Futile
Garric me montre ce qu'il a ramené de l'Epitanime. Il y a un jeu Saturn : "Martian Successor Nadesico", évidemment basé sur l'anime. L'étiquette du prix - à un chiffre - est toujours collée sur la jaquette. Il allume la console. J'ouvre le ban :
- Tu peux me citer un seul anime des années 90 qui n'a pas eu droit à un jeu vidéo ? Quand Igo m'a dit que même Sakura Tsûshin, adorable série d'OAVs s'il en est mais quand même loin de déplacer les foules, avait eu droit à son adaptation sur Saturn, les petites voix dans ma tête qui me suggèrent de tuer des gens au hasard dans la rue se sont écriées "WTF ?!"
- C'était à la mode, hein ?
- Pire que ça. Sega enchaînait les titres à licence sur sa 32 bits et la qualité était régulière : c'était forcément de la merde.
- Ca y est, t'as enfin trouvé quelque chose que Sega fait mal !
- Hmmhmm. Mais il y en a eu tellement que c'était manifestement fait à la chaîne... Dans les quartiers généraux de Sega à l'époque, ils devaient avoir un formulaire pour ça à l'accueil.
- La réceptionniste connaissait son texte comme une employée de l'ANPE : "Remplissez le questionnaire, renvoyez-le sous huitaine avec l'intégrale de votre anime en cassettes Beta, les coordonnées des seiyuus ainsi que les artbooks et publications dans Newtype en deux exemplaires".
- Sega fournit le jeu en un mois... ou vous rembourse !
- A part dans quelques cas comme un quiz Ah! My Goddess, il s'agissait toujours de digital comics : images fixes, dialogues parlés, et les renseignements généraux sont toujours en train de chercher le moindre intérêt à ces produits.
- Ils ont envoyé des agents dans les bureaux de Sega, mais ces derniers mourraient étranglés par un câble de manette Saturn juste avant de trouver la salle où on forçait les programmeurs à travailler sur ces titres. Les cadavres servaient d'incubateurs à des oeufs monstrueux qui ont engendré des créatures nommées Driss - ou un truc dans le genre, ma mémoire me joue des tours.
- (regarde l'écran) c'est vrai qu'on a affaire à un digico comme les autres... On choisit un membre de l'équipage du Nadesico, une discussion s'ensuit, un choix à faire de temps à autres, répétez l'opération. En fin de chapitre, scène de baston où l'on doit simplement entrer une combinaison pour taper ou contrer.
- L'action déclenche une vidéo pompée de l'anime où l'on voit notre Aestivalis en action. Sauf que ladite scène est au format timbre-poste et n'a aucune continuité ; faut pas s'étonner si on voit le robot sur une route en asphalte alors qu'on est au milieu d'un combat dans l'espace !
- Ils nous avaient déjà fait le coup avec les jeux Eva, Kôtetsu No Girlfriend : les scènes (mal) animées pour les besoins du jeu se mêlaient à des extraits de l'anime, et pas toujours de manière très heureuse... J'ai cessé d'y jouer quand j'en ai eu marre de compter le nombre de fois où le sac à dos vert de Shinji apparaissait ou disparaissait d'un plan à l'autre.
- Mais pourquoi ils continuent à les sortir, alors ?
- Déjà, à l'époque, ça faisait office de DVD bonus, un produit comme un autre autour d'une licence... Mais aujourd'hui, c'est réservé aux petits animes ou aux comédies sentimentales, les autres ayant droit à de "vrais" jeux où l'on ne drague pas les persos de la série - mais toujours pourris, faut pas rêver.
- Ca explique pourquoi ils ne sont jamais traduits, même quand l'anime est connu ici... Enfin, sauf s'il s'agit d'un jeu de baston.
- Après tout, pourquoi traduire un jeu où il est déjà question de langues ?
- Et surtout, ces digital comics s'adressent aux otakus en phase terminale : l'éternel fantasme de peloter Yurika ou Megumi, garanti zéro contact avec des étrangers.
- C'est vrai qu'en inversant la question, les seuls digicos qui ont été traduits sont à caractères explicite (au secours ! Une femme avec des cheveux bleus essaie de me tuer en m'étouffant. Appelez la poli-mmmffff).
- Le genre est loin de disparaître, puisqu'il s'adresse au salaryman ou à l'otaku frustré. Difficile de faire attention au gameplay quand on joue avec une main.
- Et quand il n'y a pas de cul ?
- Alors c'est vraiment à prendre comme un "livre dont vous êtes le héros" de luxe. Sauf que c'est généralement importé à des prix abusagés, donc toujours hors du spectre occidental. (une pause, puis : ) Quand même, c'est atrocement futile.
- Futile ?
- Ou inutile, comme tu veux.
- Ah, parce que ça existe, les jeux utiles ?
- D'accord, je me suis mal exprimé. Du point de vue vidéoludique, les digicos ne valent rien : pas besoin d'intelligence, de réflexes, de stratégie, rien. On est juste une machine à faire défiler le texte, et il suffit de toujours parler à la même personne pour avoir une fin précise. On l'a dit, les gens qui achètent ça s'en foutent, mais quand même, on a connu mieux pour faire passer une après-midi.
-Alors, on joue à quoi ?
- Tu peux me citer un seul anime des années 90 qui n'a pas eu droit à un jeu vidéo ? Quand Igo m'a dit que même Sakura Tsûshin, adorable série d'OAVs s'il en est mais quand même loin de déplacer les foules, avait eu droit à son adaptation sur Saturn, les petites voix dans ma tête qui me suggèrent de tuer des gens au hasard dans la rue se sont écriées "WTF ?!"
- C'était à la mode, hein ?
- Pire que ça. Sega enchaînait les titres à licence sur sa 32 bits et la qualité était régulière : c'était forcément de la merde.
- Ca y est, t'as enfin trouvé quelque chose que Sega fait mal !
- Hmmhmm. Mais il y en a eu tellement que c'était manifestement fait à la chaîne... Dans les quartiers généraux de Sega à l'époque, ils devaient avoir un formulaire pour ça à l'accueil.
- La réceptionniste connaissait son texte comme une employée de l'ANPE : "Remplissez le questionnaire, renvoyez-le sous huitaine avec l'intégrale de votre anime en cassettes Beta, les coordonnées des seiyuus ainsi que les artbooks et publications dans Newtype en deux exemplaires".
- Sega fournit le jeu en un mois... ou vous rembourse !
- A part dans quelques cas comme un quiz Ah! My Goddess, il s'agissait toujours de digital comics : images fixes, dialogues parlés, et les renseignements généraux sont toujours en train de chercher le moindre intérêt à ces produits.
- Ils ont envoyé des agents dans les bureaux de Sega, mais ces derniers mourraient étranglés par un câble de manette Saturn juste avant de trouver la salle où on forçait les programmeurs à travailler sur ces titres. Les cadavres servaient d'incubateurs à des oeufs monstrueux qui ont engendré des créatures nommées Driss - ou un truc dans le genre, ma mémoire me joue des tours.
- (regarde l'écran) c'est vrai qu'on a affaire à un digico comme les autres... On choisit un membre de l'équipage du Nadesico, une discussion s'ensuit, un choix à faire de temps à autres, répétez l'opération. En fin de chapitre, scène de baston où l'on doit simplement entrer une combinaison pour taper ou contrer.
- L'action déclenche une vidéo pompée de l'anime où l'on voit notre Aestivalis en action. Sauf que ladite scène est au format timbre-poste et n'a aucune continuité ; faut pas s'étonner si on voit le robot sur une route en asphalte alors qu'on est au milieu d'un combat dans l'espace !
- Ils nous avaient déjà fait le coup avec les jeux Eva, Kôtetsu No Girlfriend : les scènes (mal) animées pour les besoins du jeu se mêlaient à des extraits de l'anime, et pas toujours de manière très heureuse... J'ai cessé d'y jouer quand j'en ai eu marre de compter le nombre de fois où le sac à dos vert de Shinji apparaissait ou disparaissait d'un plan à l'autre.
- Mais pourquoi ils continuent à les sortir, alors ?
- Déjà, à l'époque, ça faisait office de DVD bonus, un produit comme un autre autour d'une licence... Mais aujourd'hui, c'est réservé aux petits animes ou aux comédies sentimentales, les autres ayant droit à de "vrais" jeux où l'on ne drague pas les persos de la série - mais toujours pourris, faut pas rêver.
- Ca explique pourquoi ils ne sont jamais traduits, même quand l'anime est connu ici... Enfin, sauf s'il s'agit d'un jeu de baston.
- Après tout, pourquoi traduire un jeu où il est déjà question de langues ?
- Et surtout, ces digital comics s'adressent aux otakus en phase terminale : l'éternel fantasme de peloter Yurika ou Megumi, garanti zéro contact avec des étrangers.
- C'est vrai qu'en inversant la question, les seuls digicos qui ont été traduits sont à caractères explicite (au secours ! Une femme avec des cheveux bleus essaie de me tuer en m'étouffant. Appelez la poli-mmmffff).
- Le genre est loin de disparaître, puisqu'il s'adresse au salaryman ou à l'otaku frustré. Difficile de faire attention au gameplay quand on joue avec une main.
- Et quand il n'y a pas de cul ?
- Alors c'est vraiment à prendre comme un "livre dont vous êtes le héros" de luxe. Sauf que c'est généralement importé à des prix abusagés, donc toujours hors du spectre occidental. (une pause, puis : ) Quand même, c'est atrocement futile.
- Futile ?
- Ou inutile, comme tu veux.
- Ah, parce que ça existe, les jeux utiles ?
- D'accord, je me suis mal exprimé. Du point de vue vidéoludique, les digicos ne valent rien : pas besoin d'intelligence, de réflexes, de stratégie, rien. On est juste une machine à faire défiler le texte, et il suffit de toujours parler à la même personne pour avoir une fin précise. On l'a dit, les gens qui achètent ça s'en foutent, mais quand même, on a connu mieux pour faire passer une après-midi.
-Alors, on joue à quoi ?
Par Raton-Laveur le 18 juin 2005, 00:00 - Jeux vidéo - Lien permanent
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