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Ce n'est qu'un dessin animé

Japanime

29 septembre 2005

Imbéciles Heureux / Shin Happy People

Manga en 3 volumes (fini) signé Eishô Shaku et paru chez Akata. A réserver aux grandes personnes. Ou aux détraqués, c'est vous qui voyez. Il s'agit d'une série d'histoires courtes sans lien entre elles, des tranches de vie ayant pour fil rouge une exploration de côté sombre du japonais moyen. Et c'est à gerber.

Dès le premier chapitre, l'horreur m'a pris à la gorge : j'avais envie d'envoyer valser ce manga fraîchement acheté à l'autre bout de la pièce, mais je n'y arrivais pas tellement ce truc m'avait vidé de toute force. Ca raconte une famille dont le père est en campagne électorale et qui tente de "gérer" son fils qui est loin d'être un ange (la phrase que vous venez de lire est entrée en lice dans le concours du plus gros euphémisme de l'année). Les saynètes s'enchaînent, parfois déprimantes à se caser une balle dans le crâne, parfois cyniques à faire péter un vaisseau sanguin, mais toujours d'une noirceur absolue. Beaucoup d'entre elles ne daignent même pas s'offrir le luxe d'être drôles, ou d'avoir une fin arrachant un sourire : Imbéciles Heureux peut être aisément qualifié d'intolérable.
Dans son idée d'offrir des mangas alternatifs, Akata n'édite ici qu'une mouture de la saga Happy People, dont les différentes itérations représentent une trentaine de volumes et quelques adaptations télévisuelles. A en croire le petit résumé en fin de volume (saupoudré d'une note d'intention ajoutée par l'éditeur français), ça cartonne au Japon. On se demande quand même ce que ça fout chez nous - si ce n'est pour nous en apprendre davantage sur la psyche nipponne, la facette sado-maso d'une population qui ne voit aucun mal à se faire du mal. L'argumentation en faveur de cette oeuvre, c'est l'appel à la réflexion... sauf qu'il est légèrement difficile de méditer sur la société quand on vous fout un coup de poing dans le bide. J'aimerais continuer cet article un peu plus longtemps, mais il n'y a pas grand chose d'autre à dire sur ce manga. A lire si vous êtes d'une humeur un peu trop positive, à éviter le reste du temps.

27 août 2005

Oh putain Goldorak est mort

impossible de le redémarrer...

Rukawa, de chez manganimation.net, est quelqu'un d'incroyablement calme et posé tout en ayant exactement le même ton de voix bien boiseux que le chanteur Freeman du groupe Iam. Oui, c'est un fait parfaitement paradoxal et inutile. Rukawa donc, m'a demandé de résumer l'Affaire Goldorak. Pas celle-là, l'autre.

Voyez-vous, chers lecteurs, c'est bien simple. Comparons avec un autre mystère de ce monde : le petit trou sur le corps des stylos Bic. En fait, cet orifice existe pour que l'air rentre à l'intérieur au fur et à mesure que la cartouche se vide, afin de garder une pression constante pour que l'encre coule correctement. Simple non ? Bon, ben l'affaire des droits de Goldorak, ce n'est pas ça du tout. C'est un beau bordel qui est en train de dégénérer en pugilat des familles.
Tout commence il y a quelques années. Go Nagai, auteur des aventures de Grendizer, est en conflit avec la Toei au sujet de sa série. Cette bisbille coince les négociations hors-Japon pour les licences. Finalement, le problème est réglé. Arrive alors une autre histoire, purement française celle-là : la boîte de Go Nagai, Dynamic en l'occurence, a les droits de la série... mais c'est AB Productions qui a les droits du doublage français. Compte tenu du public exclusivement nostalgique (*) susceptible d'acheter ces foutus DVD, impossible d'envisager un nouveau doublage.
Pourtant, on voit les DVD mis en vente sur Manga-Distribution, édités par Déclic Images, un autre éditeur qui vient mettre son grain de sel. Comment ont-ils eu les droits ? En tout cas, Dynamic ne sait pas. Tellement pas en fait, qu'ils ont carrément envoyé une lettre de menaces à Déclic Images (j'aime bien l'ultimatum fixé au 23 août alors que le message est daté du même jour). Suite à ce petit mot d'amour, certains magasins - dont la Fnac - ont retiré le coffret de leurs linéaires. Une lettre de menaces; même les vendeurs de HK n'ont pas droit à un tel honneur. Evidemment, le tout va se régler devant la justice, mais les DVD n'ont pas disparu du site de Manga Distrib'.
Vous avez compris ? Bien, c'était tout ce qu'il fallait savoir. Si par je ne sais quelle prédisposition masochiste, vous tenez à avoir droit à toute l'histoire, allez ici.



(*) Dire que ma toute première VHS de japanime était 2 épisodes de Goldorak... Je ne savais même pas lire le titre sur la boîte. Je devais avoir environ 3 ans. Elle est toujours dans le coin et elle fonctionne parfaitement.

23 août 2005

Dream Land

Il y a quelques mois, je vous avais fait partager mon rejet de Shonen Collection, le mag' de pré-publication de chez Pika qui avait progressivement réduit le spectre du genre shonen aux comédies sentimentales et aux attributs mammaires. L'affaire étant classée, je m'en retournai aussi sec dans ma mangathèque favorite pour savoir s'ils avaient reçu ma commande d'artbooks hentai.

Ils sont gentils, dans ma crèmerie à mangas : les gérants ont voulu faire en sorte que leur magasin soit également un lieu de rencontres pour autre chose que des otakus en phase pré-terminale dans mon genre. Et ça marche - si vous considérez que voir des cahiers entiers de dessins ou des pâtisseries faites maison laissées en offrande par des clients inspirés et/ou reconnaissants soit un signe de réussite. L'équipe a aménagé leur sous-sol pour y organiser des sessions d'écoute de Visual Rock, des leçons de cuisine nipponne, des parties de Dance Dance Revolution et des cours de manga. Ces derniers sont dirigés par trois garçons pleins d'avenir : Salim, Reno et son cousin Romain. Oui, ce sont des "mangakas français", un contresens tellement aigû qu'il me donne de l'urticaire, mais pour une fois que je vous tiens la jambe avec des représentants de cette espèce, on peut sortir la pommade et prendre son mal en patience jusqu'à la fin de ce texte. Ca a commencé par des après-midi consacrés au storyboard - dessin - encrage - patatipatata, ça continue par la création d'un fanzine réunissant leurs travaux, et c'est pas près de s'arrêter tellement leurs élèves sont doués (c'est le travail de Ketsu sur la photo, qui a aussi fait un logo pour l'éditotaku). Ces jeunes gens ont réalisé un premier manga dénommé Fantasian Saga : Salim et Reno étaient tous deux scénaristes et dessinateurs, Romain a toujours été leur "assistant" - ce qui ne l'empêche pas de nourrir une inquiétante passion pour le mecha design et les portraits bizarres. Partis présenter leur travail à Angoulême, c'est finalement un projet plus personnel de Reno qui fut retenu par un éditeur. Ca s'appelle Dream Land, vous êtes autorisés à admirer les illustrations en couleur (y a-t-il vraiment besoin de préciser qu'ils répondent "One Piece" en premier et en choeur quand on leur demande leurs influences ?), et ça commence aujourd'hui même dans Shonen Collec'. En fait, ça fait des mois que je piaffais d'impatience de vous en parler, mais même quand l'annonce a été faite par Pika, j'ai attendu la parution pour aborder le sujet - question de promotion ou un truc dans le genre.
Bonne nouvelle : Dream Land remplace le déplorable Negi Ma. Mauvaise nouvelle : ce dernier étant le chouchou actuel des lecteurs du magazine, l'annonce a été mal reçue par les fanboys d'Akamatsu. Les précédents auteurs occidentaux parus dans le magazine de Pika n'ont pas été très bien reçus dans les sondages consécutifs - savoir si c'est une question de qualité ou de nationalité est une question que je préfère ne pas me poser. Reno and co n'ont pas l'intention de devenir le fier étendard du manga à la française, ce qui ne les empêche pas de sentir la pression... Salim et Romain font office de "consultants" pour Dream Land ; si la mayonnaise prend avec le public, ils espèrent continuer Fantasian Saga sous forme franco-belge, avec les couleurs et tout ce qui va avec. Et franchement, c'est tout le bien que je leur souhaite - ça me fera lire autre chose que du Larcenet, du Trondheim et du Sokal en matière de bédés. Gentlemen, bon courage à vous !

11 août 2005

Duds Hunt

Epitanime 2005 : comme chaque année, j'assurais la couverture de l'évènement, et avais officiellement droit aux coulisses depuis l'an dernier. La veille de l'ouverture, le sous-sol de l'Epita se préparait, et les exposants s'installaient. C'est justement juste après avoir pris ce cliché du futur stand Tokebi que j'ai rencontré un gars des éditions Ki-Oon ; en attendant de recevoir son stock, il aidait ses copains à s'installer. On est tout jeunes, qu'il me dit, on a moins d'un an (plus tard, mon crémier me fera remarquer qu'ils sont au moins deux fois plus âgés que ça). Il me fait jurer de lui rendre visite sur son stand durant la convention : promesse pas dure à tenir, compte tenu de ce que j'ai à faire ici. Un regard paresseux sur son badge : Danny quelquechose, éditions Ki-Oon. Bien reçu.

Le samedi, Keul m'offre un téléphone portable et me dit, l'oeil un peu inquiet : "il y a un stand au milieu du forum des exposants, et un des tenants vend son stock comme un marchand de poissons, en criant sur les gens. Il me fait un peu peur". On se rend sur place, et c'est dudit Danny dont il parlait. Danny me dit qu'il est content, parce qu'il y a un manga qu'il tenait absolument à me montrer et qu'il fallait absolument que j'en parle et qu'il faut absolument que les gens fassent une pétition pour que ce soit adapté en film et qu'en plus c'est un one-shot. Je lui prends un volume et continue ma route. Le lendemain, ils avaient vendu tous les exemplaires de ce manga.

De retour au bercail, après avoir récupéré mes heures de sommeil, je pêche le livre dans un sac contenant également un sachet de ramen au poulet et suffisamment de posters pour recouvrir l'Obélisque. Duds Hunt, que ça s'appelle. Ca raconte l'histoire de jeunes qui participent à un jeu urbain où l'on gagne de l'argent en récupérant les "traceurs" des autres participants. Le vainqueur se fraie souvent un chemin par la force, et ça tombe bien parce que les combats sont diablement violents.
Première surprise : l'auteur a un petit mot rien que pour les lecteurs français. Deuxième surprise : une traduction qui ne sous-estime pas le lecteur. Les conversations sur le Net ont des "lol" sans note de bas de page, on parle de "pda" sans perdre des pages dans des détails et les intégrations de texte français sont bien gérées. Ki-Oon fait du bon boulot : au passage, merci d'avoir mis quelques extraits sur le site Internet, dont ma page préférée. Duds Hunt a une lecture extrêmement rapide, un rythme supersonique, un tramage dynamique et un dessin qui va droit au but tout en soignant un trait qui s'attache à de petites choses symboliques - tellement qu'on ne s'aperçoit même pas que les décors sont rarement plus que de simples crayonnés. A la fin du livre, on découvre une petite nouvelle où Tetsuya Tsutsui s'éclate littéralement avec son style mi-traditionnel, mi-ordinateur ; d'ailleurs, il ne se crédite pas en tant que scénariste pour cette vingtaine de page, laissant ce poste à... l'héroïne de ladite histoire ! D'ailleurs, l'homme est excellent scénariste (*) : dans Duds Hunt, il arrive à résumer en un clin d'oeil les finesses des règles du jeu, les divers comportements des joueurs, une myriade de petites situations qui feraient effectivement fureur sur un écran de cinéma. Je n'ai pas pour habitude d'être d'accord avec les quatrièmes de couverture des livres, mais je seconde totalement cette dernière quand elle parle d'un scénario "entre Fight Club et Battle Royale". Si vous vous demandez à quoi ce mélange peut bien ressembler, c'est bien simple : c'est excellent et ça s'appelle Duds Hunt.



(*) On peut cependant remarquer une légère erreur de scénario... Pour éviter les révélations, j'en parle ici en termes évasifs et en texte blanc sur fond blanc (surlignez pour lire) - et soyez sympas de vous abstenir dans les commentaires pour ceux qui n'ont pas lu le manga !
Le personnage principal téléphone à plusieurs reprises à un autre joueur avant de le rencontrer durant une partie : pourquoi n'a-t-il pas compris de qui il s'agissait puisqu'il connaissait sa voix ? EDIT : Okay okay, vous avez tout à fait raison dans les commentaires : on voit en effet qu'il y a un déformateur de voix greffé sur le téléphone ^^ .

30 juillet 2005

No Bra

Cette semaine, je me suis occupé de garder la maison de mon copain Blacksad. Mais si, celui qui me prête ses mangas bizarres. Quelques trucs à faire pendant qu'il est en vacances, genre arroser les plantes, nourrir son chat (vous voyez Dark Vador dans "La Couleur de l'Enfer" ? Ben voilà, c'est tout pareil le sien), et taper dans sa collection de bédés. Comme le chat arrive au crépuscule, j'y vais en début de soirée. Quand je reviens chez moi, il y a toujours le petit-fils de la voisine qui me demande ce que je fais : la première fois qu'il m'a fait le coup, j'ai répondu que j'étais allé décrocher le soleil. Maintenant que mon manège est terminé et que le soleil continue de se coucher, j'ai encore dû briser une vie d'enfant innocent.

Ainsi donc, No Bra (cinquième et dernier volume tout frais paru chez nous) s'est retrouvé dans ma liste de lecture. Traduction signée Pierre Giner donc travail de qualité youpi yay, mais les gens de chez Taifu Comics (ex-Punch Comics) ont sérieusement besoin de consulter leur Bescherelle pour faire la différence entre conditionnel et futur. Impression et édition correcte, avertissement pour les moins de 15 ans - sachant que les personnages ont 15 ans, ça ne manque pas de sel mais on a l'habitude de la part du Japon.
Faisons preuve d'originalité et ne donnons pas tout de suite le scénario, puisque tout est d'une navrante simplicité. En fait, c'est une véritable fiesta de stéréotypes : étudiant vivant seul à Tokyo / fille qui débarque de nulle part dans son appartement pour vivre avec lui / bonnasse, excellente cuisinière, fringues afriolantes, joli cul / même lycée, même classe / ami servant de bonne conscience / triangle amoureux avec la plus belle fille de la classe, évidemment secrètement amoureuse du perso principal / scènes classiques : le gars qui trébuche sur la fille, la fille qui sort de la douche, le bikini qui se détache... On a même droit à leur professeur (à gros seins) qui vient vivre dans leur appartement - la ficelle, ou devrais-je dire la corde, le câble, le tube, était tellement gros que j'ai sérieusement gémi à ce moment-là.

Evidemment, le mangaka se devait de trouver un élément original à ajouter à son histoire sous peine de se faire sauvagement tabasser par la Police de l'Originalité. Roulement de tambour, tagada tsoin tsoin, la fille qui vit avec lui est un mec. Hurlements de filles assoiffées de shonen ai en fond sonore ; ça tombe bien, c'est le même éditeur qui sort Gravitation sous nos latitudes. On découvre le pot aux roses (?) dès les premières pages, Dieu merci ; je n'aimerais pas être à la place de ceux qui ont lu quelques scans japonais sans rien comprendre aux énigmatiques kanjis mais que ça n'a pas empêché de se caresser l'entrejambe en admirant le suscité androgyne. De même, à l'exception d'un coup de téléphone de la famille ou de quelques papiers administratifs, on a jamais droit à la preuve visuelle que nous ayons véritablement affaire à un mâle détenteur de la plomberie adéquate, ou à la méthode utilisée par le suspect pour obtenir un semblant de poitrine - mais pour cela également, Dieu merci.
Tout cela n'empêche pas notre "héros" (je préfère toujours écrire "personnage principal" en abordant des mangas shonen où ce dernier a autant de personnalité et de volonté qu'une cuillère à café) d'éprouver une attirance pour son colocataire, ce que Taifu vend sous l'argument éhonté du "manga qui ose poser des questions sur l'homosexualité". Evidemment, ça fait plutôt rire une fois que l'on a contemplé la mièvrerie et la naïveté moyenne des situations évoquées. Inutile de vous dire que le Japon est relativement moins tolérant que nos contrées occidentales en la matière (quoique), mais il n'empêche que tout ceci reste incroyablement basique et plan-plan. L'élément qui tue : toute cette histoire du mec qui se travestit est uniquement véhiculé par voie textuelle. Comme je l'ai déjà écrit plus haut, si vous faites abstraction des dialogues, vous avez affaire au plus classique des triangles amoureux entre adolescents. Les textes ne font que remplacer le manque de confiance en soi ("je n'ose pas l'embrasser, gnagnagna elle est trop belle pour moi, etc") par un argument simple ("c'est un mec ! c'est un mec ! c'est un mec !"). Souci de subtilité ? Au vu du fan service et des clichés, j'en doute fortement : rapidement, le fait que le perso principal ne joue pas au docteur avec sa coloc' sous prétexte qu'elle dispose d'un pénis se réduit à un simple handicap, comme s'il s'agissait d'une maladie honteuse et incurable qu'on finit par accepter mais qu'il vaut mieux dissimuler (exactement comme l'inceste dans Koi Kaze, en fait). L'élément qui tue, bis : si c'est à prendre sur le ton de l'humour, No Bra se plante comme une merde, et je parle d'un plantage magnitude "dernier épisode de Mai HiME" : c'est bien simple, je n'ai même pas esquissé le moindre sourire. Moralité : pas de bra, pas de chocola.



Dimanche soâr, 21 heures, session IRC hebdomadaire... #editotaku@irc.worldnet.net ou entrez votre pseudo dans le menu à gauche. Tapez "oppossum" en entrant pour avoir droit à un +v, tapez "testicouille" pour être muté, tapez le bot pour être kické.

Autre chose : les commentaires ont été tout cassés ce matin, mais c'est rentré dans l'ordre. Désolé si le système vous a bouffé un pamphlet expliquant en 14 pages qui a tué Pamela Rose ; le système est à nouveau funky - merci Keul.

J'aime bien écrire en italique.

28 juillet 2005

Bokusatsu Tenshi Dokuro-chan

(ou en français, Dokuro-chan, l'ange qui vous tabasse à mort, comme on l'a traduit sur #editotaku)

On dit que le Kama-sutra a été écrit par un vierge. J'ose croire que c'est vrai, parce que ça va tout à fait dans le sens du comportement moyen du jeune être humain en manque sexuel. Sans rentrer dans les détails des moeurs sexuelles ou de la fréquence des relations entre membres des otakus et membres du sexe opposé, contentons-nous de dire que le monde actuel a tendance à détraquer les esprits s'ils attendent trop avant de tirer un coup. Au fur et à mesure que le temps passe, le métrosexuel insatisfait développe un fétichisme pour ses pieds, le fan de science-fiction s'imagine perpétuellement enlevé par des amazones de l'autre bout de la galaxie, et l'otaku baisse l'âge limite des protagonistes apparaissant dans sa collection de doujinshis. Ne riez pas ; moi qui avais oublié pourquoi je ne consultais jamais les statistiques de r-l.net, je viens de m'en souvenir : actuellement, la requête la plus utilisée sur les moteurs de recherche pour arriver sur l'éditotaku est très largement "Uta Kata". Je hais l'Internet français. Non, sérieusement, regardez des sites comme AnimeKa : comme je suis dans l'incapacité de les consulter plus de 3 secondes sans que mon cerveau s'éteigne, je ne peux que penser - sans pouvoir hélas le vérifier - que le système de notation des séries propose aux visiteurs de mettre un 10/10 ou de changer de page.
Si on ajoute à ce formidable vivier de pervers pépères une éducation castratrice, on obtient l'obsédé moyen qui ce matin encore était en train de se caresser l'entrejambe juste à côté de vous dans cette rame de métro bondée. Evidemment, cette phrase ne s'applique qu'à ceux qui ne sont pas en vacances ; les autres, retournez bronzer sur la plage et ne vous demandez surtout pas qui est ce monsieur tout barbu de l'autre côté de la dune.

Machin truc Dokuro-chan commence donc comme n'importe quel autre anime d'écoliers, avec n'importe quelle autre histoire d'ange-venu-du-futur-et-qui-vit-dans-le-placard-gnagnagna. Puis le personnage principal se fait sauvagement assassiner par la demoiselle, ce qui n'empêche pas la somnolence de faire son office - on a déjà vu ça depuis longtemps dans Urusei Yatsura, au hasard. L'opening (dont la mélodie tend à vous violer par l'oreille gauche) commence et les pensées du premier paragraphe défilent en même temps que le générique gnagnantissime.
Le premier épisode commence alors sur un JT abordant coup sur coup la bosse de W Bush, les lunettes de Kim Jong-Il, Michael Jackson, et tiens, voilà qu'un perso dégaine justement le manga de Rumiko Takahashi. Roh, de l'humour pour les grands... Et ça continue pendant les deux épisodes de 10 minutes chacun dans le trip rendu célèbre par South Park : du dessin pour petits avec une déconne pour les grands. Il n'y a aucune morale et c'est tout aussi stupide que du Nabeshin dans ses grands jours (Excel Saga et surtout Puni Puni Poemi) ; on retrouve d'ailleurs les tics de ces animes conçus avec une dose léthale de substances illicites, comme les dialogues prononcés à tout berzingue et les motivations ou pouvoirs magiques absolument débiles (et kudos pour la référence aux OS-tans avec le nom de Sabato-chan). La deuxième fournée d'épisodes de cette OAV est du même tonneau : Dokuro-chan lit du Kafka, tout le monde est un pervers en puissance, et on aimerait presque voir le film qu'ils vont voir au cinéma. En bref, j'ai eu quelques fou-rires en regardant cet anime : conséquence logique, je vous le recommande. Voilà qui est fait.

06 juillet 2005

Transparent 6

J'ai un aveu à vous faire : je ne suis pas un otaku. Si si, même si ça me fait mal aux seins, j'avoue que je vous ai menti depuis tout ce temps. Je faisais croire que je passais mon temps à lire des mangas, mater des DVD et jouer à des jeux vidéo en bouffant du Nutella et en écrivant pour un site que personne ne lit, mais c'est pas vrai. Tenez par exemple, en réalité, j'ai profité de la soirée pour aller faire du jogging, même si je me suis vautré dans un chemin tout plat comme une grosse buse en écoutant du Minmi (*) dans mon lecteur de MP3 - c'est d'ailleurs bizarre, les informations que le cerveau vous envoie alors que le sol se rapproche ("protège tes doigts, t'as un article à écrire ce soir" - résultat, je me suis écorché la paume droite).

Pourquoi ce mensonge ? A cause de Keul, vous savez, le gentil garçon qui tape du PHP. Ceux qui lisent le site depuis un bout de temps ont pu lire son article sur le manga Transparent (Satorare), écrit à l'occasion de la semaine "quartier libre" où les lecteurs publient leurs textes dans cette colonne. Ce que vous ne savez pas, c'est qu'il est devenu raide dingue de cette série si particulière et figure de proue de ces mangas "moches-mais-le-scénario-fait-tout". Dingo-fanatico-évangéliste. Si j'ai le malheur de me connecter sur ICQ, c'est un popup de Keul dans les 5 secondes qui suivent et un "t'as lu Transparent ?". Si lors d'une discussion anodine, je lui dis que j'ai fait un tour de mes crèmeries à mangas, la riposte "t'as acheté Transparent ?" est inévitable. La solution était évidente : ne rien faire, ou laisser flotter l'idée que je ne faisais rien. D'où réponses à base de "nan je suis pas sorti" et "je peux pas je regarde du hentai là" ou encore "ah oui mais y'a Sakura Taisen 5 qui est sorti aujourd'hui et j'ai trouvé une boutique qui va avoir un exemplaire de l'édition limitée à 1200 exemplaires mais ils vont la vendre à 250 € et on sait pas ce qu'il y a dedans mais les fans parmi les clients commencent déjà à se jauger dangereusement pour savoir qui la prendra et va y avoir un mort c'est sûr" (authentique). Je suis un otaku occupé, pas le temps de m'occuper de mangas douteux !

Et finalement à l'Epitanime, le même Keul m'a orienté vers le dépôt vente où les 5 premiers volumes de ce foutu manga étaient disponibles. 15 minutes plus tard, un orga et ami est venu me voir pour vérifier si j'avais vraiment réservé ces livres "avec des dessins moches dessus et pas de filles nues dedans". Il y a quelques jours, j'ai pris le volume 6 fraîchement paru et le vendeur m'a fait à peu près la même remarque lors du passage à la caisse.

Ainsi donc, Transparent est putain de moche. Même après l'arrivée de quelques assistants, c'est toujours atroce et ça semble même empirer dans ce volume 6 (le personnage de Lin Katagiri qui était toujours très jolie me semble assez moche dans ce tome). Côté histoire, vous êtes déjà au courant : on suit quelques cas rarissimes de "transparence", une maladie (fictive bien sûr ! ) où le patient, au QI prodigieux, émet à son insu toutes ses pensées dans un rayon de plusieurs dizaines de mètres autour de lui. Au Japon, le gouvernement fait jouer la mascarade aux civils et s'assure que ces trésors de la nation soient utiles et ignorants de leur condition. Il y a un enfant, un médecin (soumis au secret médical ! ), une adolescente à qui ses parents ont conseillé de toujours dire ce qu'elle pense pour limiter la casse... Les tranches de vie de ces transparents se succèdent au fil de volumes.

Hélas, certains personnages disparaissent rapidement de la série ou quelques chapitres sont complètement inutiles. Dans les pages laissées à l'auteur en fin des volumes reliés, on apprend que l'histoire aurait dû se limiter au premier chapitre, à l'origine un one-shot - sauf qu'évidemment, la dictature des lecteurs a demandé une suite... ou que le dessin est mauvais parce que Makoto Sato écrit son scénario jusqu'à la dernière minute, quand il n'hésite pas à avouer qu'il lui arrive d'être en panne d'inspiration (si j'ai autant hésité à commencer cette série, c'est bien parce que je craignais qu'elle ne tienne pas la durée avec un scénario de base aussi complexe et risqué). Le résultat est donc à la hauteur : la qualité graphique est constante (elle reste bien mauvaise) et l'histoire est parfois inégale. Mais l'idée est si originale, et son traitement si adulte (il y a de grands moments dans le traitement des transparents dont la cruelle réalité est paradoxalement si humaine - comprenne qui pourra) qu'on finit par être envoûté. Ca s'adresse vraiment aux patients, qui sauront passer outre le dessin passable et les sautes de qualité narrative... Sûrement que ça finira mal pour la plupart des personnages, à moins que le manga ne se prenne un coup de hache sur la nuque parce que les lecteurs en auront marre, mais il y aura quelques morceaux de bravoure avant le crash - il y en a déjà dans les volumes parus chez nous.

30 juin 2005

Stairway To Heaven

J'ai en ce moment sur le bureau un beau livre trouvé par mon paternel chez un bouquiniste : ça s'appelle tout bêtement "Japon", texte et (superbes) photos par un certain Nicolas Bouvier, aux éditions Rencontre, et la première édition en ma possession date de 1967. Ne vous fatiguez donc pas à le chercher, il doit avoir disparu de la circulation depuis un bon bout de temps. Comme des milliers de gens le font aujourd'hui sur le Net, il raconte le Japon, et comme si peu de gens en font l'effort, il raconte l'insaisissable ambiance qui y flotte. Ca ratisse large, passant de ses expériences personnelles à l'Histoire ou à l'économie et la bouffe. Le passage sur la tentative d'évangélisation du pays par le Vatican (grosso modo, les japonais furent choqués par l'intolérance d'une religion qui reniait toutes les autres, abhorrait la sodomie et envoyait leurs ancêtres chez Lucifer parce qu'ils n'avaient pas été baptisés - alors ils éradiquèrent les chrétiens) est incroyablement proche de l'article correspondant dans l'Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, que Werber publiera 30 ans plus tard.
Au début du livre, Mr Bouvier explique également les "Kami", ces divinités multiples, parfois obscènes mais toujours terriblement humaines par leurs caractères de cochon et leurs conneries qui sont le terreau des croyances populaires de l'archipel. Dans les quelques histoires racontées, on retrouve d'ailleurs des noms que l'on aperçoit dans d'autres oeuvres faisant appel à la mythologique japonaise, et l'auteur rappelle non sans ironie que des histoires de couple à la femme bouffée par les vers au retour des Enfers ne sont pas plus tordues que la naissance d'un dieu dans une étable avec trois pèlerins et deux animaux... Mais ça n'empêche pas les occidentaux de tout poil et de toutes les époques de trouver tout ce folklore bien incompréhensible au mieux, bien ridicule au pire. Notez que ça marche dans les deux sens : quand le Japon imagine le christianisme, ça donne Chrno Crusade. Ce n'est la faute à personne, au fond : on touche au noyau dur d'une culture des plus difficiles à appréhender - et si c'était si facile de comprendre son prochain, il n'y aurait pas de guerres et on parlerait tous en javanais.

Mon copain Blacksad, décidément abonné aux mangas bizarres, m'a donc montré le premier volume de Stairway To Heaven par Makoto Kobayashi (nom ou pseudonyme ô combien générique, donc je n'ai pas fait l'effort de chercher sa bibliographie), paru chez Pika dans la collection Senpai ; 4 épais volumes en tout. Rien que le scénario plonge le lecteur non-bridé dans un silence perplexe : une femme médecin qui a consacré sa vie à l'humanitaire et sauvé des milliers de vies se retrouve devant le Saint Pierre japonais, qui lui refuse le septimème ciel et décide de l'envoyer dans "l'Enfer du Plaisir" (ou le stupéfiant nom original : "Chichon Manchi" ! )parce qu'elle est (était) toujours vierge à 92 ans. La voilà condamnée à errer dans sur une île peuplée de puceaux mal intentionnés pour trouver l'amour et enfin accéder au paradis.
A l'arrivée, c'est du Jurassic Park en version crade : les animaux vont du serpent couvert de langues au canard avec un bec en forme de phallus en passant par le classique arbre tentaculaire. Car oui, les animaux ont un amour pur, contrairement aux hommes qui ne sont pas des saints ; résultat, on voit à peu près toutes les 10 pages une femme en train de batifoler avec un ours ou un tigre. Certains vendeurs de mangathèques présentent ça comme de l'humour érotico-dégueulasse comme en faisaient Gotlib ou Reiser il y a quelques dizaines d'années... Autres temps, autres moeurs, ou était-ce simplement parce qu'ils étaient doués, eux ? L'auteur précise que Stairway to Heaven n'est que la "mise à jour" graphique d'un de ses mangas précédents (à point dénommé Chichon Manchi)... Sauf que je n'aimerais pas voir la version originale tant celle-ci est dénuée d'intérêt ; le trait est générique, rond et propre, du style passe-partout digne des années 80. Quel que soit le sentiment à faire passer, toutes les expressions faciales sont identiques : surprise, joie, peur, tristesse, tous les visages ressemblent au mien devant un miroir quand je m'épile les poils du nez dans un élan de masochisme auto-infligé. Ce n'est ni érotique, ni drôle, ni même intéressant, mais on peut le réserver au public adolescent émoustillé devant des images cochonnes... Quoique ; nous vivons dans un monde où l'on peut taper son propre nom de famille dans Google et se retrouver avec des photos d'une femme suçant un chien (*), alors je pense que même cet argument joue en la défaveur de Stairway to Heaven. A dégager.

21 juin 2005

Futile ?

Décidément, j'ai bien des mésaventures dans les magasins ces derniers temps.



Aujourd'hui, dans le rayon DVD d'une boutique de jeux vidéo/animes, une petite fille d'à peine 10 ans s'est retrouvée nez à nez avec un film hentai. Une erreur des vendeurs ou un client distrait, sans doute. Tous des incapables. Et le film, pas du menu fretin, le genre à avoir une fille qui se fait violer par des tentacules sur la jaquette, et c'est justement ce qu'il y avait sur cette dernière. Pas de nom, ne faisons pas de publicité pour ces produits douteux. La petite ne disait rien, elle observait la pochette en silence, ne la quittait pas des yeux.



Et moi, comme un con, je ne savais pas quoi faire. J'ai commencé à paniquer intérieurement en m'agitant extérieurement. En faisant le tour de l'étagère, j'ai vu ses yeux : bleus, sous des cheveux blonds, au-dessus d'une robe blanche, et atrocement concentrés. Même le texte en français sur la pochette était obscène, et elle devait déjà l'avoir mémorisé. L'image était explicite et un peu trop trompeuse sur les secrets de la reproduction. Réagis, pauvre con, au lieu d'assister à cette tragédie. Tu es le seul à voir ce qui se passe, son papa est planqué quelques rayons plus loin. Que faire ? Appeler un vendeur ? Il sera là trop tard. La police, la brigade des moeurs ? La dernière fois que tu as fait ça, c'est toi qu'ils ont emmené. Calme-toi et fais quelque chose.



Silencieusement et par-dessus sa petite tête, j'attrape l'objet du crime et le remets à sa place, dans l'étagère tout en haut. Le temps que j'agisse, je crois qu'elle était déjà en train de regarder autre chose. L'incident était clos... mais avais-je été trop lent ?



Ca, c'est la question qui me hante encore, sûrement pas pour le plaisir. Et si à cause de ma lenteur, à cause de mon manque de perspicacité... je venais de créer une actrice de film porno ?

10 juin 2005

Raton-Laveur.net - Epitanime 2005

Allez le lire. Maintenant.

Au fait... Comme chaque année, il reste quelques erreurs et les orgas m'envoient leurs suggestions, leurs anecdotes ou leurs photos pour en rajouter à ce rapport qui reste chaque année le dossier officieux de la tanime. Donc oui, il a déjà eu quelques éditions et il va y en avoir d'autres dans les prochains jours. Vous allez me dire, pourquoi ne pas le montrer à l'association avant publication ? Tout simplement parce qu'on ne doit pas publier ce genre de truc 107 ans après l'évènement. Voilà voilà, donc pensez à retourner le lire dans quelques jours. Et aussi : si vous trouvez que je parle pas assez du cosplay, c'est tout simplement parce que d'autres se chargent de prendre les photos, d'où les liens vers les conséquentes collections de clichés fournis en fin de texte. Bonne lecture !

Enfin, j'ai oublié les préliminaires cette année : l'intro me semble un peu courte, et j'ai oublié la déclaration d'intention. Dont acte, puisque je la mets là.
Ce document est mon rapport bien personnel sur Epitanime 2005. J'ai payé mes tickets pour entrer, je ne fais pas partie des organisateurs ou d'une assoce ayant participé à la convention... Mais comme j'écris chaque année un gros dossier sur cette dernière, l'équipe a décidé comme l'an dernier de me filer un badge "orga" passe-partout pour que je réalise un rapport relatant également l'envers du décor. Pour info, ceux qui ont eu un badge "presse" étaient limités aux mêmes zones que les visiteurs, donc encore merci aux orgas pour leur confiance. Le texte aborde donc la convention vue par les visiteurs mais également par les organisateurs, et il permet aussi d'expliquer les raisons derrière un truc qui marche ou un truc qui foire. Ca reste cependant un rapport subjectif, donc je donne mon avis sur pas mal de choses et il y peut rester quelques erreurs parce que j'ai été tout seul pour tout voir sans trop dormir, écrire tout ça, prendre quelques centaines de photos et filmer à la DV... donc si vous avez un truc à ajouter, envoyez un petit courrier !

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