Récits d'un vendeur de jeux vidéo, suite et fin
Résumé de la première partie: Raikoh est un commercial depuis 10 bonnes années. Il a raconté comment Sega ou sony embauchent des vendeurs opérant dans des grandes surfaces et payés à la commission dans une ambiance loin d'être rose... Nous nous étions arrêtés au moment où il revient sur le marché après une année de service militaire durant laquelle il fut amené à assassiner Ryoji Kaji.
Par le passé, ma première action dans le monde du travail avait été d'envoyer ma candidature à Sega et sony. Souvenez-vous que j'avais réalisé que la vente en masse, c'était pas mon truc car il était difficile de communiquer avec le client; pas besoin d'être fan pour aligner les Saturns dans les bras des mamans. Il fallait donc passer dans une boutique. Micromania? Je ne les aime pas. Le magasin médical qui aligne froidement les linéaires avec des vendeurs qui ne connaissent rien en-dehors des trois titres mensuels cités dans la newsletter du groupe, qui passe son temps à serrer la vis avec un argus plus qu'agressif, très peu pour moi. La course à la hype et au titre le plus récent, surfant sur la vague du jeu torché en 10 heures chrono avant d'en acheter un autre à 60€.
Premier magasin: une pauvre petite boutique comme il y en a des centaines en France: pas d'import, un rayon d'occases très fourni, un peu de PC et quelques paquets de cartes Magic sur le comptoir. Après avoir déposé CV et lettre de motivation, on me donne rendez-vous un matin... Pour me retrouver dans le magasin avec une vingtaine d'autres postulants. Autant de monde même pour une cabane aussi petite? Faut croire que les gosses ne grandissent plus avec le fantasme d'être pompier ou footballeur mais empileur de cartouches Game Boy... Tout le monde fut invité à se mettre en file indienne, puis les questions fusèrent pour séparer le bon grain de l'ivraie. Ca a duré toute la matinée jusqu'à ce qu'il ne reste que deux personnes, dont moi. A qui on a servi la soupe "on vous rappellera". Je sors un peu groggy mais prêt à tenter ma chance dans le magasin suivant... Et c'est alors que je croise dans la rue le directeur d'un magasin d'occasion que je fréquentais souvent. Par "magasin d'occasion", j'entends ces enseignes qui rachètent vos VHS de cul et vos CD des Hanson en échange de cash frais pour que vous puissiez acheter des DVD de cul et des CD de Sandy Valentino. Ah, tu cherches du boulot? Passe à ma crèmerie dans l'après-midi, je verrai ce que je peux faire.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Petite enseigne familiale de trois magasins dans le patelin et ses alentours; celui où je me suis rendu n'avait d'ailleurs rien de bien spécial. Trouvable au bord d'une route nationale, abrité dans un entrepôt, plus anonyme tu meurs. L'entretien d'embauche a pourtant pris toute l'après-midi: je suis passé tour à tour devant le directeur (celui que j'ai croisé dans le paragraphe précédent), le fils du big boss, et le big boss. Beaucoup de questions sur la famille et les substances illicites. Lorsque le gérant du magasin me ramène à la sortie avec le sempiternel "on te rappellera", il me promet que j'apprendrai beaucoup de choses dans cet emploi. De retour au bercail, les deux enseignes visitées me téléphonent pour me dire que je suis pris.
Et j'ai choisi le magasin d'occasion.
"Quoi! Au lieu de nous parler d'un vrai vendeur de jeux vidéo, raton nous parle d'un vulgaire employé dans un magasin d'occasions!" Sauf qu'on y vend toujours plein de jeux, et différemment en plus. Déjà, regardons comment ça marche "normalement". Quand vous allez vendre votre came dans n'importe quelle enseigne reconnue, vous avez affaire à un argus serré: par exemple, la plupart des titres de ce Noël sont repris une vingtaine d'euros pour être étiquetés 45€! Et un an après leur sortie, certains magasins ne lâcheront pas plus de 5€ pour des blockbusters, revendus 30€ ou 20€... Bref, le bénéfice est généralement une part de 2/3. Et évidemment, vous pouvez garder vos imports ou vieux collectors à la maison. Combien de boîtes devrez-vous vendre pour acheter cette nouveauté qui vous fait de l'oeil?
Comme je ne bosse donc pas pour un vrai magasin de jeux vidéo, j'ai donc tenté de faire les choses autrement. Mon patron est accro à la vieille règle du commerce "tu achètes 1, tu revends 2" (vous vous souvenez du sketch des Guignols de l'Info avec cet épicier arabe qui l'explique aux pontes de la World Company?); pour lui, une part de 50% est suffisante. Et qui vient dans les échoppes d'occasions? Les gens fauchés qui ont besoin d'argent frais en vidant leurs placards, et ceux qui ont du mal à acheter un lecteur de DVD ou un PC en passant par les circuits habituels. La famille nombreuse qui vit dans un appartement et dont les enfants jouent avec une NES depuis des années, le gamer étudiant comme je l'ai moi-même été 10 ans plus tôt, j'en vois tous les jours. Faut s'y faire: le jeu vidéo est un loisir de masse, et la masse n'a pas 60€ à dépenser tous les mois pour s'amuser un peu. Alors on accepte à coeur ouvert les cartouches Mega Drive, les NintendoScopes soigneusement remballés dans leur carton par des ados qui ont appris plus jeunes la valeur de l'argent ou les jeux autrefois importés à prix d'or. Les magasins classiques n'en veulent pas? Pourtant, à voir mes étagères, il y a un public pour ça: les gens peu fortunés, les rétrogamers comme vous et moi, ou les hardcore gamers trop contents de pouvoir revendre leur Stand Alone Complex japonais pour s'acheter ailleurs Romancing SaGa Minstrel Song. A l'achat, je vois parfois un gars débarquer avec un carton plein de cartouches NES avec un Metal Gear au milieu, un Seiken Densetsu 3 ou une PS2 modifiée à côté. L'argus est comme dans les petites boutiques, largement au feeling mais avec un coefficient plus faible... Et une revente en-dessous du marché. Quand le client passe sur la surface de vente et voit que son Need For Speed Underground 2 acheté 20€ est revendu 35€, il est conscient que je ne presse pas comme un citron, comparé à d'autres qui le remettent à 45€. Une mère de famille qui arrive avec une cinquantaine de jeux MD avec boîte et notice qui s'attend à en tirer 1€ par jeu et à qui je donne 200€, je vous garantis qu'elle repart avec le sourire et peut-être une PS2 avec quelques jeux si elle n'était pas trop raide sur son budget. Et un client content, ça revient. Je passe beaucoup de temps dans les rayons pour discuter avec les gens, satisfaits d'avoir un vrai joueur qui les conseille - et moi, je suis content de pouvoir partager ma passion pour le jeu vidéo ou d'apprendre des choses; c'est raton qui m'a appris Unreal Tournament 2004 ou Street Fighter 3 Third Strike, hein...
En tout cas, c'est pour ça que si vous passez dans "mon" échoppe, qui n'est qu'un magasin d'occasions de plus sur la carte auquel on ne penserait vraiment pas pour acheter ses jeux, vous serez surpris de voir qu'on peut trouver une WonderSwan ou une GP32, Steel Battalion (ah non, un de mes copains l'a pris -NDRL), en plus de nouveautés next-gen à un très bon prix. Les produits de loisirs (jeux vidéo, DVD, CD audio) représentent 30% du chiffre d'affaires... Alors le patron me fait suffisamment confiance pour que je tente des "coups". Acheter des produits peu orthodoxes chez Lik-Sang, comme des convertisseurs de manettes PS, des tapis DDR ou des manettes SNES, pas toujours faciles à trouver parce que personne ne semble réaliser que les gens en veulent. Ca ne marche pas à tous les coups: par exemple, j'ai tenté durant Noël dernier de vendre des jeux neufs dans le but d'inciter les gens à se débarasser de leurs occasions sous forme de bons d'achat. Ca n'a pas marché, et les disques sous cellophane prennent toujours la poussière.
Au fait, le marché du neuf est un autre mystère peu connu des joueurs: c'est une vaste arnaque. Exemple: pour un jeu que vous achetez 60€, nous l'achetons environ 40 à 45€ chez notre fournisseur. Sortez vos calculatrices, enlevez la TVA à 19,6% et réalisez que ce sont des cacahouètes qui tombent dans la poche de tous les magasins que vous connaissez. Quand ils vendent une Nintendo DS, c'est entre 1,5€ et 4€ qui tombent dans leur poche. Quand ils vendent un PES 4, ils encaissent 3,5€. Comment font-ils pour rester ouverts, me demandez-vous? Deux solutions: vendre énormément (et c'est pour ça qu'ils insistent autant sur les réservations et autres préventes: pour limiter les stocks d'invendus) ou faire son beurre sur l'occasion. Vous n'avez jamais remarqué que les rayons d'occasions sont parfois mieux fournis que ceux des titres encore sous blister? Le cas des hypermarchés est exemplaire, car eux ne vendent pas de jeux déjà utilisés (sauf dans les cas de "remballe", mais c'est un autre sujet!): souvenez-vous de votre enfance, quand vos parents allaient faire les courses et que vous les attendiez bien sagement au rayon des jeux vidéo... Bah oui, c'est à ça que ça sert: un argument pour motiver à bouger toute la petite famille le samedi après-midi - dont c'est bien souvent la seule sortie. Ils se foutent bien de faire du bénéfice sur ça - regardez les prix des nouveautés vendues 57€, soit à prix coûtant - mais ils peuvent y arriver en vendant des milliers d'articles, chose aisée pour les très grandes surfaces. On l'a dit, pour les autres revendeurs, sans le marché d'occase, point de salut. Si vous lisez entre les lignes, vous pouvez comprendre que les éditeurs de jeux vidéo se passeraient volontiers de nous: ils tolèrent l'occasion, car ils savent que l'interdire reviendrait à mettre tous les magasins en faillite. Alors ils tentent de limiter les intermédiaires... Il suffit de voir les initiatives comme les numéros de série ou Steam, rendant les jeux impossibles à revendre après le premier achat. Une époque est en train de se terminer.
Evidemment, comme au temps où je bossais pour Sega et sony, j'ai des anecdotes de commercial: quelques exemples de la misère humaine qui viennent vendre leur télévision pour payer le loyer, un gars qui me demande si nous avons "des films de cul avec des chevals" (sic), ma rencontre avec ce type qui fredonnait le générique de Sega Rally 2 devant une vitrine (c'est moi, pauvre tache! -NDRL). Ou cet homme radin qui gardait son congélateur dans son salon pour que la chaleur dégagée par son fonctionnement fasse office de chauffage - mais qu'il finira par vendre suite aux protestations de sa femme. Je vends surtout des jeux vidéo, mais pas comme les autres. Et j'adore ça.
Par le passé, ma première action dans le monde du travail avait été d'envoyer ma candidature à Sega et sony. Souvenez-vous que j'avais réalisé que la vente en masse, c'était pas mon truc car il était difficile de communiquer avec le client; pas besoin d'être fan pour aligner les Saturns dans les bras des mamans. Il fallait donc passer dans une boutique. Micromania? Je ne les aime pas. Le magasin médical qui aligne froidement les linéaires avec des vendeurs qui ne connaissent rien en-dehors des trois titres mensuels cités dans la newsletter du groupe, qui passe son temps à serrer la vis avec un argus plus qu'agressif, très peu pour moi. La course à la hype et au titre le plus récent, surfant sur la vague du jeu torché en 10 heures chrono avant d'en acheter un autre à 60€.
Premier magasin: une pauvre petite boutique comme il y en a des centaines en France: pas d'import, un rayon d'occases très fourni, un peu de PC et quelques paquets de cartes Magic sur le comptoir. Après avoir déposé CV et lettre de motivation, on me donne rendez-vous un matin... Pour me retrouver dans le magasin avec une vingtaine d'autres postulants. Autant de monde même pour une cabane aussi petite? Faut croire que les gosses ne grandissent plus avec le fantasme d'être pompier ou footballeur mais empileur de cartouches Game Boy... Tout le monde fut invité à se mettre en file indienne, puis les questions fusèrent pour séparer le bon grain de l'ivraie. Ca a duré toute la matinée jusqu'à ce qu'il ne reste que deux personnes, dont moi. A qui on a servi la soupe "on vous rappellera". Je sors un peu groggy mais prêt à tenter ma chance dans le magasin suivant... Et c'est alors que je croise dans la rue le directeur d'un magasin d'occasion que je fréquentais souvent. Par "magasin d'occasion", j'entends ces enseignes qui rachètent vos VHS de cul et vos CD des Hanson en échange de cash frais pour que vous puissiez acheter des DVD de cul et des CD de Sandy Valentino. Ah, tu cherches du boulot? Passe à ma crèmerie dans l'après-midi, je verrai ce que je peux faire.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Petite enseigne familiale de trois magasins dans le patelin et ses alentours; celui où je me suis rendu n'avait d'ailleurs rien de bien spécial. Trouvable au bord d'une route nationale, abrité dans un entrepôt, plus anonyme tu meurs. L'entretien d'embauche a pourtant pris toute l'après-midi: je suis passé tour à tour devant le directeur (celui que j'ai croisé dans le paragraphe précédent), le fils du big boss, et le big boss. Beaucoup de questions sur la famille et les substances illicites. Lorsque le gérant du magasin me ramène à la sortie avec le sempiternel "on te rappellera", il me promet que j'apprendrai beaucoup de choses dans cet emploi. De retour au bercail, les deux enseignes visitées me téléphonent pour me dire que je suis pris.
Et j'ai choisi le magasin d'occasion.
"Quoi! Au lieu de nous parler d'un vrai vendeur de jeux vidéo, raton nous parle d'un vulgaire employé dans un magasin d'occasions!" Sauf qu'on y vend toujours plein de jeux, et différemment en plus. Déjà, regardons comment ça marche "normalement". Quand vous allez vendre votre came dans n'importe quelle enseigne reconnue, vous avez affaire à un argus serré: par exemple, la plupart des titres de ce Noël sont repris une vingtaine d'euros pour être étiquetés 45€! Et un an après leur sortie, certains magasins ne lâcheront pas plus de 5€ pour des blockbusters, revendus 30€ ou 20€... Bref, le bénéfice est généralement une part de 2/3. Et évidemment, vous pouvez garder vos imports ou vieux collectors à la maison. Combien de boîtes devrez-vous vendre pour acheter cette nouveauté qui vous fait de l'oeil?
Comme je ne bosse donc pas pour un vrai magasin de jeux vidéo, j'ai donc tenté de faire les choses autrement. Mon patron est accro à la vieille règle du commerce "tu achètes 1, tu revends 2" (vous vous souvenez du sketch des Guignols de l'Info avec cet épicier arabe qui l'explique aux pontes de la World Company?); pour lui, une part de 50% est suffisante. Et qui vient dans les échoppes d'occasions? Les gens fauchés qui ont besoin d'argent frais en vidant leurs placards, et ceux qui ont du mal à acheter un lecteur de DVD ou un PC en passant par les circuits habituels. La famille nombreuse qui vit dans un appartement et dont les enfants jouent avec une NES depuis des années, le gamer étudiant comme je l'ai moi-même été 10 ans plus tôt, j'en vois tous les jours. Faut s'y faire: le jeu vidéo est un loisir de masse, et la masse n'a pas 60€ à dépenser tous les mois pour s'amuser un peu. Alors on accepte à coeur ouvert les cartouches Mega Drive, les NintendoScopes soigneusement remballés dans leur carton par des ados qui ont appris plus jeunes la valeur de l'argent ou les jeux autrefois importés à prix d'or. Les magasins classiques n'en veulent pas? Pourtant, à voir mes étagères, il y a un public pour ça: les gens peu fortunés, les rétrogamers comme vous et moi, ou les hardcore gamers trop contents de pouvoir revendre leur Stand Alone Complex japonais pour s'acheter ailleurs Romancing SaGa Minstrel Song. A l'achat, je vois parfois un gars débarquer avec un carton plein de cartouches NES avec un Metal Gear au milieu, un Seiken Densetsu 3 ou une PS2 modifiée à côté. L'argus est comme dans les petites boutiques, largement au feeling mais avec un coefficient plus faible... Et une revente en-dessous du marché. Quand le client passe sur la surface de vente et voit que son Need For Speed Underground 2 acheté 20€ est revendu 35€, il est conscient que je ne presse pas comme un citron, comparé à d'autres qui le remettent à 45€. Une mère de famille qui arrive avec une cinquantaine de jeux MD avec boîte et notice qui s'attend à en tirer 1€ par jeu et à qui je donne 200€, je vous garantis qu'elle repart avec le sourire et peut-être une PS2 avec quelques jeux si elle n'était pas trop raide sur son budget. Et un client content, ça revient. Je passe beaucoup de temps dans les rayons pour discuter avec les gens, satisfaits d'avoir un vrai joueur qui les conseille - et moi, je suis content de pouvoir partager ma passion pour le jeu vidéo ou d'apprendre des choses; c'est raton qui m'a appris Unreal Tournament 2004 ou Street Fighter 3 Third Strike, hein...
En tout cas, c'est pour ça que si vous passez dans "mon" échoppe, qui n'est qu'un magasin d'occasions de plus sur la carte auquel on ne penserait vraiment pas pour acheter ses jeux, vous serez surpris de voir qu'on peut trouver une WonderSwan ou une GP32, Steel Battalion (ah non, un de mes copains l'a pris -NDRL), en plus de nouveautés next-gen à un très bon prix. Les produits de loisirs (jeux vidéo, DVD, CD audio) représentent 30% du chiffre d'affaires... Alors le patron me fait suffisamment confiance pour que je tente des "coups". Acheter des produits peu orthodoxes chez Lik-Sang, comme des convertisseurs de manettes PS, des tapis DDR ou des manettes SNES, pas toujours faciles à trouver parce que personne ne semble réaliser que les gens en veulent. Ca ne marche pas à tous les coups: par exemple, j'ai tenté durant Noël dernier de vendre des jeux neufs dans le but d'inciter les gens à se débarasser de leurs occasions sous forme de bons d'achat. Ca n'a pas marché, et les disques sous cellophane prennent toujours la poussière.
Au fait, le marché du neuf est un autre mystère peu connu des joueurs: c'est une vaste arnaque. Exemple: pour un jeu que vous achetez 60€, nous l'achetons environ 40 à 45€ chez notre fournisseur. Sortez vos calculatrices, enlevez la TVA à 19,6% et réalisez que ce sont des cacahouètes qui tombent dans la poche de tous les magasins que vous connaissez. Quand ils vendent une Nintendo DS, c'est entre 1,5€ et 4€ qui tombent dans leur poche. Quand ils vendent un PES 4, ils encaissent 3,5€. Comment font-ils pour rester ouverts, me demandez-vous? Deux solutions: vendre énormément (et c'est pour ça qu'ils insistent autant sur les réservations et autres préventes: pour limiter les stocks d'invendus) ou faire son beurre sur l'occasion. Vous n'avez jamais remarqué que les rayons d'occasions sont parfois mieux fournis que ceux des titres encore sous blister? Le cas des hypermarchés est exemplaire, car eux ne vendent pas de jeux déjà utilisés (sauf dans les cas de "remballe", mais c'est un autre sujet!): souvenez-vous de votre enfance, quand vos parents allaient faire les courses et que vous les attendiez bien sagement au rayon des jeux vidéo... Bah oui, c'est à ça que ça sert: un argument pour motiver à bouger toute la petite famille le samedi après-midi - dont c'est bien souvent la seule sortie. Ils se foutent bien de faire du bénéfice sur ça - regardez les prix des nouveautés vendues 57€, soit à prix coûtant - mais ils peuvent y arriver en vendant des milliers d'articles, chose aisée pour les très grandes surfaces. On l'a dit, pour les autres revendeurs, sans le marché d'occase, point de salut. Si vous lisez entre les lignes, vous pouvez comprendre que les éditeurs de jeux vidéo se passeraient volontiers de nous: ils tolèrent l'occasion, car ils savent que l'interdire reviendrait à mettre tous les magasins en faillite. Alors ils tentent de limiter les intermédiaires... Il suffit de voir les initiatives comme les numéros de série ou Steam, rendant les jeux impossibles à revendre après le premier achat. Une époque est en train de se terminer.
Evidemment, comme au temps où je bossais pour Sega et sony, j'ai des anecdotes de commercial: quelques exemples de la misère humaine qui viennent vendre leur télévision pour payer le loyer, un gars qui me demande si nous avons "des films de cul avec des chevals" (sic), ma rencontre avec ce type qui fredonnait le générique de Sega Rally 2 devant une vitrine (c'est moi, pauvre tache! -NDRL). Ou cet homme radin qui gardait son congélateur dans son salon pour que la chaleur dégagée par son fonctionnement fasse office de chauffage - mais qu'il finira par vendre suite aux protestations de sa femme. Je vends surtout des jeux vidéo, mais pas comme les autres. Et j'adore ça.
Par Raton-Laveur le 21 avril 2005, 20:52 - Jeux vidéo - Lien permanent
Commentaires
Sinon "sous blister" ? C'est aussi un joueur de warhammer le monsieur où bien il apparait qu'on emploi le terme blister ailleurs que dans le petit monde des Jeux de Figurines.
Pour blister, Mr Dico donne : (mot anglais) Emballage constitué d'une coque en plastique transparent collé sur du carton, pour prèsenter des marchandises de petites tailles.
Pour cellophane : (nom deposé) Pellicule transparente, fabriqué à partir d'hydrate de cellulose et utilisée pour l'emballage.
Mouais...j'ai pas d'exemple de vrai blister en tête...
Et puis, le plaisir de la cellophane, ça sonne toujours mieux pour moi que le plaisir du blister...
Bah les figurines warhammer justement (et puis les fournitures genres clous, vis, c'est souvent sous blister aussi).
Le magasin d'occasion, c'est Cash Express? Parce qu'en cherchant bien, on peut trouver de bonnes petites choses chez eux (jeux Super Famicom, PS2 Jap, de bons animés Japonais).
Et c'est dommage que personne d'autre n'ait commenté cet article depuis 2005.
Corrigeons le tir (infrarouge) (avec des miroirs, bien sur, banane)
Une cartouche de Seiken Densetsu 3 !!!
T_T
Si seulement j'arrivais à trouver ça ... Trés bon article.
Un très beau témoignage (les 2 articles). Merci.
En tout cas, j'hallucine sur les marges que se font les revendeurs sur les jeux vidéo... Je croyais que ça rapportait vachement plus.
Très bel article!! J' ai beaucoup appris grâce à ton témoignage. Il y a cependant une phrase que je n' ai pas compris : "Il suffit de voir les initiatives comme les numéros de série ou Steam, rendant les jeux impossibles à revendre après le premier achat. Une époque est en train de se terminer." Est ce quelqu' un pourrait développer ce point? Car je ne suis pas au courant de cette pratique, et j' aimerais en savoir plus.
Très bon article, sympathique et facile à lire .... merci !!!
Waouh, je ne sais pas par ou commencer.
Peut-être par faire un blog "Je suis vendeuse de jeux-vidéo" mais bien que mon parcours soit un peu différent que celui présenté par Raton, il y a beaucoup de choses qui ont fait "tilt" lors de la lecture de (vos/tes ?) articles. Notamment, le fait d'avoir comme seconde expérience la gestion d'un Rayon jeux-vidéo dans un magasin d'occasion et non un magasin spécialisé. La joie de voir des N64 et des master-system arriver, chose que je ne voyait quasi jamais dans l'ancien magasin spécialisé ou je travaillais. Ce mépris envers Micromania et ses "vendeurs" incultes et peu convaincants, ses rayons aseptisés ... Et visiblement, le fait de faire ce que l'on aime, de pouvoir le partager avec le client (chose qui selon moi doit être difficile lorsque l'on vend des serre-joints)
Enfin bon bref, je m'égare. En tout cas, j'ai eu beaucoup de plaisir a lire cette retranscription de Raton. Merci d' avoir égayé ma soirée.