(Mardi)

Ah, mon préféré : le doublon de sauvegarde. Complètement illogique et barré. "Ah mais ma Dreamcast m'a déjà lâché, achetons-en une troisième au cas où". Les GrosPix seraient fiers de moi. Puis une quatrième, avant même que la n°2 ne crève. Puis pareil pour la playstation, surnommée "la machine à DDR". Idem pour la NES. Et la Mega Drive. On a du mal à le voir sur le cliché, mais la deuxième MD est japonaise. Toutes soeurs jumelles, toutes en parfait état de fonctionnement, au cas où. La politique de sauvegarde étendue aux jeux vidéo. Navrant.



Cette peur stupide du lendemain, c'est la faute à la Saturn. Pas la console, elle se porte très bien. Je parle des jeux. Cette pétasse - et je pèse mes mots - disposait du système anti-copie le plus stupide au monde, ce qui est sûrement la raison pour laquelle il a été rarement contourné. Voyez-vous, les informations authentifiant le disque, qui le différencient d'un vulgaire CD-R, sont situées sur le bord du disque. La zone la plus fragile et la plus exposée aux rayures. Comme si vous rangiez vos cassettes audio contre l'ampli 5000 Watts et les disquettes 3 pouces 1/2 sur le caisson de basses. C'est sur la Saturn que j'ai commencé à enregistrer un taux d'échec conséquent en essayant de lancer des jeux achetés en occasion, phénomène rarissime à l'époque des cartouches mais quand même moins fréquent chez "l'autre console 32-bits". C'est à cause d'elle que je demande à vérifier chaque disque avant de sortir la carte bleue ; même si le jeu accepte de démarrer aujourd'hui, est-ce que ce sera toujours le cas dans cinq ans ? Dans dix ans ? Ma cartouche de Legend of Thor marche encore à la perfection quinze ans plus tard, mais mon disque de Legend of Thor 2 sur Saturn tourne dans le vide depuis longtemps. Je dois avoir au moins trois exemplaires de SoulCalibur, tous en état de marche.

Parfois, c'est une autre peur du lendemain qui sévit : celle de ne pas retrouver un jour ce jeu qui me fait de l'oeil en ce moment même sur l'étagère. Ca, c'était Thunder Force IV (encore lui), aisé à trouver "à l'époque" mais que je n'avais pas acheté, déclenchant une chasse à la cartouche pendant quelques années une fois la Mega Drive retirée de la chaîne de fabrication. Et si à force de trouver des jeux Dreamcast, je venais à manquer de cartes mémoire pour tout enregistrer ? Autant faire des provisions. Et si la Metal Slug Anthology ou Twilight Princess GameCube devenaient introuvables demain ? Du coup, on emmagasine des titres tout juste moyens, choisis parce qu'on en avait entendu vaguement parler il y a longtemps ou parce qu'on a un souvenir nébuleux de la critique dans Player One... Mais ça aide aussi à trouver quelques perles. Dans cette frénésie débile, on en vient parfois à racheter le même jeu, réalisant après coup qu'on l'avait déjà. Et pendant ce temps, on passe à coté d'autres titres plus récents, édités par de petites entreprises indépendantes qui ont besoin de notre soutien, car risquant de se faire bouffer par les grands méchants loups, Ubi ou EA, au choix. Bah ; lorsqu'elles auront vraiment disparu, on prendra soin de se procurer leurs titres dans les bacs d'occases. En double exemplaire, si possible.

(Jeudi)