Revival
Lu dans Libé: Pif Gadget revient. Format mensuel et non plus hebdo, premier numéro de cette nouvelle génération paraissant le 1et juillet (en pleines vacances? J'ai connu de meilleurs moments de lancement). Pif-Collection.com a plus de détails... Et le gadget qui inaugurera la renaissance sera les "Pifises": des oeufs minuscules qui éclosent quand on les met dans de l'eau. De mon temps, on appellait ça les "Artemia Salina", c'était un des cadeaux les plus populaires du magazine et ils les ont remis à 3 ou 4 reprises. Manque de pot, ces bestioles ont paru dans le Journal de Mickey (copieur!) le mois dernier, ce qui va immédiatement faire croire aux mioches que Pif n'a aucune originalité... Si flinguer ainsi le départ d'un concurrent n'est pas ce qu'on appelle de l'espionnage industriel, je veux bien manger ma chemise. L'autre question étant l'origine première de la résurrection, puisqu'il y a généralement trois possibilités: des nostalgiques blindés de pognon (glop glop), des businessmen ayant retrouvé les ayant-droits (généralement alcoolique et/ou oublié), ou des méchants capitalistes cherchant juste une méthode facile pour faire du fric (pas glop pas glop).
Ces temps-ci, on parlerait presque de vague du revival: entre Saint Seiya ou Shin Hokuto No Ken, les Tortunes Ninja, Danièle Gilbert dans le purin, la collection Famicom Mini pour GBA de Nintendo et j'en passe, on tiendrait presque le miracle de l'immortalité. On peut comprendre ces pauvres médias sans le sou, tellement pauvres qu'ils recyclent même leurs pubs; ça coûte bien moins cher de ressortir un vieux truc déjà existant du placard que d'en inventer un nouveau. Et c'est plus sûr aussi, puisque la recette a déjà marché: Disney a bien encaissé avec ses suites en direct-to-video. France 5 a cartonné avec ses rediffusions de Captain Tsubasa/Olive et Tom, AB étant trop content de leur refiler la version 2002. Et pour l'éditeur français IDP, le marché des oldies est plus lucratif que les nouveautés. Pourquoi? Parce que c'est acheté par un spectre large: les nostalgiques qui fréquentent les Gloubi Boulga Nights (article délicieux sur le sujet), les fans de l'époque, les papas qui ont déjà offert le catalogue Disney entier à leurs mioches, et les papas nostalgiques - trop contents d'avoir une excuse pour rester devant la télé avec Junior. C'est une situation qui est en train de se populariser, au fur et à mesure que les otakus de la première heure trouvent un moyen de propager leurs gènes. En fait, ça va bientôt virer à l'élevage de jeunes fans, grandis en plein air et nourris au grain: une génération plus prometteuse que les industriels qui donnent du pokémon transgénique à leurs mioches - et ça, personne ne s'en plaindra.
Quoique: l'histoire a tendance à se répéter. Attention, le paragraphe qui suit s'applique uniquement à la télé hertzienne, puisque ce qu'on voit sur le satellite représente son futur. Résumons: dans les années 80, tf1 fraîchement privatisée investit en masse dans les dessins animés japonais, fournis par AB Productions et traduits au kilomètre. Années 90, Dorothée dégage et la chaîne jure que l'on ne l'y reprendra plus, alors que le CSA ressort ses quotas en imposant 40% de français et 60% d'européen dans la boîte à images. Les studios de ces pays refleurissent mais avec des budgets faibles car apeurés du risque face aux géants américains et nippons. Arrive ainsi un flot de bouses diffusées pour faire plaisir au CSA et donc soutenir un domaine français qui crèverait la bouche ouverte sans cela.
Arrive finalement le rouleau compresseur pokémon, diffusé par la première chaîne française et qui a la mémoire courte. Années 2000: réalisant que la case "jeunesse" n'est regardée que pour suivre les aventures de Pikachu, toutes les chaînes retournent faire leurs courses au Japon: à l'exception de CardCaptor Sakura pour M6, il n'y a pas de grosses prises de risque et c'est Maya l'Abeille qu'on ressort des tiroirs. S'ensuit la situation d'aujourd'hui: le retour 20 ans plus tard du petit écran, aussi bien sur la qualité technique des productions françaises/européennes que sur la Japanime qu'on y voit et qui elle est vraiment vieille de 20 ans!
Il reste deux raisons d'espérer sortir de cette boucle: d'abord, la diffusion de Love Hina sur France 2. J'ai déjà parlé de la VF étonnamment bonne, et on sait qu'ils auront les yeux rivés sur les résultats d'audience pour savoir si ça vaut le coup: qui plus est, c'est une bonne série dans une bonne case horaire face à une bonne audience, bref une bonne occasion qu'il ne faut pas rater.
L'autre raison d'espérer est pour bien plus tard: Molly Star Racer. C'est un animé pondu par des français fans d'animes, dont on a uniquement une bande-annonce (avec Ayumi Hamasaki en fond sonore) qui a fait le tour du Web. Ca ressemble furieusement à Star Wars Episode 1 (je parle pas de la mini-série vue sur Cartoon Network, mais des courses de pods dans le premier film), le studio a signé avec France 3 pour 26 épisodes qui passeront à la rentrée 2005. Autrement dit, c'est attendu comme la preuve qu'une collaboration franco-japonaise peut donner autre chose que des horreurs. Enfin, Ulysse 31 était franco-japonais, c'était cool mais c'était aussi il y a 20 ans... et il est récemment passé sur France 3. Encore du revival!
Ces temps-ci, on parlerait presque de vague du revival: entre Saint Seiya ou Shin Hokuto No Ken, les Tortunes Ninja, Danièle Gilbert dans le purin, la collection Famicom Mini pour GBA de Nintendo et j'en passe, on tiendrait presque le miracle de l'immortalité. On peut comprendre ces pauvres médias sans le sou, tellement pauvres qu'ils recyclent même leurs pubs; ça coûte bien moins cher de ressortir un vieux truc déjà existant du placard que d'en inventer un nouveau. Et c'est plus sûr aussi, puisque la recette a déjà marché: Disney a bien encaissé avec ses suites en direct-to-video. France 5 a cartonné avec ses rediffusions de Captain Tsubasa/Olive et Tom, AB étant trop content de leur refiler la version 2002. Et pour l'éditeur français IDP, le marché des oldies est plus lucratif que les nouveautés. Pourquoi? Parce que c'est acheté par un spectre large: les nostalgiques qui fréquentent les Gloubi Boulga Nights (article délicieux sur le sujet), les fans de l'époque, les papas qui ont déjà offert le catalogue Disney entier à leurs mioches, et les papas nostalgiques - trop contents d'avoir une excuse pour rester devant la télé avec Junior. C'est une situation qui est en train de se populariser, au fur et à mesure que les otakus de la première heure trouvent un moyen de propager leurs gènes. En fait, ça va bientôt virer à l'élevage de jeunes fans, grandis en plein air et nourris au grain: une génération plus prometteuse que les industriels qui donnent du pokémon transgénique à leurs mioches - et ça, personne ne s'en plaindra.
Quoique: l'histoire a tendance à se répéter. Attention, le paragraphe qui suit s'applique uniquement à la télé hertzienne, puisque ce qu'on voit sur le satellite représente son futur. Résumons: dans les années 80, tf1 fraîchement privatisée investit en masse dans les dessins animés japonais, fournis par AB Productions et traduits au kilomètre. Années 90, Dorothée dégage et la chaîne jure que l'on ne l'y reprendra plus, alors que le CSA ressort ses quotas en imposant 40% de français et 60% d'européen dans la boîte à images. Les studios de ces pays refleurissent mais avec des budgets faibles car apeurés du risque face aux géants américains et nippons. Arrive ainsi un flot de bouses diffusées pour faire plaisir au CSA et donc soutenir un domaine français qui crèverait la bouche ouverte sans cela.
Arrive finalement le rouleau compresseur pokémon, diffusé par la première chaîne française et qui a la mémoire courte. Années 2000: réalisant que la case "jeunesse" n'est regardée que pour suivre les aventures de Pikachu, toutes les chaînes retournent faire leurs courses au Japon: à l'exception de CardCaptor Sakura pour M6, il n'y a pas de grosses prises de risque et c'est Maya l'Abeille qu'on ressort des tiroirs. S'ensuit la situation d'aujourd'hui: le retour 20 ans plus tard du petit écran, aussi bien sur la qualité technique des productions françaises/européennes que sur la Japanime qu'on y voit et qui elle est vraiment vieille de 20 ans!
Il reste deux raisons d'espérer sortir de cette boucle: d'abord, la diffusion de Love Hina sur France 2. J'ai déjà parlé de la VF étonnamment bonne, et on sait qu'ils auront les yeux rivés sur les résultats d'audience pour savoir si ça vaut le coup: qui plus est, c'est une bonne série dans une bonne case horaire face à une bonne audience, bref une bonne occasion qu'il ne faut pas rater.
L'autre raison d'espérer est pour bien plus tard: Molly Star Racer. C'est un animé pondu par des français fans d'animes, dont on a uniquement une bande-annonce (avec Ayumi Hamasaki en fond sonore) qui a fait le tour du Web. Ca ressemble furieusement à Star Wars Episode 1 (je parle pas de la mini-série vue sur Cartoon Network, mais des courses de pods dans le premier film), le studio a signé avec France 3 pour 26 épisodes qui passeront à la rentrée 2005. Autrement dit, c'est attendu comme la preuve qu'une collaboration franco-japonaise peut donner autre chose que des horreurs. Enfin, Ulysse 31 était franco-japonais, c'était cool mais c'était aussi il y a 20 ans... et il est récemment passé sur France 3. Encore du revival!
Par Raton-Laveur le 12 juin 2004, 12:43 - Japanime - Lien permanent
Commentaires
Sachant que Pif Gadget appartenait (appartient encore?) au Parti Communiste Français, ça fait pas très sérieux... ^^
Tous les anime-fan en France ne sont pas des gros nostalgiques des séries des années 80 produits pas la Toho, heureusement que Raton est la pour nous le rappeler. Sinon, comment je ferais pour expliquer à mes parents qu'au japon c'est comme dans toutes les industries du divertissement, il y une tonne de bouses pour quelques perles rares, hein ? Et comment je ferais pour leur faire comprendre que pas tous les anime s'adressent à la tranche d'age des 6-12 ans ? :-D
Enfin on dit ça, mais y'a fort à parier que dans 20 ans on se tapera des rediffusions du voyage de chihiro et de naruto à la télé. Le repompage n'a rien de nouveau, et rien de glorieux, du coup il est relégué aux oubliettes de l'histoire.