Autant ce site porte mon pseudonyme, autant je m'efforce de ne pas y raconter ma vie. Nan, vraiment : fut même un temps où les phrases tournaient comme des toupies pour ne pas trop utiliser la première personne du singulier, à l'instar de celle que vous lisez en ce moment. Y'avait des articles entiers comme ça à l'époque.
J'écris cet article sur un banc de la Gare de Lyon à Paris, attendant le train du retour après le week-end chez Axel. J'ai froid au cul.
Ne pas trop raconter sa vie, donc. Par exemple, j'ai déjà écrit pour des magazines en papier, mais l'éditotaku ne contenait pas pour autant un gros message vous encourageant à acheter lesdits mags - peut-être parce que j'y tenais une rubrique dénommée "Ecchi!", mais c'est un autre débat que celui-là. Ainsi donc, je porte malgré moi la double casquette d'éditorialiste sur le Net (autrement dit, blogueur glorifié) et de journaliste papier (autrement dit, pigiste sous-payé). Rien de bien spécial dans un monde paradoxal où le papier à nouvelles tente de ne pas disparaitre trop vite face au Web, tout en y cherchant ses plumes.
La preuve : un rédacteur dans le troisième numéro du magazine Made In Japan me cite nommément dans un dossier sur Lucky Star, rapport à cet article. Merci, plume anonyme trouvée sur Internet, c'est très gentil de reconnaître mon éditorial. Je t'aurais bien renvoyé l'ascenseur en te faisant une référence dans un de mes articles, mais tu as décidé de rester dans l'ombre. Solidarité entre les blogueurs journaleux, fondée sur le respect des fans que nous sommes : tu écris par passion, un monsieur avec des sous te repère, et ainsi légitimé par le noble papier, tu aides ceux qui sont toujours dans l'ombre du Net. Tu n'oublies pas tes origines. Tu sais que tu restes un petit con avec une machine à écrire et pas un de ces Journalistes Totaux qui se la racontent parce qu'on les trouve en kiosque. Qui que tu sois, tu restes un commentateur. Avec un joli micro, certes, mais c'est pas toi sur la pelouse. Un peu d'humilité, que diable.
A votre avis, pourquoi je fais le con avec une peluche au lieu de frimer devant la caméra quand je fais des vidéos et des photos ?
Journaliste, blogueur, observateur, ne sont que yeux et oreilles pour un lectorat qui a confiance en eux - et dans le cas d'un magazine, un lectorat qui paie pour cela. Quand ils donnent leur avis pourri sur le dernier Super Mario avec une jolie note sur 10 (forcément un 8, c'est passe-partout et ça blesse personne) après un test graphismes/musique/jouabilité, ça ne leur donne pas le droit d'écrire des "messieurs de chez Nintendo" ou des introductions relatant leur dernier passage chez la boulangère qui a de belles miches, mdrlol mon humour est trop classe c'est pour ça que vous m'aimez chers lecteurs, venez m'écrire des mots doux sur le forum et laissez-moi effacer vos messages trop critiques. Ca semble évident, mais c'est pas compris par tout le monde : quand ils relatent une rencontre avec une star, ils n'en deviennent pas une par procuration. A partir du moment où un journaleux croit qu'il passe avant son sujet, il devient automatiquement un bouffon. Et plus il est petit, plus la tartufferie est grosse.
Un gros poisson dans une petite mare / Le roi des fourmis, le prince des sous-fifres / Un gros poisson dans une petite mare / J'te parle de bluff, d'excès d'orgueil, d'abus de pouvoir / Un gros poisson dans une petite mare / [...] On trouve toujours plus fort que soi, c'est ça la morale de l'histoire ! (*)
A quoi bon toutes ces digressions ? Simple : l'article de Made In Japan cité supra n'est que le plagiat éhonté d'un article de FFenril. Page 21 :
Le texte qui ne vient pas de son site a été volé sur anime-kun. Un copier-coller fougueusement accompli par une personne à qui on avait laissé sa chance : tu veux écrire dans mon mag' ? Tiens, voilà des pages, je te fais confiance. En tant que blogueur glorifié (ou lecteur de tel), on a le droit d'être écœuré par le geste de quelque connard pseudo-passionné qui encaisse un chèque en volant le travail d'un passionné. En tant que pigiste sous-payé, on a tout autant le droit de vouloir saigner comme un porc ledit connard qui salit ainsi la réputation de ses collègues, alimentant le circuit des critiques sur la profession (tous pourris, inutiles, dépassés). Imaginez donc mon état de de blogueur/journaleux face à ce navrant fiasco !
Quand on voit que ça sort en même temps qu'IG, on se dit que le Yin et le Yang existent vraiment. Achetez IG.
Doit-on savoir qui est la brebis galeuse dans l'équipe de Made In Japan ? Non. Elle a choisi l'anonymat parce qu'elle devinait qu'elle se ferait gauler, mais que son rédacteur en chef serait assez con pour publier l'article. Ledit rédac'chef (Djoher Khaled, alias Shade) a accepté que le texte ne soit pas signé, pourrissant ainsi la réputation de toute son équipe - vu qu'on ne peut pas deviner qui est le vilain petit canard. Equipe sur laquelle plane maintenant un doute bien puant. Et rédacteur en chef qui observe un silence de mort envers FFenril (et les lecteurs) qui lui demande(nt) des explications, fort légitimes au demeurant. A partir de maintenant, il perd à tous les coups : si le prochain numéro ne contient pas d'excuses, le Net se chargera de propager le gospel d'un magazine voleur de prose. Si on y trouve un erratum, il sera forcément moins voyant qu'une publication judiciaire (qui ferait suite à un rendez-vous chez le juge et un versement de dommages et intérêts), mais nourrira tout autant le puant doute chez les lecteurs toujours présents. Et ne me répondez pas qu'il était impossible de découvrir le plagiat, vu qu'en tant que secrétaire de rédaction, j'ai déjà repéré et stoppé quelques repompes dans des textes qui allaient partir à l'impression. Non, je ne mérite pas une médaille pour ça ; je faisais juste mon boulot avec un tant soit peu d'intégrité. Ouais, même en écrivant des articles sur les jeux vidéo hentai.
Une bande de geeks qui se fait plagier par un éditeur qui se croit tout permis... ça ne vous rappelle rien ?
En même temps, de quelle intégrité journalistique pouvons-nous bien parler ? Made In Japan contient des actualités sur les équipes de fansub (en mettant les sites web !) dont le travail est parfaitement illégal mais tout juste toléré. Les séries abordées ne sont pas licenciées ? Qui nous dit que des éditeurs ne sont pas en ce moment même au Japon en train d'en négocier les droits, et que ce genre de connerie n'aide pas à améliorer les relations de travail ? Mais ça aussi, c'est une évidence pas forcément intégrée par tout le monde. Le magazine présente des équipes avec leurs projets en cours de traduction, sous ce chapeau en page 34 :
Evidemment, ces extraits du magazine tombent sous le droit à la citation.
Car bien sûr, les éditeurs "attaquent" de façon "répétée" les pauvres fans sans défense. Ces éditeurs qui négocient des licences avec un pays à l'autre bout du monde, travaillent avec les auteurs, les font venir en France, traduisent avec soin, bossent avec les chaines de revendeurs pour qu'on trouve aisément nos œuvres favorites, sont les méchants. Là encore, doit-on répéter que sans leur boulot, les otakus français auraient autant de place dans les médias et les rayonnages que les fans de Bollywood ? Et acheter les DVD, ça sert juste à avoir un "joli coffret sur son étagère", pensez-vous, ça ne sert pas du tout à rémunérer l'auteur original et toute la chaine de fabrication ; ça, ce sont les gentils fansubbeurs qui reversent l'argent de leur GoogleAds aux studios japonais. Certaines équipes commencent d'ailleurs à réaliser que ce coup de projecteur n'est peut-être pas le bienvenu...
Car quelle sera la réaction de Kaze ou Dybex ? Sur le site officiel du magazine, Beez est cité en partenaire du bousin. Surtout que l'ignorance vire à la stupidité quand le rédacteur en chef s' "étonne de voir qu'aucun magazine ne parle de ce mouvement qui a longtemps existé". C'est vrai ça, pourquoi Joystick ne donne pas de lien vers des sites de warez ? Pourquoi Le Monde n'explique pas comment fabriquer des bombes artisanales dans un article sur le terrorisme ? En vantant haut et fort les mérites du fansub, Made In Japan se prend-il pour Robin des Bois ? Au moins, ce dernier avait l'intelligence de rester dans l'ombre, comme chaque voleur qui se respecte. Imaginez le carnage quand même le petit Jean-Kevin qui n'utilise Internet que pour jouer à Counter-Strike 1.6 découvrira qu'il peut télécharger les derniers épisodes de Narouteau... Le retour de bâton s'annonce douloureux. Les éditeurs de DVD vont réaliser que leur tolérance a légitimisé cette activité au point qu'elle soit newsée dans un magazine en papier ; ça ne pourra que les encourager à serrer la vis et cesser d'être aussi indulgents. Made In Japan, tueur de la trêve entre éditeurs et fansubbeurs ? Quel service rendu à ces derniers ! Tout ça par manque de discrétion de la part de quelques voleurs qui ont voulu qu'on achète leur magazine ! Ah, s'ils avaient été aussi malins que le pauvre con qui a plagié FFenril, ils auraient au moins fait une chose intelligente : rester anonymes.
Fin du coup de gueule. Maintenant, on passe à l'action.
Made In Japan est un résumé de tout ce qu'il y a de pourri dans le fandom français : des fansubbeurs qui se prennent pour les rois du pétrole, des grimauds qui se croient tout permis parce qu'ils sont édités en kiosque, et un travail de "journalisme" indigne d'une gazette de collège. Qu'on ne me parle pas d'indulgence envers un magazine qui débute, vu que sa publication est dirigée par un ancien de Japan Vibes, donc assez au courant des pièges à éviter. Made In Japan doit disparaître, ne serait-ce que parce qu'il enfreint la loi sur les droits d'auteur et incite au piratage.
Primo, FFenril et anime-kun doivent obtenir des excuses en bonne et due forme. Il semblerait que le sus-cité Djoher Khaled ait consenti à un mea culpa dans le prochain numéro, mais on attend de voir. Les mails de FFenril sont actuellement restés lettre morte ; à notre tour de le contacter. M. Khaled a cru bon de laisser son MSN perso sur le Net, mais ils peuvent également être contactés sur redac@madeinjapanmag.com , et leur service presse (?) est chez presse@madeinjapanmag.com.
Primo bis, la rubrique faisant la promotion du fansub et présentant les éditeurs de DVD comme de grands méchants loups doit disparaître et laisser place à un article documenté (pourquoi pas auprès des éditeurs) expliquant les dommages occasionnés par cette activité. AnimeLand a bien fait ça dans son numéro 137 et ne s'en porte pas plus mal.
Secundo, le magazine n'est pas vendu qu'en kiosque : on le trouve également chez de bonnes boutiques assez sympathiques pour accepter de vendre leur feuille de chou. Cependant, ils n'ont peut-être pas eu le temps de lire le mag, et ignorent qu'ils sont ainsi complices d'une revue plus que suspectée de vol de propriété intellectuelle... Si vous en êtes clients, contactez ces magasins pour leur dire de vérifier ce qu'ils vendent en regardant les fansubs en page 34, ou faites-leur comprendre que vous ne risquez pas de consommer chez eux s'ils acceptent de collaborer à une telle mascarade :
- Asian Alternative, Paris 3ème (01 42 78 92 68),
- Manga Café, Paris 5ème (01 43 26 50 04),
- Manga Toys, Paris 11ème (01 48 06 79 00),
- Toystar, Paris 12ème (01 43 72 06 66),
- Manga Shop, Paris 12ème (01 48 05 06 08 - attention, ils vendent du HK).
Manquerait plus que de bonnes échoppes un peu trop gentilles soient ennuyées parce qu'elles ont voulu faire confiance à un petit nouveau. Tout comme un certain rédacteur en chef qui a couvert le vilain moine copiste, tiens.
Tertio, en parlant de confiance : si vous vous êtes abonné, il est temps de leur prouver que leurs conneries ont un prix. La résiliation d'abonnement se fait sur abon@madeinjapanmag.com.
Quarto, certains rédacteurs sont également membres d'associations de fans comme BulleJapon ou Sohei. Là encore, nous avons affaire à des fans qui ont collaboré à ce mag, apparemment sans vraiment comprendre que ce dernier fait la promotion du téléchargement illégal d'oeuvres aimées et soutenues par leurs associations. Certains pigistes de BulleJapon sont d'ailleurs en plein "damage control", se désolidarisant du magazine à vitesse grand V et arguant que la réputation de leur association ne doit pas être entachée par ces guignols. Cela, il n'y a qu'une seule façon de le prouver : en coupant les ponts. Si vous connaissez ou faites partie d'associations ayant travaillé ou ayant été contactées par Made In Japan, boycottez le magazine. Si vous faites partie du staff d'une future convention, vous pouvez les mettre sur votre liste noire, à coté des vendeurs de contrefaçons. Vous ne voulez pas avoir une quelconque relation avec des gens volant les articles de visiteurs que vous êtes censés servir et piratant les animes que vous êtes censés promouvoir, n'est-ce pas ?
Quinto, faites passer le message. Faites travailler le bouche à oreille sur votre propre site, auprès de vos boutiques habituelles et de vos potes. Comment un magazine peut-il prétendre aimer des œuvres tout en expliquant comment les voler ? Comment un magazine peut-il prétendre être sérieux quand des pages entières sont bourrées de fautes de français ? Ou que le plagiat d'un dossier présenté en pleine couverture est si évident qu'une simple relecture aurait permis de découvrir le pot aux roses ? Comment un magazine peut-il prétendre être écrit par des passionnés quand on y lit que Hiromu Arakawa est le "papa" de Full Metal Alchemist, alors que c'est une femme ?!
Reste à savoir comment les gens de Made In Japan vont réagir. Vont-ils faire la politique de l'autruche ? Vont-ils hurler au scandale ? Vont-ils faire amende honorable et revoir leur copie ? Parce que c'est ainsi que Soleil a réagi ; alors que nous râlions contre l'édition française de Welcome to the NHK, le directeur de collection était passé pour nous assurer que la réédition serait de meilleure facture. Résultat, leur boulot a été récompensé sur ce même site quelques mois plus tard. Parfois, c'est pas grand-chose d'améliorer sa réputation face à des fans (clients ?) qu'on croyait dégoûtés...
Car notre réaction de dégoût et de révolte est légitime. Elle vient de passionnés face à des gens qui prétendent être des leurs, sauf qu'ils se servent dans le garde-manger et piétinent la pelouse. Et quand on leur demande des explications, ils font la sourde oreille. Soit ; nous crierons plus fort. Marcel Pagnol a écrit dans Marius : "l'honneur, c'est comme les allumettes, ça ne sert qu'une fois". Celui de Made In Japan n'aura pas fait long feu.
Mise à jour du 20 mai 2009 : Georges Bastos, le directeur général de Made In Japan, répond dans les commentaires.
Plus d'infos :
- le sujet sur le forum jeuxvideo.com qui a découvert le plagiat,
- le sujet sur le forum mata-web où un pauvre pigiste tente de recoller les morceaux,
- le sujet sur le forum anime-kun et leur news,
- l'article de FFenril en réaction à la repompe,
- une interview vidéo du rédacteur en chef, Djoher Khaled (alias Shade, qui a écrit le texte sur les fansubs scanné plus haut),
- en ce premier avril 2009, les blogueurs français répondent : après Made In Japan, voici Made In Blogchan !
- (si vous avez d'autres liens, donnez-les dans les commentaires !)
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