 ans, au look bien plus japonais que tout ce qu'on a pu voir dans la saga. Nan, vraiment: c'est pas une ganguro non plus, mais entre sa jupe kaki, ses mèches blondes, son blouson sans manches et sa G-Shock sur bracelets couleur orange fluo, on est un peu dépaysé. Quand elle est essouflée, elle fait de grands mouvements de buste, dignes d'un personnage d'anime, et ses commentaires dans l'inventaire ou sur les objets observés sont beaucoup moins "neutres" que ceux d'Harry Mason ou James Sunderland. Car cette fois-ci, l'héroïne est une adolescente. Non, elle ne vit pas à Silent Hill, mais une vengeance à prendre va la guider vers notre bled paumé favori: la brume y est encore plus dense, et on passe à peine 5 minutes en tout et pour tout dans les rues. L'hôpital et les rares extérieurs sont en provenance directe de SH2, pour le reste... Presque tout le jeu titille la fibre claustro qui sommeille en chacun de nous. Là où Silent Hill 3 fait fort, c'est qu'il arrive à être trèèèèès graduel dans sa construction de la peur. Des pleurs et des hurlements de plus en plus souvent présents dans la bande-son, l'univers alternatif propre à la série qui s'échafaude petit à petit au fur et à mesure des endroits visités, la prochaine boîte de munitions qui se fait attendre, les cartes qui virent au labyrinthe... La station de métro, les égouts, l'église... Excellent.
On rencontre rarement âme qui vive (quatre personnages, héroïne comprise!), alors on passe le plus clair de son temps seul avec sa peur. Enfin, ce fut le cas pour moi jusqu'au moment où je dénichai, perdu dans un placard, un katana. Attention: pas une épée ou un sabre, un katana. Fusil à pompe? Lent à recharger. Pistolet? Plus très marrant quand on a un monstre de 2m50 devant soi. Mitrailleuse? Plus de balles. Quand on a ces armes, on a le trouillomètre à fond les manettes. Mais franchement, messieurs les zombies, comment voulez-vous me faire peur quand j'ai un katana dans les mains, hein? UN KATANA! Amenez-vous, bande de taches! Un couloir sombre, le niveau de santé dans le rouge, la musique qui s'arrête, les vibrations de la manette à en faire trembler les murs de Jéricho? M'en fous, j'ai un KATANA! On appuie sur Start, puis "Armes", "Katana", "Equiper", et banzaï!
Silent Hill 3 nous conte donc son histoire, et contrairement à son prédécesseur, il arrive à investir le joueur dans le scénario. Peut-être parce qu'Heather est moins cruche que James Sunderland, que son aventure ressemble moins à un jeu de piste pour boyscout, ou que les histoires d'amour qui virent au vinaigre sont passées de mode. Toujours est-il que SH2 avait une histoire bien ficelée mais ne faisait pas peur: il est vraiment difficile de croire que ces trois jeux sont issus de la même équipe de développement tellement le deuxième est "à part" (pour ne pas écrire "à la ramasse"). SH3 remplit son cahier des charges de "jeu d'horreur" avec les félicitations du jury, tout en finissant l'histoire débutée dans le premier jeu. En ce qui concerne les fins "alternatives", il n'y en a qu'une, ainsi que l'habituel "Easter Egg". Trois conclusions seulement? Ca peut sembler faible, mais ce n'est pas un conte qui peut se finir de 40 façons différentes.
Hop, une trilogie qui s'achève. Car à ce qu'on sait, Silent Hill 4 commence une nouvelle histoire, sans parler du film réalisé par Christophe Gans (le film Crying Freeman, Le Pacte des Loups, la collection HK Video, Perfect Blue au cinéma en France, les excellents commentaires sur certains DVD des films de Kurosawa, c'est lui), mais ça, c'est autre chose. MISE A JOUR : article sur le film ! En tout cas, merci à vous de m'avoir suivi dans cette exploration de Silent Hill!
Tokyopia ne ment pas en disant qu'il vaut mieux rejouer au premier SH avant d'attaquer le 3: il s'agit d'une suite directe (aux fins "Good", pour être précis). Le genre qu'on adore: 99% des questions sont résolues avec 1% laissé à l'appréciation du joueur, et un scénario qui correspond exactement à ce qu'on imaginait après avoir fini le jeu original. Silent Hill 2 n'était qu'une side story dont la qualité est toujours discutée de nos jours - ça ne m'empêche pas de la considérer comme de la merde. SH2 était une version "nouvelle génération" du patelin, avec les mêmes monstres, les mêmes objets, les mêmes mécanismes de jeu, mais en plus chiant.
Silent Hill 3 est une refonte complète. Le moteur 3D est époustouflant de détails, les personnages sont superbes, les effets d'eau ou de feu sont délirants. A part l'intro, toutes les scènes cinématiques sont en temps réel et c'est bluffant: voix synchronisées et de qualité (à part pour Vincent, et je fais la fine bouche). Graphiquement, grosse claque. D'un point de vue sonore, le producteur/musicien/bruiteur Akira Yamaoka sait toujours ce qu'il faut faire pour nous foutre la frousse, et les mélodies (certaines à présent chantées) sont sublimes; Kenji Kawai est aussi crédité dans le générique! Pour la maniabilité, rien ne change depuis 1999: quelques slaloms entre monstres sont un peu collants, l'ergonomie des combats n'est pas au top, mais ça reste jouable. Enfin, et c'est bon à savoir, les énigmes sont beaucoup plus logiques et solvables qu'avant.
Les armes et monstres ont aussi eu leur mise à jour: exit le fusil de chasse, qui laisse place à une mitrailleuse un peu bidon. Une mitrailleuse dans Silent Hill? De la grosse artillerie dans un jeu qui se veut l'alternative de Resident "boum boum les zombies, même pas peur" Evil? Ca fait tiquer au début, faut l'avouer. Mais comme l'arme bouffe les balles comme des bonbons La Pie Qui Chante et que les munitions sont aussi fréquentes qu'une relation hétérosexuelle dans un manga Clamp, on comprend vite qu'on ne va pas jouer les héros sans peur et sans brioche. Les monstres sont peu variés, mais les lieux visités, assez étriqués, n'ont pas dû offrir une grande créativité aux auteurs. Leur design est flippant bien comme il faut, et ils sont bien plus agressifs que les simples empêcheurs de tourner en rond des opus précédents.
Et l'histoire dans tout ça? Une ado de 17 ans, au look bien plus japonais que tout ce qu'on a pu voir dans la saga. Nan, vraiment: c'est pas une ganguro non plus, mais entre sa jupe kaki, ses mèches blondes, son blouson sans manches et sa G-Shock sur bracelets couleur orange fluo, on est un peu dépaysé. Quand elle est essouflée, elle fait de grands mouvements de buste, dignes d'un personnage d'anime, et ses commentaires dans l'inventaire ou sur les objets observés sont beaucoup moins "neutres" que ceux d'Harry Mason ou James Sunderland. Car cette fois-ci, l'héroïne est une adolescente. Non, elle ne vit pas à Silent Hill, mais une vengeance à prendre va la guider vers notre bled paumé favori: la brume y est encore plus dense, et on passe à peine 5 minutes en tout et pour tout dans les rues. L'hôpital et les rares extérieurs sont en provenance directe de SH2, pour le reste... Presque tout le jeu titille la fibre claustro qui sommeille en chacun de nous. Là où Silent Hill 3 fait fort, c'est qu'il arrive à être trèèèèès graduel dans sa construction de la peur. Des pleurs et des hurlements de plus en plus souvent présents dans la bande-son, l'univers alternatif propre à la série qui s'échafaude petit à petit au fur et à mesure des endroits visités, la prochaine boîte de munitions qui se fait attendre, les cartes qui virent au labyrinthe... La station de métro, les égouts, l'église... Excellent.
On rencontre rarement âme qui vive (quatre personnages, héroïne comprise!), alors on passe le plus clair de son temps seul avec sa peur. Enfin, ce fut le cas pour moi jusqu'au moment où je dénichai, perdu dans un placard, un katana. Attention: pas une épée ou un sabre, un katana. Fusil à pompe? Lent à recharger. Pistolet? Plus très marrant quand on a un monstre de 2m50 devant soi. Mitrailleuse? Plus de balles. Quand on a ces armes, on a le trouillomètre à fond les manettes. Mais franchement, messieurs les zombies, comment voulez-vous me faire peur quand j'ai un katana dans les mains, hein? UN KATANA! Amenez-vous, bande de taches! Un couloir sombre, le niveau de santé dans le rouge, la musique qui s'arrête, les vibrations de la manette à en faire trembler les murs de Jéricho? M'en fous, j'ai un KATANA! On appuie sur Start, puis "Armes", "Katana", "Equiper", et banzaï!
Silent Hill 3 nous conte donc son histoire, et contrairement à son prédécesseur, il arrive à investir le joueur dans le scénario. Peut-être parce qu'Heather est moins cruche que James Sunderland, que son aventure ressemble moins à un jeu de piste pour boyscout, ou que les histoires d'amour qui virent au vinaigre sont passées de mode. Toujours est-il que SH2 avait une histoire bien ficelée mais ne faisait pas peur: il est vraiment difficile de croire que ces trois jeux sont issus de la même équipe de développement tellement le deuxième est "à part" (pour ne pas écrire "à la ramasse"). SH3 remplit son cahier des charges de "jeu d'horreur" avec les félicitations du jury, tout en finissant l'histoire débutée dans le premier jeu. En ce qui concerne les fins "alternatives", il n'y en a qu'une, ainsi que l'habituel "Easter Egg". Trois conclusions seulement? Ca peut sembler faible, mais ce n'est pas un conte qui peut se finir de 40 façons différentes.
Hop, une trilogie qui s'achève. Car à ce qu'on sait, Silent Hill 4 commence une nouvelle histoire, sans parler du film réalisé par Christophe Gans (le film Crying Freeman, Le Pacte des Loups, la collection HK Video, Perfect Blue au cinéma en France, les excellents commentaires sur certains DVD des films de Kurosawa, c'est lui), mais ça, c'est autre chose. MISE A JOUR : article sur le film ! En tout cas, merci à vous de m'avoir suivi dans cette exploration de Silent Hill!
Par Raton-Laveur le 11 octobre 2004, 22:16 - Jeux vidéo - Lien permanent
Commentaires
http://www.silentscape.tk/
Le premier opus m'a fasciné pour son ambiance unqiue et son scénario super bien ficelé,
le deuxième est un exemple en terme d'ambiance et sait faire passer les sentiments de manière prodigieuse pour peu que l'on se rende compte de ce que peut vivre le mec.
Et bientôt je vais pouvoir me lancer dans le 3 et le 4 j'ai hâte !!!!
Avant je dois terminer deux petits sites, avis aux fans:
http://www.silenthill.c.la
http://www.silenthill2.c.la
PS, je joue a la version de silentscape qui est effectivement une bête emulation mais je n'ai pas eu de souci quant à un quelconque virus, à vérifier.