Voici le plan de Japan Expo 2024 tuné par mes soins : corrige des erreurs, signale les stands à visiter et ceux à éviter, des conseils pour passer un bon moment et les plannings d'évènements intéressants.
Cliquez sur l'image ci-dessous et enregistrez-la dans votre téléphone pour la consulter sur place sans avoir à craindre une panne de réseau.
La liste des 967 stands est également améliorée : ceux à visiter surlignés en vert, ceux à éviter sont en rouge, et ceux dont il faut se méfier en jaune. Récupérez le fichier au format de votre choix via le menu Fichier/Télécharger ou utilisez le mode hors-ligne de l'application Google Sheets pour chercher un stand une fois sur place, même si vous n'avez pas de connexion 4G.
Je serai évidemment sur place les quatre jours et suis impatient de vous rencontrer. J'éplucherai les stands en jaune pour confirmer leur statut cool/pas cool et mettrai à jour la carte et la liste pour les jours restants.
Alors, comment s'annonce cette Japan Expo ?
Peu d'invités notables qui vont déplacer les foules, absents notoires (voir plus bas), ombre des Jeux Olympiques... L'édition 2024 est techniquement le 25ème anniversaire d'une convention lancée en 1999, mais qui refuse de souffler ses bougies au prétexte pandémique des années blanches 2020 et 2021. Le planning est gonflé par des invités aux cheveux gris : les 70 ans de Godzilla, les 40 ans de TM Network, les 20 ans de Bleach, l'exposition Cobra par Isan Manga datant de Japan Expo 2018 recyclée pour accueillir un des animateurs clé, qui ramène Sadako de Ring dans sa valise... Une autre portion notable de l'agenda est occupée par les tendances à la mode, des vtubers Hololive à un nombre incalculable de danses K-Pop (dont un groupe "fondé en 2026"), et les invités présents chaque année : le patron de CyberConnect2 qui recrute pour son studio, la chanteuse du générique d'un jeu yaoi sur PlayStation Vita (dont le nom est mal orthographié sur sa fiche de présentation), ou l'ultime survivant du battle royale des mascottes régionales ont leur rond de serviette.
Curieusement, les Jeux Olympiques auront principalement influencé les tarifs d'hôtellerie pour les visiteurs lointains, qui se seront redirigés vers l'Anime Expo de Los Angeles bouclée la semaine dernière. Quelques téméraires comme Sakimichan font les deux arrêts ; hier en Amérique, demain à Paris, avec les mêmes dessins pornographiques de Spy x Family alors que la doubleuse de Yor Forger sera présente...
Quels sont les stands à ne pas manquer ?
Nintendo aura une boutique éphémère sur le stand B685, avec des produits normalement réservés au marché japonais ; allez-y tôt, car au vu des expériences passées, les revendeurs du dimanche délivaliseront probablement les lieux. Hamaya (stand J136) est une brocante d'objets japonais aux prix décents et au stock surprenant. Miyakodori (stand J196) est une boutique parisienne d'arts de la table japonais fidèle au poste, avec de bons produits tarifés pas trop cher.
Pour les objets à plus petits tirages, passez du temps chez les artisans japonais (espace Wabi Sabi, S207) - en ce qui me concerne, je traiterai mon obsession à la papeterie chez Sekai of Kangae (P671) et Plaisant Asian Lifestyle (J184).
Si vous n'avez pas assez de gadgets inutiles, voici la liste des lots et cadeaux à récupérer un peu partout.
Quels sont les stands qui auraient dû rester chez eux ?
L'(ab)usage de l'intelligence artificielle étant un des grands thèmes de 2024, Japan Expo ne pouvait y échapper. Natsume Corp (stand J696, vendant par ailleurs une figurine de 5 centimètres à 30€) et Atougeek (stand H121) rédigent probablement les descriptions de leurs produits avec ChatGPT. Le pompon revient à 4play (stand N641), studio français éditant un jeu de cartes à collectionner qui assume utiliser MidJourney et StableDiffusion pour sa production. La blague étant que MidJourney est entraîné sur Sakimichan, également présente (stand P647), et le résultat graphique de 4play n'est pas sans rappeler cette dernière. Japan Expo exposera donc l'original et le plagiat sans poser de questions...
Les classiques : la boutique qui revend des saloperies d'AliExpress. Au hasard, Pidak (stand E187), qui vous vendra 68€ un costume trouvable à 10€.
On trouve aussi les baltringues habituels qui volent la propriété intellectuelle sans vergogne : Negativ. Athletics (stand C042) vend des T-shirts Berserk ou One Piece sans la moindre autorisation pour la bagatelle de 50€, Jaad (N639) s'autoproclame artiste, ce qui lui arroge le droit de gribouiller au Posca sur Son Goku, les logos Ferrari et Coca Cola pour la modique somme de deux mille cinq cents euros, et Wooden Touch (P645) passe tel quel une couverture de manga Ki-Oon dans une graveuse à bois pour 35€, parce que pourquoi se fatiguer ?
Si j'ai un coup de barre, où puis-je souffler un coup en bonne compagnie ?
Les stands sûrs restent Kawa-Soft (stand L154), Nekotsuki Studio (N150) et l'AEUG (dans le Hall 4, L032). Incollables, accueillants et à l'offre de qualité, ne passez pas la convention sans les saluer car ils seront ravis de vous voir.
Quid des stands professionnels vendant des fanarts ?
Japan Expo différencie les exposants professionnels (marqués comme tels sur la liste) et amateurs (identifiés "Loisirs" dans la liste). Les amateurs paient moins cher pour exposer, mais sont limités à un prix maximal pour leurs produits. Les professionnels paient plus cher leur stand, mais peuvent vendre à prix libre ; les zones "Village Coup de pouce" sur la carte (en bas des Halls 5 et 6) indiquent des petits professionnels.
Ces professionnels sont un gros mélange des genres. A coté de livres autoédités entièrement originaux (comme Studio Bon, stand B202) ou d'une illustratrice russo-italienne avec une fixette sur les poissons (Elena Bansh, stand N655), on trouve au stand P680 un "fanart Totoro" qui est la recopie exacte d'un dessin officiel et au stand P675, un jeu de cartes à jouer Zelda alors que Nintendo vend un produit similaire mais parfaitement officiel. Ces produits dérivés sont fabriqués et vendus sans autorisation du studio Ghibli ou de Nintendo, et sont assimilés à des contrefaçons ; lors de la Japan Expo 2018, les douanes ont procédé à des saisies et détruit des objets similaires, vendus sur ces mêmes stands de "petits professionnels". Vendre du fanart et s'étiqueter professionnel, c'est jouer avec le feu, les ayant-droits français n'appliquant pas la zone grise existant au Japon.
C'est une concurrence doublement déloyale : non seulement envers les revendeurs et fabricants officiels qui voient leurs produits concurrencés par des objets "sauvages", mais également envers les autres stands professionnels qui créent des choses complètement originales. A quel moment se prétendre artiste pro si c'est pour recopier les grands (stand A194) ? Pensez-vous vraiment avoir une démarche noble si vous devez écrire "Disney" avec un tiret (stand P676) en espérant perdre les avocats de Mickey Mouse ? Etes-vous vraiment un fan quand vous travaillez (stand Q683) à piétiner les volontés de l'auteur ?
En bref : tristement, les douanes ne font pas la différence entre une contrefaçon AliExpress et un fanart vendu par un stand se revendiquant professionnel. Si les flics rejouent les saisies de 2018, ça donnera pas dans la dentelle.
Mise à jour : la "zone grise" des fanarts vendus par un stand professionnel a la peau dure ; ces stands perdent leur couleur rouge et retournent à leur anonymat. Les annotations sur la liste indiquent toujours qui fait quoi, mais pas de rouge pour autant.
Qui sont les grands absents ?
Noeve Grafx, dont les retards de publication à répétition aboutissent à un psychodrame sous le moindre de leurs messages. ADN, présent l'an dernier mais absent en 2022 au profit d'un stream sur Twitch, qui semble décider sa venue à pile ou face. Enfin, Goodsmile Company, déjà absent l'an dernier, semble réserver son stock aux revendeurs partenaires, comme Jungle (G194) (à des tarifs éclatés)
Tsundereko, retenu à la maison pour des histoires de paperasse, explique également pourquoi cette Japan Expo sera surtout celle des Franciliens, expurgée des provinciaux, européens, et quiconque doit surveiller son budget hôtellerie/restauration : les Jeux Olympiques ont rendu Paris inabordable aux touristes. Japan Expo semble avoir répercuté le manque à gagner des visiteurs en moins sur le prix des stands, nombre de professionnels m'ayant parlé de l'augmentation de leur facture au mètre carré de stand.
Gag : Piccoma, la plateforme de webtoons et mangas numériques, est partenaire de la convention et s'affiche sur le logo Japan Expo 2024, mais n'a aucun stand... Et pour cause : le site disparaît dans trois mois !
Est-ce qu'il y a des stands avec des choses pour adultes ?
Les masturbateurs Tenga (stand D140), exposant également la gamme Iroha pour femmes. Kawa-Soft (stand L154) vendra des doujinshi édités par Irodori en français. Curiosité : Andrealphus, un studio français de jeux vidéo disponibles sur Steam, sera sur le stand N675. Enfin, Meian/Anime-Store (G604) a ses différentes catégories hentai/yuri/yaoi sur les entrées le long du mur nord.
Rendez-vous sur place ! Bonne convention à vous et merci de votre fidélité !
L'article se termine ici, merci de l'avoir lu. Ce qui suit est un ramassis de détails techniques inintéressants.
Quelles sont les erreurs sur la carte et la liste officielles qui sont corrigés sur cette version ?
Comment puis-je n'avoir cette carte qu'un week-end bénévole et trouver des coquilles que les employés de la SEFA sont infoutus de repérer après des semaines ? Le stand N661 (tenu par un tâcheron) n'est pas indiqué, l'URL des éditions Rue de Sèvres est erronnée sur la fiche, les éditions Ototo et Ofelbe ont deux fiches... J'ai repositionné les logos car certains empiétaient sur le numéro de stand, et comme chaque année, en ai ajouté une palanquée pour s'y retrouver parmi les éditeurs.
Qu'est-ce qui a changé cette année dans la publication du plan ?
Le plan en PDF est mort, et tout le monde y perd. A la place, Japan Expo propose une carte interactive avec moteur de recherche... comme ce qui était fait sur ma propre carte depuis 2016 ! Le système Japan Expo n'a aucune mise en cache dans le navigateur et est donc soumis aux aléas de votre connexion 4G. Leur technologie se dénomme Tokamap, au logo complètement pompé sur celui de Slack. Conçu par le prestataire du site internet (inchangé depuis si longtemps que son code HTML contient des références à Internet Explorer 9 !), il s'agit d'une technologie libre de cartographie. En clair : Japan Expo paie une somme rondelette pour un système gratuit, rebaptisé à la hussarde et monté à l'arrache. Vous pouvez voir les grands patrons de Japan Expo vous demander de télécharger la carte avant de venir à cause du réseau 4G instable, juste avant de vous expliquer que les dédicaces s'organisent par la même application, exposée aux mêmes aléas !
Qu'attendre en 2025 ?
On en saura plus jeudi : Japan Expo se pointera à l'exposition universelle d'Osaka, qui occupe aussi le stand N196. Une convention sur "l'impact de la culture japonaise à l'étranger" à la maison, c'est concept - mais d'après l'intelligentsia locale, cette exposition universelle n'est qu'un gros prétexte pour détourner de l'argent public au profit d'une villégiature privée...
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