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Langues parlées : anglais (bilingue), japonais (otaku), l33t (nolife).

Japanime

28 octobre 2004

Début de saison TV au Japon, épisode 5: W Wish

Pareil que pour Final Approach: harem anime, 5 filles, une qui sera choisie et que même un clébard il devine laquelle rien qu'en regardant le générique, sur la vie d'ma mère. Il y en a une autre qui jouera un simulacre de compétition, les 3 dernières feront office de figurantes, et vous avez déjà compris que c'est à éviter. Attendez-vous aux situations légalement requises dans ce genre de bouse: après-midi à la plage, hésitations sur la relation, autres persos masculins relégués au rang de faire-valoirs, gnagnagna-onii-chan-gnagnagna-kawaii-gnagnagna-daisuki-desu-gnagnagna. Là encore, un producteur tape mollement du poing sur la table en demandant à ajouter un élément scénaristique qui différenciera la série du reste des adaptations de jeux vidéo pour adultes: allez hop, le couple désigné sera un frère et une soeur. Cette dernière étant d'ailleurs mise en voix par Ai Shimizu, la seiyuu de Karen dans Onegai Twins, autre anime militant des mariages dans la même famille et dans lequel elle n'a apparemment pas pu épuiser son quota légal d' "oniiiiiii-san". A l'autre bout du monde, un raton-laveur soupire.
Je vous renvoie bien évidemment à l'article sur Koi Kaze, dans lequel je suppute que 2004 est l'année de l'Inceste au Japon. Peut-être qu'ils font ça pour voir quand est-ce que quelqu'un dira que ça va, les relations consanguines, ça suffit. Ou alors les auteurs sont eux-mêmes issus de ce genre d'accouplement. Voire que c'est dans le but de dégoûter le reste du monde et limiter les exportations d'animes - par égoïsme territorialiste, quoi. Toujours est-il que maintenant que Twins est fini, l'anime de W Wish arrive trop tard, à moins qu'on parle du timing pour faire la pub de la réédition du jeu vidéo, j'en sais rien. Ceux qui ne sont pas au courant de l'activité passionnante du tout aussi captivant monde des jeux pornos hurleront juste au plagiat: le frangin il a une vie de couple avec sa soeur, une autre fille vient mettre son bordel, le réveil hormonal du mec le fait hésiter entre les deux, il choisit sa soeur après une flopée d'épisodes inutiles et une déposition au commissariat du coin, fin. Un suspense à en avoir le souffle coupé!
Alors, qu'est-ce qu'il y a à sauver dans cet anime, à part l'hilarante coupe de cheveux en casque "Mireille Mathieu" de la soeurette? Pas grand chose, mais je tenais à souligner le ridicule capillaire du personnage. Et qu'on ne me dise pas que je suis trop vieux ou intello pour aimer ce genre d'anime: disons juste que c'est du déjà vu: les mêmes gags, les mêmes histoires, les mêmes personnages - il y a largement mieux à regarder en ce moment, on en parlera dans d'autres articles. En bref, W Wish: circulez, y'a rien à voir.

26 octobre 2004

Début de saison TV au Japon, épisode 4: Final Approach

Harem Anime de base: 5 filles, un mec, humour réchauffé depuis une bonne décennie, techniquement rien de spécial. Un producteur s'est levé dans le studio et a hurlé qu'il fallait ajouter un petit quelque chose pour que la bête ne disparaisse pas dans les tréfonds de l'oubli. Qu'il en soit ainsi: le perso féminin principal fera son entrée dans le premier épisode par la fenêtre et en parachute, sujet d'une expérience du gouvernement pour être la femme parfaite du héros. Eloignez les plus jeunes de l'écran, parce que l'argument avancé risque de faire exploser les cerveaux les plus faibles: le Japon manque d'enfants, alors ce projet gouvernemental a pour but de repeupler le pays. Donc, monsieur perso-principal-totalement-insipide-dont-tout-le-monde-a-déjà-oublié-le-nom (et qui vit seul à 17 ans avec sa soeur de 15 ans, suivez mon regard), tu joues au docteur avec la fille ou c'est la taule sans passer par la case départ et sans toucher 3000€. Vlan.

Début d'une parenthèse.
Gouverment japonais, laisse-moi assumer mon rôle de français stéréotypé donneur de leçons pour te filer quelques infos. D'abord, pas besoin de se casser le cul avec des histoires de sélection de mâle et de femelle pour assurer la reproduction: la dernère fois que j'ai vérifié, c'est tellement facile et amusant de faire des gosses que n'importe quel abruti peut s'en occuper - c'est sûrement à cause de ça qu'il est si difficile de trouver quelqu'un qui soit foutu de poser correctement une tapisserie. Et entre nous, c'est même un argument sacrément cliché pour justifier une relation sexuelle. Secundo, s'il faut que les japonais soient moins effrayés par l'acte proprement dit, peut-être qu'il est temps d'arrêter de mettre des tentacules dans tous les animes de la Création. Ensuite, une petite réfome de la constitution-diktat d'après-guerre pour enfin retirer ces putains de mosaïques dans les films pornos ne coûterait pas bien cher et ouvrirait un peu plus les frontières. La preuve: j'ai montré une version non censurée à un copain, qui a découvert que la censure ne servait pas à cacher appareils génitaux et autres pilosités, mais à protéger la fierté des japonais. Découvrant qu'une fois au Japon, il serait considéré comme Rocco Siffredi malgré la taille vraisemblablement ridicule de son engin, il est actuellement en train de remplir une demande de passeport à usage unique pour ce pays, havre de femmes en fleur. Enfin, c'est ce qu'il pense. Personnellement, j'ai comme tout un chacun fini par développer un filtre optique interne qui élimine toute perception de mosaïque; ça pose parfois problème devant le Mode 7 de la Super Nintendo, mais c'est un autre problème.
Fin de la parenthèse.

Pour en revenir au cas Final Approach, on peut donc affirmer sans frémir que cet anime n'a strictement aucune prétention. Même le coup du héros entouré de filles contre son gré a déjà été fait (*tousse*Hanaukyo Maids*tousse*), ce qui aide vaguement le téléspectateur à relativiser sur sa propre condition, lui qui aurait déjà fait l'intégrale du Grand Culbuto avec la demoiselle avant la fin du premier épisode. D'ailleurs, n'oublions pas que la chose est issue d'un jeu vidéo hentai, tout comme W Wish, l'autre anime diffusé dans la même tranche horaire (nommée Princess Hour, puisque le studio à l'origine des deux jeux est Princess Software). Evidemment que ces animes ne sont pas pour autant réservés au public adulte! Ils font juste partie de la flopée de productions en provenance de cette f(r)ange prolifique (devrais-je écrire féconde?): Kimi Ga Nozomu Eien, les deux Onegai (Teacher et Twins), Kanon et Air (studio Key), Nurse Witch Komugi-chan, Popotan... Trop peu de gens le savent et ça ne les empêche pas pour autant de jouer les vierges effarouchées devant un jeu de cette trempe. Du coup, ils portent aux nues les adaptations moe-moe, continuent à mépriser le marché hentai, et la boucle se répète. Que ce paragraphe serve de leçon à celles et ceux qui l'ignorent: la production pour adultes est à prendre avec le reste. Les autres viennent de se trouver un argument en béton pour justifier leurs DVD douteux.

Cette discussion autour d'animes plus insipides les uns que les autres est en train de liquéfier ma conscience. On la continuera en parlant de W Wish.

25 octobre 2004

Mais ils mettent quelque chose dans l'eau ou quoi?

Au Japon, les bâtiments sont équipés de deux conduites d'eau: une qui fournit les évacuations des toilettes en eau retraitée, et l'autre qui fournit en eau pure pour les ablutions et le reste. Oui, cette info n'a rien à voir avec ce qui va suivre.
Le premier épisode de Kannaduki No Miko (ou "Kannazuki No Miko", au choix; "conseillé" par S13 dans les commentaires de l'article sur My HiME / Mai HiME) se termine sur un plan fixe qui résume tout.



Au premier plan, une fille (la plus populaire de l'école, arrivée à dos de cheval et armée d'un arc) roule un patin furieux à l'héroïne (qui vient de découvrir que tout ce qui lui manque pour être heureuse est un abonnement à Pink TV - surtout qu'on y voit des animes). Derrière cet émouvant couple, un mecha, qui est en fait le garçon le plus populaire de l'école - je n'invente rien. Il vient de battre un monstre au design pompé sur le quatrième Ange de Neon Genesis Evangelion, en train d'exploser dans un éclat de lumière également semblable à l'oeuvre d'Hideaki Anno. Encore une fois, nous sommes présentés à cette débauche de genres dès la fin du premier épisode.
Vous vous souvenez de l'épisode "Le Cerveau" des Simpsons (n° BABF22)? Au début, la famille visite un festival de l'animation, et Bart y voit un anime. Parodie assez hilarante où un loup-garou crache une toile d'araignée sur une fille à gros yeux, cette dernière se libérant en se faisant pousser une queue de sirène en métal. Lisa objecte la continuité de la chose à son frère, celui-ci répondant que c'est sûrement dû à la créativité des auteurs. Allons-nous retomber dans ces stéréotypes délirants des années 80? La saison télé vient de commencer, tout le monde est encore en train de trier le bon grain de l'ivraie, mais je commence à envisager de faire une marque sur mon bureau pour chaque "WTF" prononcé à haute voix. Comme si des animateurs, malmenés d'un projet à l'autre, venaient de créer une coalition secrète pour normaliser la production. Imaginez la conversation dans une cave sombre, autour d'une table drapée de noir:
-Conspirateur 1: Purée, j'ai bossé sur Love Hina, Gundam puis Gantz sans prendre de vacances! J'ai dû passer des nuits à me réhabituer à dessiner chaque genre!
-Conspirateur 2: Pareil! J'arrive plus à faire le moindre cellulo de petite culotte sans ajouter des implants cybernétiques quelque part (sanglots).
-Conspirateur 3: Marre de faire du Super Deformed, puis du Ghost In The Shell, avant d'être envoyé sur du hentai; faut trouver une solution!
-Conspirateur 4 (dans une voix sifflante): On a qu'à envoyer des ssssscénarios de notre cru aux producteurs, qui mélangent tout ce qu'on sait dessssssiner.
-Conspirateur 5: Ouiiii, comme ça on ne fera plus la différence... Qu'on me donne une feuille de papier pour écrire une liste de tout ce qu'on sait faire et qui est cool.
-Conspirateur 6 (levant la tête d'un rail de coke): Je vois des robots qui protègent des lesbiennes!

Non pas que ce soit systématiquement mauvais, mais ces croisements "mecha-romance-humour-fan service-aventure-baston-ajoutez votre genre favori" semblent être la nouvelle tendance, et je doute que ce soit pour le meilleur. Plaignons les éditeurs de DVD quand ils devront étiqueter certains animes actuellement en cours de diffusion... En attendant, sortez le Doliprane.

22 octobre 2004

Gankutsuou

A ma gauche, le Comte de Monte Cristo, écrit par Alexandre "Les Trois Mousquetaires et mes nombreux nègres" Dumas. A ma droite - ou plutôt, à l'Est- , le Japon. Envoyez l'un dans la gueule de l'autre à une vitesse d'environ 253 km/h et vous obtenez Gankutsouou. Autrement dit, un remix nippon d'un pavé de la littérature française dont la couverture est affublée depuis quelques années de la bouille de Depardieu. Précisons: un remix cyberpunk, avec des vaisseaux spatiaux, des rave parties et des lumières qui font mal aux yeux. Pondu par le studio Gonzo (qui bosse aussi sur l'anime HellBoy, joie), réalisé par Maeda Mahiro (Blue Submarine n°6 et les deux épisodes de la Deuxième Renaissance dans l'Animatrix), mis en musique par un français, narré du point de vue d'un personnage tout à fait secondaire dans le roman original. Sur le papier, ça commence un peu mitigé, n'est-ce pas?

Commençons par une séance de rattrapage pour les gens qui n'ont pas lu le bouquin (ou pire, sont passés par le téléfilm). Militaire trahi par ses pairs, arrêté le jour de son mariage, jeté en prison où il rencontre un vieillard qui lui confie l'emplacement d'un trésor avant de mourir. Le héros s'échappe, met la main sur le jackpot, refait surface sous le nom de Monte Cristo et bien déterminé à se venger de ceux qui lui ont pourri la vie. C'est là que je fais le lien avec l'anime: il aide un jeune aristocrate le vicompte Arthur de Morcef - qui est le fils de la femme qu'il devait épouser (Mercédès), cette dernière s'étant remariée... avec un pourri de première qui a obtenu sa richesse en faisant des choses pas très catholiques. C'est bon jusque là, j'ai perdu personne? Monte Cristo, devenu comte, pénètre la jet-set de Paris pour préparer sa vengeance en fouillant le passé de ses ennemis. Il leur pourrira la vie un à un; par exemple, il poussera au suicide le mari de son ex-fiancée. Voilà voilà. Gankutsuou nous conte donc la vengeance de Monte Cristo vue par le jeune Arthur de Morcef, le garçon qui l'aidera malgré lui à foutre le boxon et à "suicider" son père. Moi je dis, cool.

Je crois que tous ceux qui parleront de cet anime seront amenés à parler du style graphique: voici donc le paragraphe obligatoire en la matière. Gonzo a choisi d'appliquer des textures - assez baroques au demeurant - pour les vêtements ou les cheveux. Franchement dépaysant au début: vous vous souvenez des costumes à rayures dans Tintin? Le motif écossais était tracé à la règle et restait parfaitement parallèle malgré les mouvements des personnages d'une case à l'autre: un des grands mystères de la vie en ce qui me concerne. On a la même chose ici, mais les textures bougent avec la caméra ou quand un personnage se déplace. Bizarre, je vous dis. Mais aussi bougrement efficace: aucun aplat de couleur, des robes sublimes, du relief dans les chevelures comme on en voit rarement - d'autant plus paradoxal qu'on ne voit pas les mèches puisque les surfaces ainsi décorées n'ont pas d'autre trait! Regardez un peu les designs sur le site officiel pour vous faire une idée.
Pour le reste de l'univers, c'est donc un joyeux melting pot. Un futur assez coloré, dont les unions insensées des époques font penser à Cowboy Bebop... ou au Cinquième Elément. Oui, moi aussi je pensais pas que je citerais un jour ce film comme exemple. Mais l'influence sur les auteurs est clairement visible: dans le premier épisode, Monte Cristo fait son entrée dans un opéra alors qu'on entend la Lucia di Lammermoor! Sauf que contrairement à Besson, la cantatrice ne part pas dans un délire technoïde vomi par Eric Serra; au moins, le Japon a compris que mettre du classique dans un space opera était suffisamment cool en soi pour qu'on ne pas avoir à faire le kéké sur un synthé Bontempi. En voyant certaines femmes, j'ai aussi eu une pensée pour la "Princesse Insensible", un court-métrage en 13 épisodes de 4 minutes (réalisé par Michel "Kirikou" Ocelot) qui passait au milieu des années 80 sur Antenne 2 - ça nous rajeunit pas tout ça.

Le deuxième gros point fort de Gankutsuou est quand même la prouesse de bien raconter le roman de Dumas d'un point de vue différent. Même si ça peut sembler bizarre, pensez à Big Trouble In Little China de John Carpenter: même si Kurt Russel est le héros, le film suit son acolyte. A l'origine, l'histoire c'est "Monte Cristo est de retour, et il est pas content"; vengeance, coups de pute à répétition, ça va décalquer dans la soie. Maintenant, on suit un pauvre type manipulé qui va se faire broyer par notre comte, du coup devenu le méchant de service. Et qu'il est beau dans ce rôle: une sorte d'Alucard, monstre qui porte de gros chapeaux et qui sait faire les gros yeux pour montrer qu'il faut pas le faire chier. La scène de la guillotine ou l'arrivée chez les ravisseurs sont exemplaires.
En bref, la surprise de ce début de saison: graphiquement décalé, scénaristiquement aux petits oignons, génériques tip-top, habillage SF aussi bien assumé que le fantastique Cowboy Bebop... Ca commence très bien pour Gankutsuou, qui mérite donc qu'on passe outre l'idée - reçue - sur le papier, faisant penser à un Alexandre Dumas faisant un salto arrière triple Lutz double vrille piquée dans son caveau. Reste à savoir si ça va tenir ses promesses, ou en voyant plus loin, l'accueil qui lui sera réservé lors de sa sortie officielle chez nous. En attendant, à voir!



Post Scriptum: Au fait, je suis le seul à avoir repéré le nom d'Ilan Nguyen (journaliste chez AnimeLand, commentaire audio du DVD Tonari No Yamada-kun chez TF1 Vidéo et orga du forum des Nouvelles Images du Japon) en tant qu'interprète dans le générique? Parce que c'est quand même bizarre d'avoir des français dans l'équipe et de laisser la voix japonaise de Monte Cristo prononcer les phrases (en français!) au début de chaque épisode; je sais, la continuité avant tout, mais bon...

19 octobre 2004

Mai HiME / My HiME

(site officiel)

Yay, la nouvelle saison d'animes est là, telle un Noël avant Noël. Tout frais financés à coups de millions de yens, préparés par les esprits les plus fins du Japon qui ne sont pas encore devenus hommes politiques ou dessinateurs de hentai, vocalisés par des écolières qui ont trouvé autre chose que la prostitution pour payer leur troisième téléphone portable, regardés par des hordes d'otakus à 2 heures du matin, fansubbés par des étudiants en troisième mois de japonais et 6ème année de SMS, critiqués par des éditorialistes grippés dans des articles lus par un lectorat qui est un peu de tout ce qui est cité au-dessus, mais également particulièrement formidable dans le cas du présent site. Fin de la longue phrase d'intro suivie de l'avertissement pour ceux qui tombent sur ce texte au hasard de Google: ne criez pas, raton-laveur.net est un site qui aime la Japanime et les Jeux Vidéo. Let's Go!

Mai HiME (ou My HiME d'après le site officiel) ouvre donc les portes de la catégorie "grosse production", ici en provenance de la Sunrise. Autrement dit, l'anime techniquement bien sous tout rapport et dont l'univers tente de ratisser le plus large possible pour remplir les tiroirs-caisse. Ne pas s'attendre à de gros efforts intellectuels ou innovants, ne pas chercher bien loin, poser son cerveau avant de regarder, quoi. C'est pour ça que quand une prod' arrive à nous ressortir avec un brio particulier la même soupe qu'on bouffe depuis 25 ans, qu'il s'agisse de fan service (Love Hina), d'action qui dépote (Read Or Die), d'heroic fantasy (Full Metal Alchemist), des gros robots qui se mettent sur la gueule ("allez, encore une nouvelle saison de Gundam, on peut pas faire pire que G Wing après tout!"), on applaudit. Le reste du temps, on mate la chose d'un oeil distrait en cherchant les évolutions des techniques de dessin ou d'animation, en cherchant à trouver la prochaine star en matière de seiyuu ou de chara design. Fin du deuxième paragraphe d'intro, purée je suis en forme ce soir.

On dirait que les auteurs de Mai HiME ont pris une liste de tout ce qui est cool avant de scénariser ou dessiner quoi que ce soit. Voici donc la version 2004 de ce listing, aussi important que celui des courses chez Auchan:
-écolières diverses et variées, jupes courtes. Gros seins, gamines, fille mystérieuse à longs cheveux sombres - les autres peuvent avoir n'importe quelle couleur du spectre lumineux comme teint de crinière (Loi des Animes n°31). Mention spéciale si non pas une mais plusieurs d'entre elles ont un tic de langage débile et/ou entendu mille fois, genre l'éternel suffixe "-desu" à toutes les phrases.
-Flingues. Epées. Magie. Des trucs qui explosent, se font couper, détruire.
-Ninjas!
-encore des écolières. Ratisser large: stéréotypes de la fille excitée, de celle sous perfusion de Prozac, de la geisha soumise ou de la girl power de service. Kudos en cas de relation(s) lesbienne(s).
-Yuki Kajiura. Dites, si je préfère Yoko Kanno, ça fait de moi un élitiste ou juste un nostalgique?
-institution secrète. Points de bonus s'il s'agit du lycée où se réunissent les héros (Utena a touché le jackpot).
-fan service!
-des robots, ou au moins des dragons. Escaflowne a touché le pompon en combinant les deux.
-quelques références aux années 80 pour les téléspectateurs plus vieux. Je sais pas moi, des animaux cybernétiques armés (comme dans Bioman ou CosmoCats), des boules d'énergie à la DBZ et j'en passe.
Vous me voyez venir avec mes gros sabots: Mai HiME est un condensé de tout ça. Fille à gros seins fringuée en lycéenne pendant ses vacances voyageant sur un paquebot au milieu d'un lac (!), se découvrant des pouvoirs secrets et sauvant une gamine tenant une épée deux fois plus grosse qu'elle, attaquée par une ninja armée de flingues et accompagnée d'un chien-robot tirant des boules de feu qui détruisent tout le bateau avant d'arriver dans son lycée qui est en fait une couverture pour une organisation secrète: voilà le scénario du premier épisode, le tout avec une Yuki Kajiura qui ne se foule pas trop en fond sonore. Les relations lesbiennes arrivent par la suite, ne vous inquiétez pas.

On se sentirait presque vieux en bouffant un anime pareil, concentré de dizaines d'années de clichés et d'angles de caméra libidineux, fan service réduit à son sens primaire et originel: donner à l'auditeur ce que l'auditeur demande. Les nouveaux ont leur séance de rattrapage de tous les courants passés (ninjas, dragons-robots, aplats de couleur simplistes) et les anciens ne se sentent pas ringards en voyant que les "bonnes vieilles recettes" ne se perdent pas. Imparable. Et si on aime pas, soit on est un infidèle qui mérite d'être brûlé en place publique, soit on devient trop vieux et remater Evangelion serait un loisir plus approprié (amenant le nombre de rediffusions à un chiffre codable uniquement en hexadécimal). Rien à dire de plus, si ce n'est qu'il est encore un peu tôt pour juger de la qualité intrinsèque de la série - mais encore une fois, faudra pas non plus demander la lune.

Cette saison 2004-2005 s'annonce bien...

04 octobre 2004

Manquait plus que ça

Uuuuhhhh... WTF? Après les cartes à jouer et les jeux vidéo, il ne manquait plus que ça.

A noter que ce qui a pu filtrer de l'anime Viewtiful Joe n'a pas l'air mirobolant. On s'en fout: la saison anime 2003-2004 est bouclée, et franchement, ça n'a pas été une grande année. Vivement qu'on puisse voir ce que va donner, entre autres, Bleach avec des images qui bougent (BitTorrent: pub TV): premier épisode demain.

28 septembre 2004

Steamboy

Vous vous souvenez d'Akira, où Katsuhiro Otomo faisait péter la planète? Vous vous souvenez de Memories, où Katsuhiro Otomo faisait péter le travelling pendant 30 minutes, bien que ça n'ait aucun rapport mais que je tiens à écrire ça pour affirmer comme un gros otaku que j'ai vu Memories? Ben Steamboy, c'est Katsuhiro Otomo qui fait péter Londres.
Film d'action qui cartonne avec quelques pauses pour réfléchir ainsi que le casting habituel de persos pas manichéens pour un sou (quoique) et un univers S-F trop rarement utilisé, le Steampunk. Quand l'électricité ou l'essence est remplacée par la vapeur, quoi. La dernière fois que j'en ai vu, c'était dans le jeu vidéo Project Nomads. Et l'avant-dernière fois, c'était le film Wild Wild West, et il vaut mieux ne pas y penser. Inutile de revenir sur les douleurs de l'enfantement du projet: huit ans de conception, une vingtaine de versions du scénario, un mal de chien à réunir le plus gros budget de l'histoire de la Japanime. Pour rester dans la façade technique, on voit que le doublage des persos a été fait traditionnellement, autrement dit après l'animation; Akira était un des rares films à s'offrir le luxe d'inverser ces étapes pour un résultat plus réaliste. Aussi, le dernier argument avancé pour le délai du film (qui devait sortir au Japon en février pour finalement arriver en juillet) fut un retard causé par la scène finale, plus compliquée que prévu. Sauf que je n'ai pas vu de véritable "climax" final, à moins que l'on ne parle des 40 dernères minutes. En général, très peu de CGs et toujours super bien intégrés, un soin masochiste apporté à la vapeur qui n'est que rarement synthétisée, inventivité dans les mecha designs, animation sans faille. Bref, on voit où est passé le budget.
Ce texte est sûrement en train de partir dans le mur, parce que je ne sais pas par quel bout prendre Steamboy. D'un côté, on ne regrette pas son ticket de cinéma, on se laisse porter par l'histoire, y'a des références à gauche et à droite (Nadia, Sherlock Holmes, les anciens films du réalisateur, etc) et c'est du Otomo, quoi. De l'autre, tout un tas de petits trucs contreviennent à un plaisir sans bornes: ça va d'angles de caméra ou d'actions qui auraient pu être plus spectaculaires et qui sont juste sympas, du ressort comique parfois détendu, ou de personnages parfois inégaux - au fait, vous avez remarqué le comeback du Colonel d'Akira? En parlant des persos, le rôle de la fille va sans doute être l'objet d'un débat sans fin, du genre "Rei ou Asuka", sauf qu'il n'y a pas de Rei et qu'elle ressemble vraiment à la rouquine d'Evangelion. Sûrement que sa prestation a été tournée dans tous les sens de la farandole des scénarios, sûrement qu'elle ramassera son fanclub et qu'elle se refera dans le Steamgirl déjà annoncé et dont on a un avant-goût pendant le générique de fin; toujours est-il que j'ai envie de lui envoyer la tête dans une brique et oui, le film aurait été mieux sans elle.

En bref: bon film d'animation, sans plus. Le sentiment que les bords sont pas parfaitement lisses plane pendant le film; un peu inégal et c'est dommage, parce que techniquement c'est la folie. Même si je ne me suis pas ennuyé, Read Or Die ou Macross Zero restent au-dessus.
Vu dans une petite salle de cinéma indépendant, la seule dans la zone à diffuser le film. Soit le film était un peu sombre, soit c'était la projection qui était mal réglée; et puis bon, le son était pas assez fort.

27 septembre 2004

Sans faute

Dans l'épisode de GTO qui est passé aujourd'hui sur Canal+, Onizuka et son gang de motards (oui je sais, on dit "Bosozoku") portent un foulard avec un svastika dessus - symbole ô combien mésestimé en Occident. Je craignais de la part de Canal + ou de Kaze qu'ils réduisent la focale des plans, qu'ils les passent au Flame (station Silicon Graphics utilisée par le Vrai Journal de Karl Zéro pour les trucages vidéo), au carrément aux lance-flammes, voire l'épisode entier. Ils n'ont rien fait de tout cela: tu parles d'une version clean - et gardez le doublage plus que moyen hors de cette constatation, Canal + Numérique laisse le choix entre VO sous-titrée et VF. Dans un volume récent de Naruto édité chez Kana, il y avait une grosse note de traduction renvoyant à une page entière à la fin du volume pour mettre les choses au point. Forcément qu'au format TV, c'était pas possible. Et on ne risque pas de compter sur le chimpanzé de laboratoire récupéré sur GameOne qui fait office de présentateur pour dire quelques mots avant de lancer l'épisode. Situation épineuse, quoi qu'on en dise: C+ et Kaze ont-ils eu la bonne attitude? Faut-il diffuser une oeuvre absolument inchangée au risque de heurter certaines sensibilités, ou "adapter" au risque de dénaturer?

J'espère que je n'écris pas un article dans le calme avant la tempête. J'espère que demain matin, je ne vais pas écouter France Info pour apprendre qu'une association puritaine/familiale/religieuse/amitié-entre-les-peuples/politique/choisissez-un-groupuscule ne va pas prendre la mouche en faisant une énième méprise et demander l'arrêt de la diffusion. J'espère que depuis Familles de France, Télérama ou le Club Dorothée, la Japanime en France a traîné son lot de casseroles pour qu'on la laisse tranquille, surtout quand elle est à nouveau diffusée à un horaire de grande écoute et en version non massacrée, quoi qu'en dise FRA. J'espère que tout ce qu'on a fait depuis des années ne va pas partir en fumée à cause d'une poignée d'incultes pas foutus de comprendre quelque chose à un ésotérisme récupéré malgré lui par les nazis.
Serrons les fesses, comme on dit.

25 septembre 2004

Culture de navets

Pas besoin d'être anti-américain pour s'en rendre compte: quand quelque chose marche quelque part dans le monde, les ricains en font un remake maison. Exemple: la saga Ring. La version US passe en ce moment sur Canal+, et il ne s'agit que du film que l'on connait en plus cher: plus d'effets spéciaux, des prises de vue depuis hélicoptère à foison, et une Sadako/Samara qui devient le mouton noir du vilage parce qu'elle rend fous des chevaux qui l'empêchent de dormir (dans la version originale, c'était parce qu'elle prévoyait de mauvais évènements, comme l'éruption du volcan local, rien que ça!). Plus onéreux, mais pas plus effrayant.

Le hasard fait bien les choses: j'ai pu voir le long-métrage US direct-to-video de... Ken le Survivant! Et croyez-le ou non, c'est surprenant à bien des égards. N'empêche, ça reste un film de série Z avec un budget ridicule et des acteurs has been, donc forcément bien marrant à ses dépens.
Je commence par le plus important: l'acteur qui joue Ken. Il s'appelle Gary Daniels, et il a parfaitement la carrure pour interpréter la montagne de muscles que nous connaissons. Le gars est un ancien champion d'un sport de bourre-pif parmi tant d'autres et est encore plus carré que Schwarzie dans sa période Predator - c'est dire. Principal défaut de Gary: ses talents d'acteur le poussent à exprimer la douleur d'une façon un peu bizarre - mais comme Ken ne souffre pas beaucoup, on a pas trop l'occasion de le remarquer. Ainsi, la scène où Shin fait la cicatrice de la Grande Ourse à Ken permet d'admirer M. Daniels dans ses oeuvres: quand il a mal, il fait une bouche toute ronde et de gros yeux, un peu comme quand on renifle du caca fabriqué à partir de bouffe mexicaine. Bizarre, je vous dis. D'après la jaquette du DVD, le rôle par lequel on serait susceptible de le connaître est, je cite: "adversaire de Jackie Chan dans Niki Larson". Vous savez, Niki Larson! Le titre français d'un film hong-kongais sur un manga japonais à inspiration américaine! Créé alors que le mur de Berlin était toujours debout, City Hunter n'aura pas attendu la mondialisation pour ratisser large (posez vos flingues, j'adore Tsukasa Hojo). Si vous ne vous souvenez pas du film, c'est facile: à un moment, Jackie Chan se bat sur un yacht et entre dans une salle d'arcade à l'intérieur de ce dernier. Il fait un vol plané dans une borne Street Fighter 2 et se retrouve dans la peau de Chun-Li, avec chignons, bracelets piqués à Médor et toute la panoplie. Si vous ne l'avez pas vu, vous devez de comprendre que ce "joyau" de TF1 vidéo doit être maté.
Autre surprise, double celle-là: on voit le père de Ken. Ou son père adoptif qui lui a enseigné le Hokuto, le film n'est pas clair là-dessus; il apparaît carrément comme un fantôme revenu de par les morts (on voit même son squelette sortir de sous terre!). Et le côté "double" de cette révélation, c'est qu'il est joué par... Malcolm McDowell. Un grand monsieur qu'on se demande un peu ce qu'il fout là, mais qui n'a pas eu de grand rôle depuis sa prestation de l'Amiral Tolwyn dans les fabuleux Wing Commander 3 et 4, des jeux PC que j'adore. Bon, d'accord, c'est aussi le rôle principal de l'Orange Mécanique de Stanley Kubrick.

Mais la vraie question que vous vous posez, c'est évidemment: est-ce que c'est fidèle au manga, ou est-ce que c'est encore un truc vaguement inspiré comme le film de Street Fighter avec Ryu et Ken arnaqueurs de loubards et refourgueurs de pistolets à mousse? Arrêtez de pleurer nerveusement en pensant à ça, désolé d'avoir ressorti ce souvenir douloureux. Et Chun-Li était reporter, et Honda était son caméraman, et Jean-Claude Van Damme et Kylie Minogue qui... Allez, j'arrête, mais vos sanglots étaient rigolos à écouter. Donc, bonne nouvelle: c'est super fidèle, à l'exception de quelques écarts que l'on peut mettre sur le dos de la "liberté artistique".
Liste du glop glop: les persos ont gardé les noms japonais: Kenshiro, Shin, Julia, Bat, etc. Ken fait toujours éclater des têtes par simple imposition des mains, mais ne s'en sert que comme fatalités - il n'empêche que quand il a sorti à un méchant "c'est inutile, tu est déjà mort" juste avant le gros boum, la salle de projection a fait la hola. Salle de projection composée de mon salon, d'une Xbox pour lecteur DVD et d'un paquet de Prince goût Choco, mais je digresse. Les explosions de crânes sont plus proches des OAV Shin Hokuto No Ken que du manga ou de la série TV: on voit la tête enfler de façon sporadique, mais presque jamais de cervelle visible au moment fatidique (par manque de budget?). Le scénario reprend des moments-clé du début d'Hokuto No Ken et serre le tout en 1h25 sans que ce soit indigeste (ça reste un film US de baston après tout, puis bon, Ken c'est pas compliqué non plus...).
Liste du pas glop: Ken se bat hélas avec du kung-fu classique (mais bien quand même!), et les mouvements de Hokuto sont un peu ridicules: on dirait qu'il donne de petites tapes sur le corps de son ennemi! La petite Lin était, dans l'histoire originale, muette depuis qu'elle avait vu ses parents se faire massacrer - traumatisme qui existe vraiment. Dans ce film, elle est rendue aveugle à cause de la même chose (que c'est tordu!), et quand Ken la guérit, je suis étonné qu'elle ne fasse pas une rechute illico en voyant les gueules d'amour qui l'entourent! En ce qui concerne les "libertés artistiques": Bat meurt (alors qu'il faisait partie des rares à survivre dans le manga!), on a une grosse happy end bien convenue, et Julia ne se suicide pas - alors que dans la version française de la série TV, le doublage donnait: "Non Julia ne t'approche pas de la terrasse la rambarde n'est pas encore construite, JULIAAAAAAA! (chute, et plaf quelques dizaines d'étages plus bas) C'est un scandale, appelez-moi le menuisier!"
Mystère: la section "Product Placement" du générique de fin. Le "product placement", c'est quand un film fait de la pub ni vu ni connu pour divers machins. Ca gonfle le budget et ça coûte pas grand chose au montage. Sauf que franchement, dans un scénario post-apocalyptique, vous voulez mettre quoi comme produit? Des abris anti-atomiques? La seule chose qui importe dans Hokuto No Ken, c'est l'eau, et le film respecte ça. Or, le générique a un plein écran consacré au product placement, citant même Jolt Cola! Et on trouve beaucoup de marques de fringues, genre fringues de motards. Ah, tout s'explique: sans sponsoring, tout le monde aurait tourné à poil.

Au final, on obtient quoi? Un film de baston un peu convenu mais rempli de la bonne intention qu'est de coller à l'histoire dont il est adapté. On garde donc les inconsistences déjà existantes dans le manga (mais d'où ils tirent toute cette essence pour leurs motos?) et on en ajoute d'autres (pourquoi ils ont tous des blousons en cuir?). On compte trois lieux pour tout le film: un village de tôle, des plaines - en fait, un décor de ciel à 5 mètres derrière les acteurs puisque tout semble avoir été tourné en studio - et le palais luxueux à la fin (dont la vue extérieure me fait penser à trois pots de yaourt empilés). On alterne entre le pire (la scène des cicatrices, probablement filmée un lendemain de restau mexicain), le meilleur (l'entrée de Ken dans le palais de Shin: il faut croire que les scènes de baston dans un hall d'entrée sont toujours réussies), et de belles crises de rire (Shin qui balance des boules de feu!). On aurait pu avoir un carnage total - la VF de la série donne un aperçu -, on ne l'a pas eu. Autrement dit, mission remplie pour un film sans grande prétention.

22 septembre 2004

Jour de fête

Joyeuse sortie de Steamboy à toutes et à tous!

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