Voici la carte de Japan Expo 2025, améliorée avec des conseils de survie, les stands sympathiques à ne pas rater et ceux qu'il vaut mieux éviter, les logos des éditeurs, plus des plaisanteries en bonus.
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La liste des stands est amplement commentée, indiquant les stands cools en vert, ceux à éviter en rouge, et les douteux (que je visiterai en direct pour le tri final) en jaune. Comme pour le plan, vous pouvez en profiter sur les lieux : utilisez le mode hors-ligne de Google Sheets pour utiliser la recherche une fois à Japan Expo et retrouver un stand ou identifier celui que vous avez devant vous.
Je serai bien sûr à Japan Expo pendant toute la durée de l'évènement et me réjouis à l'idée de vous croiser dans les allées de la convention !
Le billet d'humeur sur le tri des stands, les nouveaux venus et Taro-san
Rappel : Japan Expo classe les stands en trois types : Animations, Loisirs et Professionnel.
- Animation : les stands qui n'ont rien à vendre et font le spectacle : l'association MO5 avec les consoles de rétrogaming (stand L717), les tables de jeux de rôle (Fédération Française du Jeu de Rôle, stand M018, juste avant la scène Yuzu) ou les hôpitaux à cosplay (Association Multiunivers Fantasy Cosplay, stand S143), Il n'y a aucun stand rouge dans ce type.
- Loisirs : les stands qui ont des choses à vendre, mais dont ce n'est pas le revenu principal. Les stands amateur (préfixés AMA en hall 6, typiquement dédiés aux doujinshi) ou le village passion (à gauche du jardin intérieur du hall 5, typiquement les bijouteries et accessoires de mode). Histoire d'éviter qu'un professionel paie moins cher son mètre carré en se glissant dans ces zones, il y a une flopée de restrictions : limites aux prix de chaque objet vendu, documents exigés à l'inscription pour prouver que votre salaire vient d'ailleurs... A moins de faire n'importe quoi (comme accoler un logo officiel sur un mug et prétendre qu'il a été personnalisé chez Customiz'Japon, stand AMA072), on n'y trouve que des stands verts.
- Professionnel : les stands qui ont des choses à vendre et dont c'est l'activité principale. Les éditeurs de mangas, les revendeurs de figurines, et les dingos. C'est évidemment le type que je scrute avec la plus grande attention, car on y trouve les sabres achetés en gros sur AliExpress (Manga Dori, stand H664), les revendeurs de boites mystère à 60€ contenant une figurine Sega Toys à 20€ et un tote-bag (Kawaii-Favie, stand M663), ou les bouffons qui mettent un filtre Photoshop sur une illustration officielle et m'insultent quand ils se font gauler (Ryukrabit, stand R678). En sus des espaces dédiés aux éditeurs (en bas du Hall 5), marchands (le gros du Hall 6) et le village Japon (à droite du jardin intérieur du Hall 5, dédié aux exposants étrangers), Japan Expo a des espaces "Coup de Pouce" (entre le village passion et le cosplay et en bas à droite du Hall 5, et devant l'entrée du Hall 6) pour les "semi-amateurs", des artistes qui veulent vendre des produits faits maison sans les restrictions des stands Loisirs et sans payer très cher leur venue à l'instar des éditeurs et revendeurs.
Je le répète régulièrement : le type "Professionel" mélange donc les éditeurs qui paient leurs licences auprès des ayants droit japonais et les escrocs qui revendent 30€ une contrefaçon payée 7,5€ sur AliExpress (Toy Haven, stand H192), les créateurs d'un jeu de cartes original et auto-édité (Donjon & Procrastination, stand C211) et ceux qui vendent un support à téléphone avec un Naruto dessiné par intelligence artificielle renommé "Ninja" pour passer sous les radars (Shonen Sensations, stand Q679), parce qu'ils savent que ce qu'ils font peut être saisi par les douanes . C'est toujours la Cour des Miracles !
Le prochain paragraphe est un mea culpa
Ce "saisi par les douanes" ci-dessus n'est ni une blague ni une menace en l'air, car c'est déjà arrivé. Les artistes qui ont pris un stand "Coup de Pouce" pour vendre du Dragon Ball Z sur du papier calque dans un tableau éclairé par une LED (Equinox, stand C214) jouent avec le feu. En 2024, j'ai commis l'erreur de mettre ces stands en rouge, les considérant donc au même niveau que d'authentiques escrocs ; erreur qui m'a valu une critique méritée (Mi-Eau, stand R693) et un correctif de la carte et de la liste dès le premier jour. Cette année, j'ai compris que ces stands veulent rester discrets : ils ne sont pas mis en avant, mentionnés dans la liste par une formule comme "stand pro squattant une licence". Ce qui me brise le coeur quand un artiste vend des produits originaux de qualité que je ne peux conseiller à cause des fanarts autour (Jujumzz, stand P709)...
Il y a un autre cas rare qui me rend si perplexe que j'irai sur leurs stands pour me renseigner : l'artiste professionnel qui a fait des collaborations officielles avec certaines licences, mais prend un stand à Japan Expo pour vendre non pas ses designs originaux, mais des fanarts (Origamigne, stand N703) ! Il a donc conscience des contraintes de la propriété intellectuelle sur la licence A, mais décide quand même de la contourner pendant les conventions pour la licence B ? Serait-ce parce qu'il ne sait que s'inspirer d'oeuvres existantes ? Qu'il doit encore se hisser sur les épaules d'un autre artiste alors qu'il est déjà pro ? Qu'il fait ça par facilité ?
Les zones Coup de Pouce sont un fourre-tout qui ne mérite pas ce titre. Une artiste russo-italienne fascinée par les poissons (Elena Bansh, stand Q706) à quelques tables d'énièmes fanarts Dragon Ball (Fabr'eek, stand N701) ? En quoi une artiste qui en est à son quatorzième Kickstarter pour un puzzle Disneyland (Mademoiselle Renarde, stand P686) ou une illustratrice qui redessine des cartes Pokémon depuis dix ans (Mwoaa, stand R702) ont besoin d'un quelconque coup de pouce ? Quand tes financements participatifs sont honorés au triple du montant demandé et que tu as cinq employés rien que pour ton service client (Juapi Coffee Art, stand P691), peut-être que ton One Piece peut rester à la maison et que ton coup de pouce aurait pu aller à un collectif autoédité qui pond des bouquins de 160 à 300 pages cantonné au Village Amateur (Sazawen, stand AMA100) ?
Et à part ça, quoi de neuf ?
Il y a moins de stands que les années passées : 935 stands en 2023 et 966 en 2024 contre 880 cette année. Pour comparer ce qui n'est pas comparable, la convention Dokomi 2025 à Düsseldorf, visitée par 215000 personnes (Japan Expo 2024 : 200176 visiteurs) a hébergé 1883 stands. En feuilletant la liste, vous retrouverez pas mal d'exposants à Japan Expo, qui s'offrent ainsi un mois en Europe pour couvrir les deux évènements principaux du continent. Presque 1900 stands en Allemagne, le double de Japan Expo ? Le ratio Professionnel/Amateur est inversé outre-Rhin, sur le modèle du Comic Market japonais où les amateurs multiplient leurs petits stands, là où le modèle français repose sur le professionnel avec peu de grands stands. Ceci est dû aux espaces parisiens tenus par une société aux tarifs prohibitifs répercutés sur le prix de location des stands, mais c'est une autre histoire. Dokomi ou Japan Expo : la couronne du plus gros évènement otaku en Europe est en jeu.
Ayez une pensée compatissante pour le monde parallèle où je suis Allemand avec "Waschbär" pour nom de plume et fais une carte retouchée de la Dokomi.
Pour rester dans la géopolitique, la bataille du soft power asiatique s'étend à Japan Expo : une zone Corée fait son apparition dans le Hall 6, avec un stand de l'agence gouvernementale coréenne pour la promotion des contenus du pays au beau milieu (KOCCA, stand N659). Pour ne pas être en reste, Taïwan a également son bureau gouvernemental sur place (TAICCA, stand A156).
Triste : les tendances malsaines qui embrouillent votre quotidien ont leur place à Japan Expo. Les intelligences artificielles génératives sont présentes, par exemple sur un jeu de cartes à collectionner (Goddess TCG, C213). Bonne nouvelle : les stands Amateur et Passion n'ont contractuellement pas le droit de s'en servir sur leurs produits. Mauvaise nouvelle : les stands de type Coup de Pouce et Professionnel y ont droit, donc les exposants riches n'ont pas les mêmes interdictions que les stands modestes ! Autre présence moisie : les scalpeurs, comme ce revendeur de cartes Pokémon qui propose à 320€ un produit qu'on trouve à 215€ (Collectoyz, C670) ; c'est parfaitement légal et il est porté aux nues par la start-up nation car il monétise jusqu'à son passe-temps, mais le petit bonhomme du passage piéton passera au rouge quand il traversera la rue jusqu'à la fin de ses jours.
Quels sont les stands sortant de l'ordinaire ?
Dans le Hall 5, entre le jardin intérieur et la scène Washoku, il y a un "Espace Merchandising", dernier vestige d'une époque où le Hall 6 n'existait pas. Je suis persuadé que c'est l'endroit dédié aux retardataires qui ont pris un stand à la dernière minute, quand les autres exposants sont déjà tous casés. Résultat kamoulox : une épicerie japonaise venue de Bordeaux (Jieyo Japon, G136) collée à un disquaire anonyme (J Music, G138, restez vigilants), du hentai (Irodori Comics, H142) partageant un îlot avec un brasseur de bière belge (Breuvages de la Chaudasse, H146), de la vaisselle coréenne (Seoul Station, H144) et des yaourts à boire (Yoplait, G144), une chaine de magasins de costumes pour Halloween (So Fête, J120) adossée à un groupe de musique japonais qui a son propre jeu Nintendo Switch (Project Rabbie, J124)... Et ce Project Rabbie, un son taillé pour être écouté au volant, enregistré avec du matériel d'époque et des musicos doués, je vous dis de leur rendre visite.
Une boite de com' japonaise ramène des bijoux fabriqués par des enfants handicapés dans une crèche spécialisée (Paris Konokono, L181).
Autres curiosités : les stands publicitaires, organisés par des agences de communication et qui n'ont rien à vendre. Outre les offices de tourisme et habituels éditeurs de jeux vidéo qui proposent des démos jouables (Sega, E653), n'espérez pas acheter des burgers Quick (A156) !
Quels sont les stands de baltringues ?
Le panier moyen du visiteur de Japan Expo 2024 fut de 196,88€, et les stands du Village Japon (Hall 5 à droite du jardin intérieur) montent souvent dans les tours : le pompon reste détenu par des arrière-plans de Masatoshi Kai en vente à Japan Expo 2023 pour la bagatelle de 24475€. Cette année, la tendance reste aux jouets d'art et goods onéreux, comme Kenelephant (stand M202) - je me demande s'ils vont apporter leur tote-bag avec intérieur en satin à 80€ !
Aussi, quand tu écris "Picachu" (Artiste Patrice Murciano, C147), "Japonnais" ou "Grandizer" (Kosmo Fusiko, N194), je doute de ta passion et t'imagine davantage attiré par mon portefeuille. Jaad (stand B206), déjà présent l'an dernier avec son Dragon Ball / Coca Cola / Ferrari à 2500€, revient l'exposer cette année ; pour une étrange raison, il n'a toujours pas trouvé preneur !
Enfin, il y a ceux qui croient dur en leur ange gardien : une figurine de Kirby vendue 300€ pompée sur la pose d'un amiibo (Artefakt Creation, H683), à 20 mètres de Nintendo (B682 et B704, pop-up store en A687) ?
Si j'ai un coup de mou, où puis-je aller pour être entouré de gens de bon goût ?
Hall 5 : Kawa Soft en K148. Hall 6 : Nekotsuki Studio en AMA121. Tous deux vendent des produits de qualité et sont les gars sûrs de la convention qui aident les vieilles dames à porter leurs sacs lourds dans les escaliers. Ne manquez pas de les saluer !
C'est quoi cette histoire de Taro-san au début de l'article ?
C'est une parabole que j'utilise pour expliquer pourquoi les stands du village Japon ne viennent généralement qu'une seule fois. Par exemple, en 2024, un fabricant de tampons disposant de la licence Junji Itô était présent, évidemment pour trouver des revendeurs européens de leurs produits. Et voilà qu'en 2025 où Junji Itô est présent, ils ne sont pas revenus !
L'article est beaucoup trop long, donc voici la morale de cette histoire : si vous voyez un produit sur un stand tenus par des Japonais : au mieux, achetez sans hésiter, et au pire, attendez le dimanche - mais n'espérez pas les revoir l'année prochaine. Et cette promesse : si vous me croisez dans les allées de la convention, demandez et je vous raconterai cette fable. Amusez-vous bien !
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