Yo, je suis sérieux : ne continuez pas. Ne lisez pas plus loin. Pour vous dire le niveau, Keul a codé une balise "spoiler" pour DotClear à l'occasion de cet article.

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Je ne m'y connais pas beaucoup en figurines - mais ça, vous le savez déjà. Les gentils lecteurs qui m'ont protégé des dangers de la Japan Expo étaient parfois des fans de statuettes, ne tarissant pas sur les exemplaires mis en vente. Mais je m'y connais encore moins sur les us et coutumes des fans de "figs". J'ai essayé de les approcher par tsuki-board, un site qu'ils m'ont conseillé : tu t'inscris et tu catalogues ta collection. Sauf que ce que j'y ai vu m'a tellement fait flipper que mon profil est devenu un running gag de leur communauté ; l'admin a même ajouté un slogan "one is enough" sur ma fiche et mega69 m'a écrit un mail fleuri (extrait : "J'espère que tu mourras a cause d'un incendie et des vapeurs toxique que ta figurine aura dégagé, se sera bien fait "). Donc, je n'y connais rien au comportement normal d'un fan de ramasse-poussières, mais je remarque une certaine... pudeur. Ce qui nous amène au sujet d'aujourd'hui.

Voici tonton Sbeb' qui parle de la figurine d'Asagi Igawa, la belle héroïne de Taimanin Asagi, rebondissant sur cet article de Hobby-News. J'écris "article" et non "news", vu que je connaissais l'existence de cet objet depuis quelques mois. Or, nous parlons d'un personnage tiré d'un jeu vidéo hentai, extrêmement pervers et déviant, qui fait l'objet du texte que vous lisez en ce moment. Et jamais, ni chez Sbebiwan, ni chez Hobby-News, on ne voit le moindre avertissement ou information sur l'origine de la fig. Pas un mot sur l'univers réservé aux adultes d'où vient la miss. Pas une mention sur ses péripéties peu consentantes. Ils ne précisent pas non plus l'accessoire qui tue : la tentacule amovible qu'on peut ajouter en option sur le socle. Même pas un lien vers le studio Lilith, créateur des jeux vidéo dont elle est l'égérie et dont je suis fan. Sérieusement, vous avez vu la liste des persos d'un de leurs jeux ?


Encore une fois, je n'y connais rien aux habitudes des fans de statuettes, mais voir une telle réserve me surprend. Elle explique peut-être un autre de leurs comportements qui me laisse perplexe : ils en achètent sans rien savoir à l'origine du personnage. Est-ce un design original ? Tiré d'un anime, d'un jeu vidéo ? Tout public ou pour adultes ? Je me retrouve parfois dans une boutique où je dois expliquer à la vendeuse le background de la jolie créature dans la vitrine, parfois à sa grande surprise ("mais non, ça peut pas être tiré d'un hentai, elle est carrément pas adulte cette fille !"). L'archétype de la séparation entre le fond et la forme : peu importe l'histoire du perso, pourvu qu'elle soit sculptée par machin ou moulée par truc. La vraie beauté est à l'extérieur, c'est bien connu.

Il va sans dire que la figurine d'Asagi me fait saliver, mais compte tenu de ma seule statuette, qui représente déjà l'opulente Mai Shiranui, on risquerait d'établir une ligne conductrice quelque peu déplacée sur ma personne.

Taimanin Asagi, donc. Une série de quatre visual novels pour PC développées par le studio Lilith, dont je suis fan. C'est là que je réalise que rien qu'avec cette phrase, il va falloir expliquer les visual novels et Lilith, parce que je ne trouve pas d'articles inhérents sur blogchan ou sama. Quoique.

Visual novels : des jeux vidéo quasiment dénués de gameplay, où une histoire vous est narrée via beaucoup de texte souvent mis en voix, quelques images et une légère musique. Plein d'animes sont basés sur des VN : Fate/stay night et Shingetsudan Tsukihime, le trio Kanon/Air/Clannad, Higurashi No Naku Koro Ni... Ce qui conduit à une variante du "j'achète une fig sans savoir d'où elle vient", mais en plus marrant : le "je mate un anime tout public basé sur un jeu vidéo de cul sans le savoir et je me fais des idées fantasmagoriques sur la pureté des demoiselles alors que ce sont des folles du cul dans le jeu d'origine". Admirez le visage en décomposition d'un pote quand vous lui apprenez l'existence du jeu 18+ à la base de son anime tout mignon du moment ; j'adore tellement ce genre de faciès que j'en boufferais au petit déjeuner.

Ces jeux sont extrêmement verbeux : quand vous en avez fini un, vous réalisez que vous avez lu autant de mots que dans un bouquin classique, en papier tout blanc avec des mots en noir dessus. Ils ne coûtent pas grand-chose à faire - si vous avez envie de développer le vôtre, il y a même des moteurs de script libres - dans Welcome to the NHK!, c'est d'ailleurs le type de jeu vidéo qu'ils essaient de créer. Et le gameplay ? C'est du "livre dont vous êtes le héros" : de temps à autres, on vous demande de faire un choix de dialogue pour obtenir une des (nombreuses) fins.

Lilith Software: un de ces studios qui produisent des visual novels pour adultes à la chaine. Lilith a même établi plusieurs labels : Lilith (pour toutes les aventures sentimentales), Black Lilith (tout ce qui n'est pas consentant et/ou déviant : tentacules, demoiselles victimes d'un chantage, etc), Anime Lilith (des jeux originaux ou issus des autres labels, contenant des scènes simplement animées - de la vidéo basée sur une déformation "à la Adobe Flash" des images d'origine) et Lilith Mist (des jeux réalisés en collaboration avec certains artistes). Enfin, ils ont financé le studio d'animation Pixy Soft, qui adapte leurs licences en OAVs.

Allez, on passe à Taimanin Asagi !


Fin 2005, Lilith a sorti le premier jeu de la saga : Taimanin Asagi. Taimanin étant un mot composé, grosso modo "ninja éliminateur de démons", et Asagi étant le nom de l'héroïne. Scénario : un monde corrompu où les démons profitent de la décadence des humains pour augmenter leur propre influence sur le monde. La miss est donc une ninja - on dit "kunoichi" pour une femme-ninja, mais il parait que le mot n'est pas si répandu que ça au Japon et que ça tient plus du délire d'occidental, allez savoir - qui se bat contre les méchants monstres, dotée d'un katana qui absorbe leurs âmes. On s'en fout, mais comme on le voit lors du prologue, je le signale. Surtout que les démons sont dirigés par une méchante demoiselle qui se nomme Oboro... Voilà, y'en a trois qui haussent le sourcil, là. Tout ceci est une énorme référence au Shinobi de Sega sur PS2 (qui n'a plus grand-chose à voir avec les aventures de Joe Musashi sur les opus arcade et 8/16-bits), où Hotsuma, originaire du clan Oboro, utilise un sabre à la Soul Reaver dans un univers moderne, patati patata. Les gens de chez Lilith sont des passionnés, et on le sent.

Papa, si tu lis ça, s'il te plait, ne me renie pas.

Asagi est donc capturée en début de jeu, sa soeur Sakura essaie de la sauver, et le reste, c'est à vous de voir. Soit elles sont réduites en esclavage, soit elles battent les démons, soit... Une autre beauté des jeux Lilith, c'est qu'il y a finalement assez peu de choix, et qu'on arrive à une des fins en une soirée. On ne parle pas d'un marathon, quoi. Etonnant : la narration est à la première personne. Asagi raconte donc dans le détail ses émotions face à ses nombreuses mésaventures, et c'est carrément étrange. Même quand c'est Sakura qui se fait ramoner, c'est encore Asagi qui raconte. Evidemment, les demoiselles en prennent plein les mirettes : bondage, orcs, tentacules... Dans Rinkan Club, un autre jeu Lilith dont je parlerai si j'ai encore un semblant de lectorat après cet article, la narration est encore plus étrange : elle passe d'un personnage à l'autre - parfois du violeur à la violée - sans prévenir.

Devant le succès du jeu, Lilith a sorti trois mois plus tard Taimanin Asagi - Chaos Arena. Une courte série de saynètes visiblement coupées du premier opus vendue moitié prix. Pas grand-chose à dire tellement on le boucle vite.

Fin 2006, c'est la fête du slip : coup sur coup, un remake de Taimanin Asagi sous le label Anime Lilith, contenant donc des scènes animées - Taimanin Asagi Complete. Et un mois plus tard...

Taimanin Asagi 2 ! On prend les mêmes et on recommence. Pour ne pas répéter ce que j'ai raconté plus haut, tant les histoires sont similaires, parlons de Kagami, l'excellent character designer de la saga. Son travail ne vous est peut-être pas complètement inconnu, puisque son site a fait le tour des otaques pendant la coupe du monde de football en 2006 : il s'était amusé à illustrer chaque pays en lice sous forme de demoiselles de la japanime. Putain, tous ces liens me font réaliser combien je me casse le cul sur un article aussi confidentiel. Histoire d'établir une ligne conductrice quelque peu déplacée sur sa personne, Kagami a une fixette sur les belles poitrines, comme on peut le deviner en matant son boulot. En plus de la série des Taimanin et à coté de quelques fanarts One Piece et Bleach, il a également réalisé pour Lilith les illustrations de Kangoku Senkan ("le vaisseau-spatial-prison", yep) et Shion. Hors Lilith, il y a aussi Mesukyôshi 1 et 2 chez Bishop (pas joués). Enfin, Lilith édite également quelques livres, comme une série de courtes histoires réunies dans un manga pas terrible autour de Taimanin Asagi et où l'on trouve quelques dessins de Kagami. Enfin, un de ses artbooks recueillant son boulot sur Taimanin Asagi et Kangoku Senkan, Nuye (*). Notez le lien vers Nippon-Export, un des seuls moyens pour trouver le bouquin hors-Japon (trouvé par Ialda de Hobby-News, qui a écrit l'article sur la figurine d'Asagi en début d'article... copain !), parce que les boites d'import-export n'ont pas jugé utile d'établir une relation avec les éditions Lilith. Ne vous inquiétez pas, je vous donnerai en fin d'article une méthode pour jouer à toutes ces merveilles sur votre pécé occidental. Comme d'habitude, tonton raton vous aime. Et ouais, Kagami nous aime aussi.

Si je vous parle autant de Kagami, c'est aussi pour faire une transition avec la suite - car c'est via son blog qu'à l'été 2008, les fans découvrirent un nouveau design des héroïnes, accompagnées de deux nouveaux persos. Et le même jour sortait Lilith-IZM 02, un produit contenant des saynètes faisant suite à deux de leurs jeux : Shojo No Shimobe-kun (on s'en fout) et... Taimanin Asagi, c'est bien, y'en a qui suivent. Okay, alors là, Asagi se fait carrément emmurer le torse, et c'est le genre de fantasme si rarement illustré qu'il doit intéresser, quoi, deux lecteurs ? Ca tape tellement loin dans les pratiques sexuelles tordues que, hey, c'est la beauté de la 2D de faire n'importe quoi, non ? Dans un autre jeu Lilith, les filles se font pénétrer analement par une tentacule qui remonte jusqu'à ressortir par la bouche : je vous jure que quand la fille crie et que sa voix est progressivement étouffée par le truc qui sort de sa trachée, ben je sais vraiment pas ce qu'ils ont mis dans la gorge de l'actrice devant son micro. Non, ce n'était pas vraiment érogène.

Et un mois plus tard, c'est à dire juste là, paf, le mois dernier, troisième épisode : Taimanin Murasaki. Asagi (qui était déjà une kunoichi à la retraite dès le début du premier jeu) a moins de temps d'antenne, et c'est Murasaki (nouvelle arrivée) et Sakura qui ont la part belle. Murasaki, qui utilise...

... une hache ? Les ninjas peuvent utiliser un truc pareil ? Hé bé. Je ne sais pas si c'est une idée que je me fais, mais cet opus me semble carrément plus long que les précédents. Le nouveau design des costumes est carrément cool, la méchante Oboro qui me faisait chier ne fait pas son retour, Asagi n'a pas complètement disparu, Sakura est magnifique, bref, que du bonheur. C'est vraiment plaisant de voir qu'après tant d'épisodes, Lilith fait toujours de la came de premier choix.

Mais que s'est-il passé entre 2006 et 2008 ? Déjà, Lilith sortait plein d'autres jeux, et surtout, le studio Pixy a sorti quatre OAVs. Et surtout, choix tellement magique que je l'écris en gras, elles sont réalisées par Teruaki Murakami, monsieur Shintaisou, monsieur Kuro Ai, monsieur Seifuku Shojo, monsieur "raton-laveur vous aime, vous et Yasuomi Umetsu qui a fait Kite et Mezzo Forte", un des deux meilleurs réalisateurs d'animes hentai. Qui a pris l'habitude peu ragoûtante depuis Kuro Ai de rajouter des poils dans la bouche des demoiselles faisant une gâterie - mais vu la qualité de son taf', on le pardonne. Et c'est lui qui a fait l'anime Taimanin Asagi. Vous comprenez maintenant pourquoi j'écris autant sur tout ça ? Bon, le résultat est un peu plus low-budget que les autres projets de monsieur Murakami, vu que Pixy bosse intégralement en digital. Les premiers épisodes usent et abusent énormément d'un effet flou cheapos, imitant une caméra qui perd momentanément sa focale, pour cacher le manque de détail de l'image. Mais Murakami oblige, le résultat est incroyablement pervers et fidèle à l'oeuvre d'origine ; le dernier épisode est un peu vide, mais c'est clairement pour laisser une porte ouverte vers une suite.

Bon, et maintenant que j'ai votre attention, où qu'on trouve tout ça ? C'est encore des jeux porno qui coûtent 80€ à importer comme pour Sexy Beach, Oppai Slider et Artificial Girl 3, tout en étant tout aussi chiants à faire tourner sur un PC bien de chez nous ? Ben non. En passant par nos copains de DLsite.com, un site nippon (avec une interface anglaise) qui vend des doujin-games en téléchargement, Taimanin Asagi en version Complete coûte... 15€. Bah, c'est parce qu'il date de 2006, sûrement que Taimanin Murasaki qui est sorti y'a un mois doit coûter plus cher ! Effectivement, il est à 20€. Et l'anime, il doit être hors de prix, ça doit encore être un DVD avec une seule OAV à 40€... Ben DLsite vend aussi des animes. Super compressés en qualité pourrie ? L'épisode est dispo en téléchargement à 25€ à raison de 550 Mo pour 26 minutes.

Ouais, mais ce sont des jeux en japonais, et je ne sais pas lire le nippon ! Et j'ai pas envie de réinstaller Windows pour le faire fonctionner ! Ca tombe bien : Darktranslations a déjà traduit les deux premiers épisodes et ajouté un patch pour qu'il tourne sur un PC occidental. Ah, mais c'est peut-être une traduction de merde bâclée par un bouffon ! En fait, je sais que monsieur Nephrinn fait un bon boulot, puisqu'il m'arrive de lui filer un coup de main.

Il est presque quatre heures du matin et je vais écrire la conclusion à un article sur des jeux de cul avec des tentacules. Donnez-moi une corde.

Et cette figurine en début d'article ? En quoi Asagi est une héroïne ? D'aucuns peuvent noter l'ironie d'y voir un personnage soi-disant badass, mais qui passe le plus clair de son temps à échouer et à se faire violer. Quelle relation avec elle ? Tout le monde s'amuse, lors d'un jeu qui vous laisse le choix du dialogue, à volontairement prendre le "mauvais chemin", juste pour voir quelle sera la réaction. Le plus clair du temps, c'est positivement navrant : soit on se prend un game over ridicule dès le premier mauvais choix, prouvant que "l'interactivité" si vantée n'est qu'une vulgaire illusion, soit le jeu ignore votre choix - essayez de dire non à l'arbre Mojo ou à la princesse Zelda au début d'Ocarina of Time et vous comprendrez. Mais les visual novels construisent leur histoire sur vos choix ; ils ne peuvent se permettre de vous coller un game over trop souvent... Et dans un jeu Black Lilith, où l'on sait que les demoiselles vont en prendre pour leur grade, on se retrouve à volontairement prendre les pires décisions possibles pour voir les scènes les plus crades. Paradoxal, non ? Le joueur foire volontairement l'histoire pour son propre plaisir ; peu d'entre nous sont motivés par l'idée de sauver Asagi, Sakura et Murasaki des méchants démons. Et pourtant, ils achètent une statuette glorifiant une demoiselle qu'ils ont humiliée à répétition... J'ajoute ça à la liste des comportements mystérieux des fans de figurines.

Pendant ce temps, vu qu'on parle de cul : Arte a diffusé hier soir un reportage sur le bondage. Toujours dispo en ligne sur leur site et rediffusé à 2h du mat' le 5 décembre.